Le contenu d’un rapport ESG est assez hétérogène, c’est-à-dire qu’il peut être composé de plusieurs éléments. (Photo: 123RF)
INVESTISSEMENT RESPONSABLE. « Ce rapport, c’est pratiquement de la reddition de comptes, explique Rosalie Vendette. On examine aujourd’hui de l’information autrefois perçue comme marginale, mais qui est devenue centrale pour les entreprises. » Ce n’est pas pour rien, selon elle, qu’on entend de plus en plus dire que le chef du développement durable est en fait le chef des finances. « De plus en plus, les fonctions sont interreliées », dit-elle.
La performance des entreprises en matière d’ESG est directement liée à l’intérêt grandissant des parties prenantes pour cette information, mentionne Marie-Josée Privyk. Qui sont ces parties prenantes ? Ce sont évidemment les détenteurs de capital — les investisseurs — et les clients. Plus largement, selon la directrice de l’innovation ESG à Novisto, ce sont aussi les consommateurs, les grands donneurs d’ordres (les entreprises qui cherchent à responsabiliser leur chaîne d’approvisionnement), les employés et les gouvernements qui mettent de plus en plus de conditions de reddition de comptes ESG dans leurs contrats.
«Ils veulent savoir ce qui se passe pour prendre des décisions qui vont influer sur l’entreprise dans sa capacité de conduire ses affaires, d’être rentable, prospère, et ce, dans une perspective à long terme.»
Le contenu d’un rapport ESG est assez hétérogène, c’est-à-dire qu’il peut être composé de plusieurs éléments, reconnaît Marie-Josée Privyk. C’est là un défi du point de vue de la normalisation. Elle est d’avis que le terme ESG en soi peut porter à confusion. « Oui, c’est assez fourre-tout et ça peut-être mêlant, parce qu’il y a plusieurs normes et référentiels, parce que ce n’est pas comparable, parce que c’est volontaire et que les entreprises ne savent pas toujours par quel bout prendre ça. »
« Normalement, on découvre [dans le rapport] comment l’entreprise articule son approche par rapport aux enjeux ESG qui sont les siens. » Elle précise que tous les critères ne sont pas opportuns dans la conduite des affaires d’une entreprise donnée. D’où l’importance d’une analyse de pertinence. « L’entreprise doit se poser la question : “Quels enjeux ESG vont avoir une influence sur ma capacité de générer des revenus, sur mes coûts, mon profil de risque, ma licence sociale, mon capital réputation, etc. ?” »
Une fois qu’elle a cerné ces enjeux, l’entreprise doit être capable d’expliquer comment elle les gère et les résout. « Elle peut, par exemple, donner une explication qualitative et indiquer qu’elle a mis sur pied tel ou tel programme, qu’elle a une nouvelle politique, qu’elle a donné une formation, etc. » Idéalement, poursuit Marie-Josée Privyk, l’entreprise a des indicateurs quantitatifs qui lui permettent de mesurer sa performance et le travail réalisé. Elle mentionne d’ailleurs la qualité du travail effectué par une entreprise comme Cascades, qui fait de la reddition de comptes en développement durable depuis très longtemps. « Elle quantifie sa performance et se donne des plans pluriannuels avec des objectifs très clairs. C’est ce vers quoi les entreprises doivent tendre. »
Une chose importante, souligne Marie-Josée Privyk, et à laquelle un lecteur doit être attentif, c’est d’équilibrer l’information. Les entreprises devraient éviter l’utilisation de phrases creuses ou génériques, que l’on appelle dans le jargon les boilerplate statements. « Plus l’information est générale et avec beaucoup d’images, plus le rapport tend à être superficiel », renchérit Rosalie Vendette.