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Cinq clés pour favoriser l’innovation

Simon Lord|Édition de la mi‑Décembre 2022

Cinq clés pour favoriser l’innovation

L’innovation part d’en haut. Sans une implication marquée de même qu’un solide soutien de l’équipe de direction, une PME qui essaie d’innover sera vouée à l’échec. (Illustration: Camille Charbonneau))

INNOVATION. La capacité d’innover n’est pas un talent inné: il s’agit d’une aptitude nourrie et développée par des PME qui ont saisi qu’elles pouvaient elles aussi, en mettant la main à la pâte, mettre en œuvre des solutions novatrices. Conseils d’expert et d’entreprises en cinq temps pour faciliter l’innovation.

 

1. Aller au-delà de l’innovation technocentrée 

Beaucoup d’entreprises assimilent par réflexe l’innovation à la technologie. En réalité, une innovation peut toucher à la commercialisation, au marketing, aux processus de production, au modèle d’affaires et à plusieurs autres aspects d’une entreprise. 

« Il faut éviter de prioriser la technologie à tout prix quand, souvent, des innovations plus simples et moins coûteuses existent », dit Benoit M. Bédard, responsable du produit Stelar, à Norda Stelo. Il cite en exemple la fameuse histoire de l’Empire State Building : peu après son ouverture, les gens se plaignaient d’attendre trop longtemps pour les ascenseurs. Que faire ? 

Plutôt que de modifier les ascenseurs, un projet technologique complexe et coûteux, les gestionnaires ont décidé d’installer des miroirs là où les gens attendaient. Le problème n’était pas vraiment l’attente, mais l’ennui, et les miroirs ont permis de distraire les gens. Les plaintes ont vite cessé.

 

2. Rester flexible en cours de route

On dit que d’échouer de planifier équivaut à planifier son échec. Et c’est vrai. Mais de rigidement s’accrocher à son plan initial, sans égard aux imprévus, aux surprises et aux nouvelles informations qui se présentent en cours de route est une autre erreur commune et périlleuse. 

« On a beau avoir une bonne idée d’innovation, au départ, il faut aussi s’adapter à la rétroaction de nos clients qui testent notre innovation en cours de route », note Benoit M. Bédard, qui a développé l’application Stelar avant de la vendre à Norda Stelo. 

Il a d’ailleurs élargi la mission de son application, qui devait au départ détecter les fuites dans les bassins de résidus miniers, pour finalement recueillir et analyser les données relatives à une large gamme d’équipement minier. 

« Quand on fait la sourde oreille aux clients, on échappe une occasion de combler un manque ou un besoin dans le domaine, et surtout, de générer des revenus, dit-il. Des revenus qui nous permettraient de montrer une rentabilité et, à terme, d’attirer d’autres investisseurs. »

 

3. Accepter de perdre ses repères… momentanément 

Innover implique fondamentalement d’entrer en terrain inconnu. Cela suppose une certaine tolérance au risque et à l’incertitude, mais bien des PME sont inconfortables devant cette réalité, note Michel Landry, président et fondateur du cabinet expert-conseil en innovation L.Tech Solution. 

« Il faut changer de paradigme », dit-il. Une PME ne peut pas toujours calculer le rendement d’un projet innovant avant le coup parce qu’elle fait quelque chose de nouveau : elle ne pas se baser sur des données antérieures. Elle doit donc gérer le risque de façon qualitative plutôt que quantitative. 

« Beaucoup de dirigeants disent “sans données, on ne fait pas le projet”, raconte Michel Landry. Mais ce faisant, ils tuent peut-être des innovations très rentables. Il faut donc apprendre à maîtriser et à gérer cette incertitude en connaissant notre marché et en nous fiant à l’occasion à des données périphériques. »

 

4. Laisser les besoins dicter les technologies… et non l’inverse 

Les technologies numériques peuvent être avantageuses, mais elles n’ont rien de miraculeux. Sans une bonne connaissance de ses besoins et une maîtrise rigoureuse de ses processus, une PME entamant une transformation numérique risque de trébucher en chemin. 

« Dans notre cas, on a dès le début cartographié notre flux de marchandises et les étapes de la vente : prise de commande, soumission, bon d’expédition et livraison. Ça nous a aidés à déterminer ce dont on avait besoin comme outils numériques », dit Sébastien Zanella-Argant, directeur général de Boutique Point G, une pâtisserie montréalaise qui vient d’ouvrir une nouvelle usine de production à Varennes. 

« On a aussi travaillé avec un ingénieur qui a élaboré pour nous un cahier de charges, avec nos besoins, pour trouver notre nouvel ERP. [Un ERP, ou en français, un progiciel de gestion intégrée, est un type de logiciel d’entreprise permettant de gérer différentes activités telles que la comptabilité, les achats, la gestion de projets, la gestion des risques et la conformité, ainsi que les opérations de chaîne d’approvisionnement.] Ça nous a beaucoup aidés à faire un choix judicieux. Certaines compagnies nous ont carrément répondu : “Notre produit n’est pas adéquat pour vos besoins”. »

 

3. La direction doit s’impliquer 

L’innovation part d’en haut. Sans une implication marquée de même qu’un solide soutien de l’équipe de direction, une PME qui essaie d’innover sera vouée à l’échec, remarque Sébastien Zanella-Argant. 

Il conseille de montrer aux équipes que les efforts qu’elles mettent à transformer leurs façons de faire porteront également des fruits pour elles : « Par exemple, il faut faire valoir que l’automatisation d’un processus leur permettra de se décharger de noter à la main les poids des commandes de même que les numéros de lot et de référence, une tâche répétitive. » 

En même temps, les employés doivent être soutenus dans l’apprentissage des nouvelles façons de faire. « La direction a un important rôle de formation qui est crucial, dit le directeur général. Sans son soutien, c’est sûr que les choses ne marcheront pas. »