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MENTORAT, PARRAINAGE ET COACHING. Les programmes pour entrepreneurs se multiplient. Est-ce que cela signifie qu’un entrepreneur doit obligatoirement avoir un mentor? Non, assurent la douzaine d’experts interrogés pour ce dossier, mais il doit savoir s’entourer.
Le président sortant du conseil d’administration de Mentorat Québec, Yvon Chouinard, est le seul à nous avoir affirmé que le mentorat est un passage obligé en entrepreneuriat. « J’ai travaillé à l'[accélérateur technologique] Centech avec des jeunes qui ont des idées formidables, mais qui sont totalement concentrés sur leur produit ou leur service ; dès leur début, ça leur prendrait des mentors pour élargir leurs horizons et leur apprendre à être des entrepreneurs », avance le consultant en mentorat et coach exécutif.
À l’inverse, le directeur général de la Fondation de l’entrepreneurship, Pierre Duhamel, « n’aurai[t] jamais la prétention de dire que le mentorat est obligatoire », même s’il « permet d’éviter bien des erreurs ». L’essentiel est selon lui de se trouver une oreille attentive et patiente qui comprend sa réalité sans en faire directement partie. « Beaucoup d’entrepreneurs sont issus d’une famille déjà en affaires, donc ça discute business le dimanche soir à la table familiale », illustre-t-il.
« Il y a aussi plusieurs entrepreneurs qui ont des modèles et qui entretiennent des amitiés avec des personnes qui les inspirent, sauf que ces gens-là ne savent même pas qu’on leur attribue l’étiquette de mentor », ajoute Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
Martin Vallée, vice-président opérations pour le Québec chez Proaction International, estime quant à lui que bien qu’ils ne soient pas obligatoires, le mentorat comme le coaching d’affaires rendent le chemin de la réussite « plus paisible ». « Il y a des entrepreneurs solitaires qui ont réussi à la deuxième ou troisième tentative. Mais ceux qui ont choisi de faire appel à un regard externe me paraissent avoir plus de patience et un meilleur pas de recul, ce qui les rend mieux outillés. »
Un entrepreneur anti-mentorat ? Connais pas !
Les Affaires a tenté de dénicher un entrepreneur qui se serait déjà prononcé publiquement contre le mentorat ou le coaching. Sauf qu’aucun des spécialistes n’en connaît.
« Des gens qui sont contre le concept, non, mais des gens qui n’osent pas y avoir recours, ça oui, nuance M. Vallée. Certains n’y recourent pas pour des questions d’ego. »
D’autres s’en méfient, car « même s’ils en comprennent la pertinence, ils ont déjà eu un coach ou un mentor avec qui le déclic ne s’est pas fait, ou alors les résultats n’ont pas été aussi importants qu’espérés », note Mme Poirier.
Finalement, bon nombre ont reçu de l’accompagnement et du soutien de manière tellement informelle qu’ils ne s’en sont même pas rendu compte ! « Si une personne a ce qu’il faut pour réussir en affaires, elle va finir par côtoyer des gens qui vont la nourrir et qu’elle va nourrir, et ce partage va l’amener ailleurs, sans qu’une étiquette formelle ne soit mise sur la relation, assure Caroline Phaneuf, consultante senior du cabinet-conseil Analys. Mais est-ce qu’un entrepreneur peut vraiment réussir une carrière exceptionnelle seul dans son bureau ? Je ne crois pas. »