«Le sponsor met sa réputation en jeu en amenant son poulain dans certaines réunions, en lui présentant des gens haut placés et en tentant de lui faire obtenir de nouvelles responsabilités», dit Françoise E. Lyon. (Photo: courtoisie)
MENTORAT, PARRAINAGE ET COACHING. Au Québec, le parrainage est un terme fourre-tout qui regroupe plusieurs formes de soutien professionnel. Toutes partagent un même objectif : faciliter l’ascension de la personne épaulée.
La signification du mot parrainage varie d’un interlocuteur à l’autre. Certains le confondent avec le mentorat, alors que pour d’autres, il désigne la volonté d’une personne expérimentée d’accélérer la progression de la carrière d’une plus jeune. « C’est un cas où le mot anglais, sponsoring, définit mieux ce concept », estime Françoise E. Lyon, présidente de l’Association des femmes en finances du Québec (AFFQ), ainsi que présidente et associée directrice de DGC Capital. « C’est véritablement la promotion et la mise en marché de quelqu’un, donc ça s’approche davantage de la commandite sportive, mais sans la notion d’argent. » Le tout se fait bien souvent de manière informelle, que ce soit à l’intérieur d’une entreprise ou d’un secteur d’activité.
Justement, l’une des suggestions que faisait PwC ce printemps dans un rapport visant à donner aux entreprises technologiques des outils destinés à faciliter l’ascension professionnelle des femmes dans les domaines innovants est de « pousser le mentorat plus loin, vers le parrainage [sponsoring] ». PwC fait valoir qu’« alors que les mentors peuvent offrir du soutien et des conseils ad hoc, les parrains peuvent plaider activement en faveur de leurs parrainés et les aider à atteindre leurs buts de façon quantifiable ».
Cette pratique comporte une part de risque. « Le sponsor met sa réputation en jeu en amenant son poulain dans certaines réunions, en lui présentant des gens haut placés et en tentant de lui faire obtenir de nouvelles responsabilités, fait remarquer Mme Lyon. Si ça ne se passe pas bien, cela va retomber sur lui. »
Chercher à faire élire une plus grande proportion d’une certaine catégorie de personnes dans des conseils d’administration peut aussi être vu comme du parrainage. Le Réseau des Femmes d’affaires du Québec et l’AFFQ ont ainsi mis sur pied des banques de candidates intéressées et aptes à siéger à divers CA. Les deux incitent les organismes publics et privés à y piger quand un poste se libère. « Les membres qui s’en occupent ne connaissent pas toutes les candidates personnellement, mais nous mettons la crédibilité de l’AFFQ derrière chacune, précise sa présidente. Environ 350 femmes ont donné leur nom, et chaque année, le comité en place entre 10 et 35. »
Tirer profit du potentiel en interne
Le parrainage peut également signifier l’accompagnement personnalisé d’un employé afin de faciliter son ascension au sein de l’entreprise. C’est ce que fait le Groupe Atwill-Morin depuis une décennie. « Nous n’arrivions pas à recruter assez de gestionnaires pour répondre à la demande du marché, donc nous avons créé un système de parrainage entre des contremaîtres d’expérience et des jeunes qui ont un bon potentiel. Nous le faisons aussi pour les chargés de projets dans les bureaux », explique Matthew Atwill-Morin, président de cet ensemble d’entreprises spécialisées dans la restauration d’éléments architecturaux et structuraux.
C’est grâce à un programme structuré que les travailleurs prometteurs sont sélectionnés, puis jumelés, et ce, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à prendre officiellement davantage de responsabilités. « Nous essayons de mettre des gens complémentaires ensemble, et nous nous assurons qu’ils se suivent d’un chantier à l’autre », précise M. Atwill-Morin, qui estime qu’entre 50 et 100 personnes en ont bénéficié à ce jour.
« En 10 ans, le Groupe Atwill-Morin est passé d’une cinquantaine d’employés à plus de 700, donc sans un véritable programme de redistribution des connaissances [qui comprend aussi une école de formation et du coaching externe], je ne pense pas que ça aurait été possible », admet son président.