Une industrie forte qui fait rayonner le savoir-faire québécois
Sophie Chartier|Édition de la mi‑juin 202476% des entreprises du top 25 mènent des projets hors du Canada. (Photo: 123RF)
Ingénieurs: rayonner à l’étranger. En 2023, notre classement des grands de l’ingénierie faisait état d’un retour à la croissance pour les firmes d’ingénierie, après les années d’incertitude liées à la pandémie. Les résultats de 2024 laissent voir une industrie qui est parvenue à se maintenir en bonne posture : nous
retrouvons en grande partie les mêmes entreprises à des rangs similaires.
Les trois premières positions demeurent inchangées depuis l’an dernier (WSP, AtkinsRéalis,
— anciennement SNC-Lavalin — et CIMA+). Dans le top 5, notons l’arrivée de Tetra Tech,
qui ravit la place d’Englobe au 4e rang, alors que cette dernière passe en 5e position.
Stantec, en 5e place en 2023, glisse hors du palmarès de tête à la 6e position.
La suite de notre classement est à l’image de ces premières positions : en grande partie, on
retrouve les mêmes joueurs à des positions similaires. En 8e place, Hatch grimpe de deux
rangs grâce à l’embauche de plus de 200 personnes. Norda Stelo (12e place) s’élève aussi
de deux rangs. Au 23e et 24e rang respectivement, Laporte experts-conseils et Infrastructel
jouent à la chaise musicale.
Dans le vert
Les données colligées montrent que depuis les deux dernières années, presque toutes les
firmes recensées ont vu leurs effectifs augmenter. Seules les firmes Rheinmetall Canada
(20e place) et Infrastructel (24e rang) ont un taux de variation négatif de leur nombre
d’employés sur deux ans. GHD et Creaform Ingénierie ont obtenu un taux de 0 %. Les
firmes du classement employaient à elles seules, au 31 décembre 2023, plus de
22 956 personnes — ce nombre était de 22 193 en 2023.
Actives à l’international
Cette année, nous avons voulu en savoir plus sur les firmes d’ingénieurs travaillant à
l’étranger. Il apparaît qu’une vaste majorité des entreprises de notre top 25 exportent leur
savoir-faire : 76 % d’entre elles nous ont indiqué mener des projets d’ingénierie hors du
Canada. Ces projets sont difficiles à quantifier dans le cas de firmes faisant partie de
grandes sociétés internationales, comme WSP (en tête de classement une fois de plus),
Tetra Tech ou Hatch. Toutefois, il est impressionnant de constater que de nombreuses
firmes bien de chez nous, comme FNX-Innov (9e rang), Norda Stelo (en 12e place) ou encore
BBA (10 e place) font rayonner le savoir-faire québécois à travers le globe (voir texte page X).
Avec ses 112 projets recensés au cours de la dernière année, Norda Stelo attire l’attention.
La firme a effectué des mandats au Maroc, au Mexique, aux États-Unis, au Burkina Faso, à
Madagascar, en Nouvelle-Calédonie, et dans bien d’autres pays encore. Toutefois, la
stratégie internationale de l’entreprise se concentre « beaucoup en Afrique francophone »,
indique Sophie Boisvert, vice-présidente aux ressources et à l’industrie à Norda Stelo. Des
contacts plus permanents sont d’ailleurs entretenus sur l’île de Madagascar et en Nouvelle-
Calédonie. Au moment où ces lignes étaient écrites, cette dernière était en proie à une crise
politique majeure, mettant en lumière l’un des défis à affronter lorsqu’on travaille à
l’étranger : la géopolitique étrangère, précise Sophie Boisvert. « On est actuellement en
pleine gestion de crise concernant ce bureau-là. »
Selon la VP, les firmes québécoises se distinguent à l’international notamment grâce à leur
façon de marier savoir-faire et savoir-être. « On travaille un peu à l’américaine, c’est-à-dire
en valorisant beaucoup l’esprit d’équipe, avec des plans d’action efficaces et des choix, dit
Sophie Boisvert. Mais également, on a un côté un peu européen et on prend le temps de
bien expliquer les choses, de bien répartir les dossiers. On a un respect des gens locaux, et
on n’est pas là pour faire le travail à leur place. »
En 25 e position, la Division de l’ingénierie de l’entreprise technologique Creaform, basée à
Lévis, recense elle aussi un nombre élevé de projets à l’étranger pour sa taille ; une
soixantaine, répartis en France, en Angleterre, en Allemagne, au Mexique et aux États-Unis.
Philippe Cusson, VP aux services d’ingénierie, considère que la voie de la croissance passe
par l’international. Le fait que l’entreprise ait été acquise par le géant Ametek en 2013 a
contribué à cet élan.
Selon Philippe Cusson, la conjoncture postpandémique et l’hybridation du travail a permis
de faciliter un peu plus l’accès aux marchés internationaux pour les entreprises
québécoises. « La Terre est toujours plus petite, dit l’ingénieur. Ça me permet d’avoir accès
à de meilleurs talents, notamment. Pour les clients que je sers, le mode hybride est une
assez bonne chose, ça donne une rapidité qui est appréciée. »
Un fleuron en moins Le génie québécois perd un grand joueur… Au début du mois de juin, une entreprise phare de l’ingénierie québécoise, Englobe (5 e position dans notre classement), a été acquise par le géant canadien de l’investissement, de l’ingénierie et de l’immobilier Colliers. La transaction d’une valeur d’environ 650 millions de dollars a été annoncée le 4 juin. Englobe doit prendre le nom de Colliers en 2025. À l’international, l’entreprise créée en 1961 a notamment mené des projets en France et au Royaume-Uni durant la dernière année. |