CA: des efforts recommandés pour la représentation autochtone
La Presse Canadienne|Publié le 12 juin 2023«Si nous continuons à nous en tenir aux curriculum vitae, nous serons limités dans la manière dont nous pouvons réellement avoir des femmes et des personnes autochtones talentueuses et incroyablement intelligentes au sein des conseils d’administration.» (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la représentation des autochtones dans les conseils d’administration des entreprises et dans le monde des affaires, selon un groupe de femmes autochtones actives dans le monde des affaires.
«Il y a tellement de personnes autochtones très talentueuses et compétentes dans ce pays qui pourraient occuper ces sièges dans les conseils d’administration, mais nous devons nous assurer que nous regardons en dehors des critères que nous avons toujours considérés», a fait valoir la présidente et cheffe de la direction du Conseil canadien pour l’entreprise autochtone (CCEA), Tabatha Bull.
Les conseils d’administration des entreprises devraient élargir leurs critères lorsqu’ils recherchent de nouveaux membres, a souligné Mme Bull, car les autochtones sont souvent exclus parce qu’ils n’ont pas d’expérience en matière de gestion de haut niveau, par exemple.
L’un des critères habituels pour les postes au sein des conseils d’administration est l’expérience dans des postes de direction générale, a précisé Mme Bull.
«Nous savons qu’il existe un obstacle à la présence d’autochtones dans la hiérarchie des cadres supérieurs», a noté Mme Bull.
En s’en tenant à ce type de critères, les conseils d’administration risquent de passer à côté de tout un groupe de personnes, a-t-elle ajouté.
«Si nous continuons à nous en tenir aux curriculum vitae, nous serons limités dans la manière dont nous pouvons réellement avoir des femmes et des personnes autochtones talentueuses et incroyablement intelligentes au sein des conseils d’administration.»
Mme Bull s’exprimait lors d’une table ronde virtuelle organisée par l’Empire Club of Canada, aux côtés de Jenn Harper, fondatrice et cheffe de la direction de Cheekbone Beauty Cosmetics et de Tammy Brown, responsable nationale des marchés industriels chez KPMG au Canada.
Mme Brown a déclaré que les conseils d’administration devraient réfléchir aux résultats qu’ils attendent des nouvelles nominations plutôt qu’aux critères traditionnels sur lesquels ils s’appuient, et considérer les capacités des candidats potentiels au-delà de leur curriculum vitae.
«Nous nous tournerions vers des recruteurs qui ont la capacité de rassembler un groupe diversifié et pas seulement vers les recruteurs traditionnels», a-t-elle affirmé.
La modératrice Caitlin Tolley, conseillère juridique à la division de la justice autochtone du ministère du Procureur général de l’Ontario, a souligné que bon nombre des difficultés auxquelles les femmes du panel ont été confrontées au début de leur carrière existent encore aujourd’hui.
«Les femmes autochtones doivent encore travailler plus dur pour être vues», a-t-elle estimé.
Mme Harper a déclaré qu’elle se sentait chanceuse d’avoir reçu un financement pour sa société en démarrage, dont les produits sont maintenant vendus dans 52 magasins Sephora à travers le Canada et dans plus de 600 magasins JCPenney aux États-Unis.
Selon elle, une infime partie du capital-risque est destiné aux femmes autochtones.
Mme Harper a encouragé les Canadiens à rechercher des entreprises qui correspondent à leurs valeurs et à les soutenir par leurs achats.
Selon Mme Bull, si des changements sont nécessaires pour améliorer la représentation des autochtones dans les conseils d’administration des entreprises, ces derniers doivent également avoir accès à une formation sur l’équité et les questions autochtones, afin que la responsabilité de soulever ces questions n’incombe pas uniquement aux autochtones.
«L’ensemble du conseil d’administration doit se pencher sur sa mission et sa responsabilité en ce qui concerne la manière dont il fait progresser la réconciliation autochtone au sein de l’entreprise, et tout le monde autour de la table du conseil doit poser des questions sur la manière dont les politiques ou les programmes ont un impact sur les populations autochtones», a-t-elle affirmé.