(Photo: Nicolas Arnold pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. C’est au mois de mars 2020 que les premières politiques de distanciation et de restriction des rassemblements ont été imposées. Ces mesures sanitaires ont eu un impact durable sur l’industrie québécoise des arts et spectacles, composée à 89% d’organismes à but non lucratif.
Dès le début de la pandémie, une question de taille s’est posée: comment adapter son offre de service à une réalité qui ne permet aucune présence physique?
La solution trouvée fut d’accélérer le processus de numérisation pour offrir au public des expériences virtuelles interactives, comme des spectacles diffusés en direct ou des visites numériques d’expositions d’art.
Maintenant, le monde du divertissement est en grande réflexion sur son identité et se demande jusqu’où ira cette transformation numérique.
Pour beaucoup, l’avenir, c’est le métavers.
Qu’est-ce le métavers?
Meta (anciennement Facebook) est une compagnie qui a fait du métavers son cheval de bataille. Pour Garrick Tiplady, son directeur national pour le Canada, le futur c’est maintenant ; le métavers est en train de prendre ses formes.
« Pour Meta, le métavers est la prochaine évolution des technologies sociales et le successeur de l’internet mobile, nous a-t-il affirmé. La technologie nous a permis d’écrire, puis de parler et maintenant de nous voir. Le métavers sera l’étape suivante : nous aurons l’impression de partager un espace ensemble. »
Il décrit le métavers comme « un ensemble d’espaces numériques, y compris des expériences immersives en 3D, qui sont tous interconnectés afin que vous puissiez facilement vous déplacer entre eux. Il vous permet de faire des choses que vous ne pourriez pas faire dans le monde physique avec des personnes avec lesquelles vous ne pouvez pas être physiquement. »
Les dernières évolutions technologiques ont complètement changé nos sociétés. Il est donc raisonnable de s’attendre à ce que le métavers bouscule le monde à son tour.
Lorsqu’interrogé sur la place que prendra le métavers, Garrick Tiplady répond: « Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais au fil du temps, le métavers ouvrira de nouvelles possibilités aux personnes et aux communautés. Même si les entreprises du métavers sont encore loin d’exister, l’internet mobile a montré que lorsque nous uniformisons les règles du jeu, les occasions économiques augmentent pour tout le monde. Aujourd’hui, chaque entrepreneur dispose exactement des mêmes outils qu’une grande marque.»
« Les 10 dernières années ont permis de personnaliser les expériences d’une nouvelle manière, de répondre aux attentes croissantes des gens quant à la manière dont ils souhaitent s’engager avec les entreprises, poursuit-il. Nous pensons que le métavers permettra d’aller encore plus loin. Sans les limites physiques qui existent aujourd’hui et qui pèsent sur les résultats d’une entreprise (telles que l’immobilier, les fournitures et la portée géographique), le métavers offrira aux entreprises, aux créateurs et aux développeurs davantage de possibilités de gagner de l’argent. »
Le divertissement: une porte d’entrée au métavers
Parmi les organisations québécoises de l’industrie des arts et spectacles qui s’engagent activement à faire leur place dans le métavers, on compte Les 7 Doigts de la main, un collectif de créateurs basé à Montréal.
Alexandre Téodoresco, son directeur du développement stratégique et de l’innovation, est très enthousiaste pour le futur: «Le métavers représente une occasion unique pour les entreprises culturelles et créatives du Québec de se positionner sur un marché en forte croissance qui transforme les codes et les façons de créer et de se divertir, nous dit-il. Le métavers permet de faire vivre des expériences immersives à une audience qui semble être sans limites.»
Il donne l’exemple du concert que le rappeur Travis Scott a tenu devant plus de 10 millions de spectateurs dans l’univers de Fortnite. Avant d’ajouter que «toutes les disciplines artistiques peuvent s’adapter au métavers, du théâtre, à la musique en passant par l’art visuel et la danse».
À l’heure actuelle, Les 7 Doigts de la main se posent beaucoup de questions à propos de ses futurs spectacles dans le métavers. « Comment les spectateurs vont-ils accéder à nos expériences ? Comment faire pour raconter une histoire quand il n’y a pas de scène ou de cadre pour diriger le regard? Comment créer un sentiment de suspense quand les spectateurs sont habitués à voir des personnages fantastiques réaliser des prouesses impossibles dans leurs jeux vidéo ? », illustre Alexandre Téodoresco.
Peu importe les défis à surmonter, il croit qu’il est vital pour le Québec d’être représenté dans l’avenir qui s’écrit. «En fait en tant qu’industrie créative québécoise il est de notre devoir d’explorer le potentiel qu’offre le métavers. Il en va de notre souveraineté culturelle, estime-t-il. Si nous ne nous soucions pas du nouveau langage artistique qui se dessine sous nos yeux, le danger est que les codes nous soient imposés de l’étranger.»