Investir dans les projets de développement des peuples autochtones sera mutuellement avantageux. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Le A pour Autochtones constitue une formidable occasion pour les stratégies de placement ESG, que doivent considérer les gestionnaires de fonds et les institutions financières.
Notre pays, le Kanata, est maintenant engagé dans le processus de réconciliation avec les peuples autochtones. Investir dans leurs projets de développement sera mutuellement avantageux.
Depuis trop longtemps, tous les indicateurs socio-économiques tels que le niveau d’éducation, le taux de chômage, le revenu moyen par ménage et la pénurie de logements ont démontré l’important retard des Autochtones. On a trop longtemps ignoré notre triste sort, mais l’histoire sordide des pensionnats a ramené la question autochtone dans l’actualité.
Cette tranche d’histoire a mené à la création de la Commission de vérité et réconciliation et au dépôt en 2015 d’un rapport contenant 94 recommandations. Et après l’adoption par une loi fédérale de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, l’an dernier, il n’y a plus d’excuses à garder les yeux fermés. L’heure est à l’action et il existe des solutions.
Ça prend du capital
La réconciliation doit d’abord et avant tout être économique et ça requiert du capital. Selon plusieurs études, des investissements de l’ordre de 200 milliards de dollars (G$) seraient nécessaires afin de ramener le niveau de vie des autochtones à celui des Canadiens. À eux seuls, les secteurs de l’habitation et des infrastructures ont besoin de 60G$, alors que le secteur commercial en requiert quelque 90G$. De tels investissements ajouteraient 30G$ par année au produit intérieur brut, selon le Conseil national de développement économique des Autochtones.
L’accès au capital a toujours été difficile pour les Autochtones en raison principalement de la loi sur les Indiens, qui rend les biens insaisissables dans certaines circonstances, et l’éloignement des communautés des centres financiers.
La nature ayant horreur du vide, un réseau d’institutions financières autochtones (IFA) s’est organisé au cours des 40 dernières années à travers le pays, couvrant la quasi-totalité des communautés. Ses excellents résultats ont clairement démontré que le monde autochtone constitue un marché intéressant pour les investisseurs, avec un rendement et un niveau de risque attrayants.
Les IFA ont une connaissance fine de ce marché et ont su développer des produits et des mécanismes permettant de réussir dans ce monde comportant ses particularités.
Cependant, la faible capitalisation du réseau des IFA constitue son talon d’Achille, d’où les efforts récents pour créer des partenariats avec le marché financier. Le nouveau Fonds de croissance autochtone mis sur pied par l’Association nationale des sociétés autochtones de financement et la BDC constitue un parfait exemple de partenariat souhaité dans l’avenir. La mission de ce fonds de 150 millions de dollars (M$) est de fournir du financement aux entreprises par le biais du réseau des IFA. On prévoit le porter jusqu’à 500M$ en intéressant des investisseurs privés. Block, une entreprise techno de San Francisco, vient de confirmer une mise de 3M$.
La Société d’Épargne des Autochtones du Canada représente un autre bel exemple de finance sociale dans notre milieu. Elle promeut auprès des communautés l’accès à la propriété privée comme une des solutions à la crise du logement. Nous sommes associés à la Fondation McConnell, au courtier Casgrain & Cie, à la SCHL et au fédéral dans la recherche de capitaux. Nous visons à long terme un marché de 3G$.
Les gestionnaires de fonds et les institutions financières devraient s’inspirer de ces exemples pour bonifier leurs stratégies d’investissements ESG en dirigeant du capital d’impact dans les communautés autochtones, en partenariat avec le réseau des IFA. Investir dans ce créneau procure des effets sociaux positifs mesurables tout en réalisant des rendements de marché intéressants.