Être authentique sur les réseaux sociaux, bientôt «overrated»?
Katia Tobar|Publié le 25 février 2024Marie-France Gosselin est persuadée que les gestionnaires de médias sociaux sont les futurs leaders du milieu de la communication.(Photo: courtoisie Émilie Pelletier)
Authenticité. Si on ne doit retenir qu’un seul mot du Sommet gestion de médias sociaux organisé mercredi dernier par Les rendez-vous de la création de contenu, c’est bien celui-ci. De l’authenticité dans vos stratégies de médias sociaux, de l’authenticité pour vous démarquer dans vos publications, et même dans vos mêmes.
«Avant, les entreprises avaient un style rigide sur les réseaux sociaux, très corpo, observe Marie-France Gosselin, gestionnaire de médias sociaux (GMS), mais aussi co-fondatrice et animatrice de l’événement en entrevue avec Les Affaires. Les entreprises se demandaient « comment je peux vendre sur les réseaux ». Mais les gens voulaient de l’authenticité.»
Ce serait donc pour répondre à cette demande des clients que les entreprises ont commencé à montrer les coulisses de leurs entreprises, à mettre de l’avant leurs employés ou à parler de leurs erreurs, explique Marie-France.
Ça et TikTok!
«TikTok a éclaté tous les codes que l’on connaissait sur les réseaux sociaux», affirme-t-elle.
La gestionnaire de communauté se souvient en riant de la première fois où elle a vu une vidéo sur la plateforme de l’entreprise chinoise ByteDance, mettant en scène une femme non maquillée, «non arrangée», avec une serviette de toilette sur les cheveux. Une image bien loin des contenus léchés publiés sur Instagram avant l’arrivée du réseau social. Pour Marie-France, quelque chose venait de basculer. Après le pic de l’esthétisme parfait, nous entrions dans l’ère de l’authenticité.
«Les gens sont dans une recherche constante de la vérité, la COVID-19 a nourri ce sentiment, en plus de la volonté d’être près des gens. Et ça se reflète aujourd’hui dans la communication des entreprises.»
Mais où s’arrêtera cette ère de l’authenticité? Pour Marie-France, cette tendance en pleine montée ne tardera pas à atteindre un pic.
«À un moment donné, on va tellement vouloir être authentique, qu’on ne le sera plus.»
«Le métier le plus difficile que j’ai fait»
En organisant ce sommet qui a réuni plus de 400 personnes, Marie-France Gosselin voulait revaloriser le métier de gestionnaires de médias sociaux, perçu comme étant au bas de l’échelle, «pas assez rémunéré» et peu considéré dans les plans stratégiques.
«C’est le métier le plus difficile que j’ai fait dans le monde des communications», affirme-t-elle.
Entre l’hyperconnectivité pendant et en dehors des heures de bureau, et le fait d’être constamment soumis aux regards du public, des collègues et de ses gestionnaires, Marie-France assure qu’il existe une détresse taboue dans le métier.
C’est pour cette raison qu’elle a associé l’événement à l’organisme bec qui offre entre autres un soutien aux personnes travaillant dans le milieu de la communication et des médias, confrontées à des problématiques de santé mentale ou physique.
De directrice des comms à gestionnaire de communauté
Marie-France découvre la gestion de médias sociaux après son bac en communications, alors qu’elle occupe un poste 360 en communications dans un centre sportif.
«Ce n’est pas quelque chose que l’on voyait à l’université, il n’y avait pas de poste spécifique dédié aux médias sociaux, se souvient-elle, mais j’ai vite compris l’importance que ces plateformes allaient avoir».
Avec ce premier poste, elle s’aperçoit que les réseaux sociaux sont une voie privilégiée pour connaître à la fois ses clients et communiquer avec ses employés. Même en montant les échelons jusqu’à des postes de direction en communications, elle se garde toujours la tâche de gestion de communauté pour entretenir le lien avec ses clients. Jusqu’au moment où elle décide de lâcher les postes de direction, au risque de voir son niveau de vie diminuer.
«C’est pas là que l’action se passe, c’est dans les médias sociaux», affirme-t-elle.
Après un tour en agence où elle déchante devant les préjugés qui entourent la profession, elle se lance comme travailleuse autonome et signe plusieurs contrats qui lui permettent de retrouver le même niveau de vie qu’à la direction des coms, avec par exemple Maxi, Escalade Clip’n climb ou l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.
«Je pensais que c’était un poste important, mais c’est un poste au bas de l’échelle, peu considéré dans les aspects stratégiques. Je me suis dit, si je veux augmenter les standards de cette industrie-là et être payée à ma juste valeur, je dois me lancer à mon compte», raconte-t-elle.
Aujourd’hui, elle est persuadée que les gestionnaires de médias sociaux sont les futurs leaders du milieu de la communication. Elle organisera au printemps, en collaboration avec Alexandre Turcotte (vice-président de l’agence HEYA spécialisée sur TikTok) un nouveau rendez-vous de la création de contenu sur l’intelligence artificielle (IA), afin de rassurer et de faire découvrir des apps à l’industrie.
«L’IA, ça ne me nuit pas, ça m’aide juste à être meilleure dans ma job», conclut-elle.
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