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Annie Larouche: «Je le prends comme une victoire pour les femmes»

Dominique Talbot|Publié le 28 septembre 2023

Annie Larouche: «Je le prends comme une victoire pour les femmes»

Objectif numéro un d'Annie Larouche, président de l'Alliance de Montréal: s’assurer de la survie de l’équipe, qui débutera en mai prochain sa troisième saison. (Photo: Alliance Montréal)

LEADERSHIP FÉMININ DANS LE SPORT. Quand on lui a proposé le poste de vice-présidente aux opérations de l’Alliance de Montréal en 2021, Annie Larouche a bien pris soin d’examiner le modèle d’affaires de la future équipe professionnelle de basketball.

«Je voulais savoir dans qui je m’embarquais. J’ai réfléchi 20 minutes et j’ai sauté sur l’occasion.» Officieusement, elle acceptait la présidence de l’équipe, un poste qui n’existait pas encore. Mais ce n’est qu’au mois d’août dernier qu’elle en est devenue officiellement présidente.

«Mes tâches ne changent pas vraiment, mais j’ai plus de latitude. C’est une belle marque de confiance», dit-elle humblement en entrevue avec Les Affaires.

Mais dans les faits, cette nomination a fait d’elle la première femme d’une équipe montréalaise de sport professionnel à se retrouver seule au sommet de la hiérarchie.

«Je le prends comme une victoire pour les femmes», ajoute-t-elle, sans vouloir  jouer la carte des femmes contre les hommes».

«C’est un travail d’équipe qui se fait. Les mentalités changent. Quand j’étais plus jeune, ce n’était pas accessible. Le modèle le plus près que je pouvais avoir quand j’étais petite était la mère d’un ami qui travaillait à la billetterie du Stade olympique.»

Maintenant bien installée dans le siège de la conductrice, les défis sont énormes pour la gestionnaire qui cumulent près de 30 années d’expérience dans l’écosystème sportif montréalais, dont 25 avec les Alouettes.

Objectif numéro un: s’assurer de la survie de l’équipe, qui débutera en mai prochain sa troisième saison. Mine de rien, jamais aucune équipe montréalaise de basketball n’avait soufflé plus de deux chandelles. 

«L’idée est d’assurer la pérennité. Qu’on implante une base solide pour que ça perdure. On est fier de cette troisième année, mais on en veut trois autres. L’idée n’est pas de survivre le plus longtemps possible, c’est d’implanter quelque chose de solide. Mais on part de 0», avoue-t-elle.

N’est-ce pas un peu comme une start-up sportive? «Absolument. Honnêtement, c’est ce qui est venu me chercher. En 1996, je faisais partie du groupe qui a ramené les Alouettes», a-t-elle rappelé. 

Et cette survie passe évidemment par la capacité de l’équipe d’attirer des spectateurs à l’Auditorium de Verdun, où l’équipe joue ses 10 matchs à domicile. Rappelons que la saison de la Ligue élite canadienne de basketball compte 20 parties et se déroule des mois de mai à août.

En 2022, l’équipe a réussi à vendre près de 650 abonnements. Ce chiffre est passé à 1100 en 2023. La moyenne de partisans présents aux matchs, elle, n’a pas changé. Elle s’établit à 2950.

«On a donc réussi à fidéliser nos partisans. Ça veut dire que des gens qui sont venus assister à un match ont assez aimé ça pour acheter des billets de saison», analyse Annie Larouche, qui mise énormément sur l’expérience d’un match de basket professionnel avec sa proximité de l’action et le rythme des rencontres.

Et au moment d’écrire ces lignes, les ventes pour la saison 2024 s’annoncent encore meilleures, dit la présidente de l’équipe, alors que les chiffres de l’année dernière sont déjà atteints. 

Les partenariats et les produits dérivés sont respectivement les deuxième et troisième sources de revenus. 

« [Nos partenaires] sont très intéressés par l’Alliance parce que c’est nouveau, parce que nous nous adressons à un public plus jeune, plus accessible et plus diversifié », souligne la dirigeante.

 

Sortir dans la rue

Même si l’équipe fait pratiquement ses frais, la marge de manœuvre pour se faire connaître demeure faible. Surtout avec un budget total d’opération de trois millions. À titre de comparaisons, 11 joueurs réguliers du Canadien gagneront plus d’argent cette saison.

C’est pourquoi il est essentiel pour Annie Larouche que l’Alliance sorte des murs de son amphithéâtre et aille à la rencontre d’un public à conquérir.

«Le cœur du basket est partout, mais il manque d’amour», dit-elle. «L’intérêt, l’engouement, tout est là. Ça permet de faire rêver les jeunes. L’équipement de hockey, de football, ça coûte cher. Ce n’est pas vrai que c’est accessible à tout le monde. Un terrain de basket, oui.»

Pour toucher le cœur de tous ces partisans potentiels, l’équipe ne dispose pas d’assez de moyens pour construire des terrains partout dans la métropole. Mais remplacer des filets (trop souvent brisés), oui. C’est l’une des idées qu’a eues la gestionnaire pour descendre dans la rue.

«Avec les arrondissements, nous avons proposé de remplacer tous les filets extérieurs. Et d’en faire un événement. Avec des joueurs, un DJ, des organismes locaux. Le message que l’on veut envoyer, c’est de dire aux jeunes qu’il y a un terrain de basket à côté de chez eux. Qu’ils viennent le voir.» 

Et pourquoi pas profiter d’une résolution adoptée il y a un an par le conseil municipal pour souligner l’importance du basketball dans la métropole?

«Il y a des indications pour les arénas. Mais est-ce qu’il y a des indications pour dire aux jeunes où se trouve le terrain de basket ?, demande Annie Larouche. Non.» 

«On veut dire aux jeunes qu’il y a des terrains de basket et qu’ils peuvent y aller. Ça prend juste un ballon.»

 

 

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