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Rester soi-même dans un monde d’hommes

Dominique Talbot|Publié le 19 septembre 2023

Rester soi-même dans un monde d’hommes

Chantal Machabée est devenue vice-présidente aux communications du Canadien en janvier 2022. (Photo: courtoisie)

LEADERSHIP FÉMININ DANS LE SPORT (1er sur 3). Il en a fallu de la détermination, à Chantal Machabée, pour faire sa place. 

«Ça en a pris beaucoup pour percer dans ce milieu, dans un monde d’hommes. Ça prend une grande passion pour son sport», dit la grande dame du hockey. «Des embûches, il y en a eu beaucoup. Aujourd’hui, il y a eu une prise de conscience et les femmes ont prouvé qu’elles avaient leur place dans le monde du sport. Mais ç’a pris beaucoup de détermination pour en arriver là.»

Après plus de 32 ans comme journaliste sportive sur les ondes de RDS, Chantal Machabée est devenue viceprésidente aux communications de l’équipe, en janvier 2022. Un milieu qui, historiquement, ne s’est pas fait connaître par la place qu’il accordait aux femmes dans ses opérations quotidiennes.

En plus de la détermination, l’authenticité est un ingrédient essentiel selon elle. «Ce n’est pas parce que tu es dans un milieu d’hommes que tu dois agir comme un homme. Tu dois garder ton côté féminin, les avantages que ça te procure. Servons-nous de ce qui nous démarque, nous, les femmes, pour aider à apporter quelque chose dans ce rôle de leader», poursuit-elle.

Au passage, Chantal Machabée tient d’ailleurs à citer d’autres leaders féminines qui, comme elle, en auraient long à dire sur le sujet. «Je pense à Marie-Philip Poulin, avec ses médailles olympiques, ses championnats du monde, et qui, aujourd’hui, vient aider les joueurs masculins dans leur développement. Je pense à Hayley Wickenheiser, directrice générale adjointe des Maple Leafs de Toronto, à Catherine Raîche, maintenant directrice générale adjointe des Browns de Cleveland dans la NFL. Ça prend une certaine humilité aussi, car nous sommes dans une période où partout, nous brisons des plafonds de verre.»

 

Un leadership bienveillant

Pour quiconque s’intéresse à la notion de leadership, une question revient inévitablement : est-ce inné ou est-ce que cela s’apprend ? « Ça s’apprend », répond sans hésiter Chantal Machabée. « C’est certain qu’il y a des athlètes qui l’ont déjà. Mais les vrai.es leaders, à mon avis, apprennent à le devenir. C’est par l’expérience, les hauts et les bas, comment tu réagis face aux embûches. De la façon que tu les contournes. C’est aussi en observant tes collègues, tes coéquipières, tes coéquipiers. En voulant aider, en voulant t’améliorer. Ça prend du temps pour exercer un certain leadership», analyse-t-elle.

Dans tous les cas, il faut «être consciente de ses compétences et consciente de ce qu’il y a à apprendre». Et puis foncer.

Pour la vice-présidente aux communications du Canadien, une chose est certaine: les leaders d’aujourd’hui et de demain doivent s’ancrer dans leur époque et oublier certains attributs du leadership autrefois associés à une autorité qui ne se souciait pas assez de la condition des autres.

«On est en 2023. On ne peut plus faire ça. Surtout avec la nouvelle génération. C’est une génération à qui tu dois expliquer des choses, qui va te poser des questions. À mon époque, l’autorité était l’autorité suprême. Tu suivais et tu ne posais pas de questions. Fallait entrer dans le rang.»

« Aujourd’hui, il faut faire preuve de bienveillance pour devenir un grand leader. Ceux qui n’en font pas preuve ne restent pas là très longtemps. »

 

Ce texte a initialement été publié dans l’édition du journal Les Affaires du 12 avril 2023.