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Le capital constructif pour faire face aux défis des communautés

Charles Poulin|Publié le 06 juin 2022

Le capital constructif pour faire face aux défis des communautés

Marc-André Blanchard, premier vice-président et chef de CDPQ Mondial. (Photo: courtoisie)

Il faudra utiliser le capital constructif à son plein potentiel pour faire face aux défis des communautés de demain, notamment ceux de la transition énergétique.

C’est l’avis qu’ont partagé Zita Cobb, présidente-directrice générale de la Fondation Shorefast, ainsi que Marc-André Blanchard, premier vice-président et chef de Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) mondial, lors d’une conférence tenue par le Cercle Canadien de Montréal.

Le capital constructif, pour Zita Cobb, c’est le capital qui soutient le développement de choses qui ont une valeur intrinsèque, comme l’environnement ou les humains. Il doit notamment servir à développer les communautés, peu importe leur taille.

« Nous avons permis une mondialisation malavisée depuis 50 ans, soumet-elle. Maintenant, il faut remettre de l’ordre. Le capital constructif doit servir à répondre à ces questions : qu’avons-nous besoin? Qu’aimons-nous? Que nous manque-t-il? »

Zita Cobb estime que « la partie facile » a déjà été faite au Canada : pêcher les poissons, forer pour du pétrole, couper des arbres. Il faut maintenant abattre la partie plus difficile, celle où « toute économie devrait être sociale ».

Plus que le profit

Marc-André Blanchard ajoute que le profit ne peut plus être le seul critère de pérennité lorsqu’on parle de développement. Si le modèle d’investissement « tout pour l’actionnaire » a déjà été célébré, l’époque est désormais au « tout pour les parties prenantes » où il faut tenir compte des impacts des investissements à l’extérieur des entreprises.

« Nous vivons présentement une situation où nous avons plusieurs risques, la pandémie, l’inflation, la guerre, que nous avions vus individuellement, mais jamais interagir ensemble, explique-t-il. Les impacts sont importants. Si l’enjeu de 2022 est l’inflation, celui de 2023 sera la disponibilité des denrées. »

Ce ne sera pas une tâche évidente, prévient-il. La Russie et l’Ukraine produisent 30% du blé sur la planète. L’impact de la guerre place aujourd’hui 276 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Le baril de pétrole, qui oscille autour de 120$ US, est « un défi pour le monde entier », particulièrement en contexte de crise environnementale.

« Pour faire face à ces risques, il faut que le capital soit mieux aligné sur le développement durable », insiste-t-il.

Trois piliers

Pour arriver à trouver des solutions, autant les gouvernements que les communautés et le secteur privé devront être mis à contribution et, surtout, travailler de concert, affirme Zita Cobb.

« Le Canada est un pays gigantesque où l’on travaille en silo, remarque-t-elle. Nous aurons besoin que tous travaillent ensemble. Je crois que les solutions devront venir autant d’en haut que de la base. »

Marc-André Blanchard croit qu’il faudra aussi changer l’équation rendements-risques pour ce qui est des investissements nécessaires.

« Il faudra trois ou quatre fois plus d’investissements qu’actuellement pour faire face à la transition énergétique, pense-t-il. Les projets comme celui du Réseau électrique métropolitain (REM), où le financement est mixte, devront être plus utilisés pour venir à bout des défis de l’avenir. »