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Warren Buffett donne un nouvel indice sur sa succession

AFP|Publié le 06 mai 2019

Warren Buffett donne un nouvel indice sur sa succession

Warren Buffett et Charlie Munger, durant l'assemble annuelle des actionnaires 2019 de Berkshire Hathaway. (Photo: Getty Images)

Le milliardaire américain Warren Buffett, 88 ans, a donné samedi un nouvel indice sur l’identité de son possible successeur à la tête de son empire Berkshire Hathaway, sans pour autant dévoiler complètement sa main. 

La troisième fortune mondiale a également indiqué que le récent investissement de l’entreprise dans Amazon n’était pas un changement de stratégie envers la Silicon Valley, dont elle est restée longtemps éloignée à l’exception d’une participation évaluée à 40 milliards de dollars dans Apple.

Pressé de questions sur sa succession, accueillies chaque fois par un torrent d’applaudissements lors de la traditionnelle assemblée générale des actionnaires dans sa ville natale d’Omaha (centre), Warren Buffett n’y a pas répondu directement.

Il a toutefois déclaré que Gregory Abel, 57 ans, et Ajit Jain, 67 ans, tous deux promus en janvier 2018 membres du conseil d’administration, allaient, sans doute, dans un avenir proche les rejoindre lui et Charlie Munger, 95 ans, son complice et partenaire d’affaires de longue date, sur scène pour faire face aux questions des actionnaires.

«On ne peut avoir meilleurs managers des opérations que Greg et Ajit. Ce qu’ils ont accompli est remarquable», a ajouté «l’Oracle d’Omaha».

Patience

Depuis des décennies, MM. Buffett et Munger ont toujours été les seules vedettes de l’AG de Berkshire Hathaway, véritable vénération des deux «légendes». 

Samedi, Ajit Jain a même répondu à une question d’un actionnaire, mais du parterre. 

Gregory Abel et Ajit Jain ne sont pas des inconnus.

Le premier a rejoint l’entreprise en 1992 au sein de sa division énergie et chapeaute depuis plus d’un an toutes les activités ne relevant pas de l’assurance. 

Ajit Jain a pour sa part intégré Berkshire en 1986 au sein de la division assurances qu’il dirige actuellement.

Mais qui l’emportera? Ou serait-ce une direction bicéphale?

«Une des raisons pour lesquelles nous avons des difficultés à répondre à ces questions, c’est que Berkshire est différent», a répondu Charlie Munger. «Nous avons une manière non-bureaucratique de prendre des décisions (…) donc malheureusement il va encore falloir patienter», a ajouté le nonagénaire. 

Le grand âge de M. Buffett suscite de nombreuses interrogations sur son successeur, d’autant que l’action évolue en Bourse 10% à 15% au-dessus de sa valeur réelle en raison de la présence du milliardaire.

Son départ est susceptible d’ouvrir une nouvelle ère, certains experts craignant même que des financiers s’en mêlent et réclament un dépècement de Berkshire Hathaway en plusieurs entités.

Rapprochement avec la Silicon Valley

Samedi, MM. Buffett et Munger ont également fait face à un assaut de questions sur la stratégie vis-à-vis des entreprises technologiques après le dévoilement d’une participation dans Amazon

S’ils ont répété que Jeff Bezos avait fait «quasiment un miracle» en transformant le libraire en ligne en géant mondial du commerce en ligne, il n’était pas question pour l’instant de virage stratégique. 

M. Munger a toutefois reconnu qu’ils se sentaient «honteux» d’être absents du capital de Google.

«Nous avons merdé», a-t-il déclaré, sans dire si Berkshire Hathaway comptait se rattraper en investissant dans le géant de l’internet.

Berkshire Hathaway a annoncé samedi avoir dégagé un bénéfice net de 21,66 milliards de dollars. Ce gros profit ne prend pas en compte les pertes anticipées de sa participation dans les Ketchup Heinz, dont la maison mère, Kraft Heinz, a déprécié récemment de nombreux actifs évalués en milliards de dollars. 

Hormis les participations dans des entreprises comme American Express, Apple, JPMorgan Chase ou Goldman Sachs, Berkshire Hathaway est présente dans l’assurance (Geico), le ferroviaire (BNSF) et l’énergie (PacifiCorp). 

Warren Buffett a ouvert l’assemblée générale par un bain de foule dans les allées du centre d’expositions où se tenait cette grand-messe à laquelle assistaient grands patrons, investisseurs et millionnaires venus du monde entier. Cette année, de nombreuses délégations chinoises ont fait le déplacement. 

Costume gris sur une chemise blanche et cravate rouge à pois, M. Buffett a joué volontiers la mascotte pour les produits vendus par les sociétés dont il est actionnaire – canettes de Coca-Cola par exemple. 

Pour l’approcher, les 20 000 personnes ayant réussi à obtenir le sésame donnant accès au site ont dû faire la queue à partir de 5H00 du matin. 

L’assemblée générale de Berkshire Hathaway s’est transformée au fil des années en «Woodstock des capitalistes», selon l’expression favorite des «festivaliers», drainant le Who’s Who des milieux d’affaires américains.

Outre les visages connus comme le milliardaire Bill Gates, ami et partenaire de bridge de M. Buffett, de nombreux dirigeants d’entreprise y viennent comme pour quêter l’assentiment d’un des rares milliardaires populaires, au moment où les inégalités sociales contribuent au rejet des élites.