Inno Agropur: mettre en place son écosystème d’innovation ouverte
Kévin Deniau|Publié le 11 septembre 2019(Photo: courtoisie)
INNOVATION. Elles s’appellent Sleep Well, Proxifrigo, Sated et Gnarley Pepper. Elles viennent de l’île de Jersey, de Saint-Boniface de Shawinigan, de Boston et de l’Iowa. Le point commun de ces jeunes pousses? Le 3 septembre, elles ont toutes été sélectionnées pour former la deuxième cohorte du programme Inno Accel d’Agropur, qui se revendique comme le premier accélérateur nord-américain spécialisé en produits laitiers.
Ainsi, Sleep Well fait un breuvage laitier pour favoriser le sommeil, Proxifrigo réinvente le concept de distribution de lait, Sated produit un lait frappé adapté à la diète cétogène et Gnarly Pepper des mélange d’épices personnalisés à mélanger avec du yogourt grec.
Une semaine par mois jusqu’au 21 novembre, les quatre start-up rejoindront le siège social d’Agropur à Saint-Hubert pour bénéficier d’un programme de mentorat et d’assistance d’une valeur de 25 000$. S’y ajoute une dotation de 15 000$ destinée à appuyer leur développement.
«Le monde dans lequel nous évoluons change très rapidement, explique Robert Coallier, chef de la direction d’Agropur. Les consommateurs ne cherchent plus des produits, mais des expériences. Nous avons donc bâti un écosystème pour nous ouvrir une fenêtre sur l’extérieur afin de voir ce qui se passe ailleurs et potentiellement de développer conjointement de nouveaux projets en accéléré.»
Une culture de l’innovation
Inno Accel n’est qu’une facette de cet écosystème d’innovation, baptisé Inno Agropur. Il regroupe entre autres Inno Challenge – un défi d’innovation ouverte lancé en 2016 –, Inno Fabrik – un processus interne de génération d’idées et de sessions annuelles d’idéation – et Inno Capital, une plateforme de co-investissement dotée d’une enveloppe de 40 millions de dollars, dont la moitié est financée par la Caisse de dépôt et placement du Québec.
«Nous avons voulu mettre en place une vraie culture de l’innovation, aussi bien à l’externe qu’à l’interne, pour que les deux soient plus forts, souligne M. Coallier. Car quand on parle d’innovation ouverte, il ne faut pas que cela soit juste ouvert sur le monde… Mais aussi sur nous à l’interne!»
Les mochis, un dessert japonais composé d’une boule de crème glacée enveloppée d’une pâte de riz, sont un exemple de l’impact de cette stratégie sur les habiletés d’innovation d’Agropur. «Un immense succès qui n’aurait pas été possible si nous n’avions pas instauré cette culture, s’enthousiasme-t-il. Nous avons créé le produit de A à Z en interne, mais nos équipes ont pu avoir une approche différente, influencée par des développements de produit que nous avons pu voir à l’externe.»
Le chef de la direction de la coopérative agricole québécoise préfère toutefois ne pas préciser le budget consacré à Inno Agropur, se contentant de parler de «sommes importantes».
La start-up montréalaise U Main, qui commercialise des kits pour fabriquer soi-même du fromage artisanal à la maison, a fait partie de la première cohorte d’Inno Accel en 2018. Elle dresse un bilan plutôt positif de l’expérience. «On était là principalement pour apprendre, pour chercher de l’expertise concernant les produits laitiers et l’entrepreneuriat, et pour bâtir un plan de développement stratégique durable, raconte sa cofondatrice, Pascale Richard. Cela a répondu à nos attentes, et nous a aussi permis d’améliorer nos recettes.»
Depuis son passage au sein d’Inno Accel, d’autres entreprises se sont d’ailleurs intéressées à U Main, indique Mme Richard. La jeunesse pousse demeure également en lien avec Agropur, même si les contours de ce «lien marketing» restent confidentiels. «On travaille sur certains projets avec des start-up, mais il est encore trop tôt pour en parler», confirme Robert Coallier. À suivre.