Historiquement, les stratégies ESG traditionnelles basées sur les scores ont dominé, mais on voit maintenant de nouveaux mandats pour les contrats à terme sur le carbone, les thèmes du changement climatique et l’activisme des actionnaires. (Photo: 123RF)
INVESTISSEMENT DURABLE. «Les FNB ESG ont connu une croissance fulgurante au Canada et aux États-Unis au cours des cinq dernières années», selon Linda Ma, analyste de recherche sur les FNB et les produits financiers chez Banque Nationale Marchés financiers. Leur nombre a explosé, passant de 62 en 2016 à 330 aujourd’hui. Leur variété aussi, créant ainsi quelques défis.
Au Canada, les actifs ont été multipliés par 32, passant de 0,3 milliard de dollars (G$) en 2016 à 9,7 G$ à la fin de mars 2022. Aux États-Unis, les chiffres absolus sont plus importants, mais l’augmentation se multiplie également par 32: de 3,3G$US à 108,7G$US.
Davantage de décisions à prendre
Nous commençons à voir de plus en plus d’argent affluer vers des mandats de niche, explique Linda Ma. Historiquement, les stratégies ESG traditionnelles basées sur les scores ont dominé, mais elle voit maintenant de nouveaux mandats pour les contrats à terme sur le carbone, les changements climatiques et l’activisme des actionnaires, tandis que «de nombreuses autres sous-catégories fleurissent aussi».
Un nombre croissant de FNB sont gérés activement, représentant environ un tiers des 129 FNB ESG que NBC suit, tandis que deux tiers suivent un indice. Toutefois, au 31 mars, les fonds gérés activement représentaient 44% des actifs totaux, tandis que les fonds indiciels en détenaient 56%.
Petite avance de la gestion active
Si la gestion active semble populaire, conduit-elle à une meilleure performance? « Sur une période de 5 ans, 33% des produits indiciels durables ont surperformé leur groupe de référence, alors que 52% des fonds durables gérés activement l’ont fait», constate Ian Tam, directeur de la recherche sur les investissements chez Morningstar Canada. À première vue, de tels chiffres favorisent la gestion active, mais «plus on remonte dans les années, plus il est difficile de le dire avec certitude, car il n’y avait pas assez de produits indiciels», précise Ian Tam.
En effet, dans une perspective à plus court terme, Ian Tam constate que sur une base d’un an, 71% des FNB indiciels passifs ont surpassé leurs pairs, contre 70% des FNB à gestion active. Cette différence n’est pas particulièrement significative. Linda Ma est du même avis: «Nous n’avons pas remarqué de différence de performance significative entre les FNB gérés activement et les FNB gérés passivement au Canada.»
Ian Tam n’exclut certainement pas la pertinence de la gestion active. «Si un investisseur recherche un thème spécialisé, comme la gestion de l’eau ou les technologies propres, je dirais que la gestion active pourrait donner plus de valeur. Cependant, un FNB ESG largement basé sur le S&P 500 et les grandes capitalisations pourrait probablement offrir une meilleure solution d’ensemble.»
Attention à l’orientation
Linda Ma observe que de nombreux autres facteurs, outre la gestion active/passive, font la différence lors de la sélection d’un fonds; la méthode de notation ESG, les exclusions d’activités, les méthodologies de sélection et le pouvoir discrétionnaire des gestionnaires sont autant de facteurs à prendre en compte. «Aucun de ces facteurs n’est “bon” ou “mauvais” dans l’absolu , souligne-t-elle. Le meilleur FNB ESG est celui qui répond aux besoins de l’investisseur et communique de manière transparente la façon dont il aligne ses prises de décision.»
L’orientation sectorielle s’est avérée un facteur déterminant, comme le démontre la performance récente du secteur de l’énergie. La majorité des FNB ESG d’actions canadiennes (12 sur 14) ont sous-performé le FNB iShares S&P/TSX Composite index (XIC) au premier trimestre de 2022, qui n’a rapporté que 3,8 %, même s’il a une exposition de 13 % à l’énergie, observe Linda Ma. En comparaison, le FNB iShares S&P/TSX Capped Energy Index (XEG) a enregistré un rendement de 37,2%.
Mais la sous-performance n’est pas uniquement liée au pétrole et au gaz. «Ajoutant à la faiblesse des FNB ESG, de façon générale, les FNB ESG d’actions canadiennes surpondèrent le secteur financier, qui a moins bien fait que le XIC au premier trimestre», note Linda Ma.
«Le dernier développement constitue un renversement d’une tendance plus longue depuis l’effondrement du prix du pétrole en 2014», poursuit l’analyste. Les titres technologiques ont bénéficié d’un boom pluriannuel, tandis que les valeurs énergétiques ont stagné et que les FNB ESG ont été stimulés par leurs orientations sectorielles, note-t-elle. «La dynamique de performance pourrait s’inverser à nouveau pour favoriser les FNB ESG à l’avenir, si les conditions sont favorables.»
Par Yan Barcelo