Naouel Hanani directrice programme et écosystème au sein de l’entité Start-Up Montréal (Photo: courtoisie)
LEADERSHIP INCLUSIF. Si l’écosystème start-up peut se prévaloir d’une sensibilisation accrue sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI), il peut toutefois être complexe de les inclure dans un projet entrepreneurial. Pourtant, les jeunes pousses ont un rôle important à jouer, y compris dans l’avancement des femmes.
« On a parfois la fausse impression que lorsque l’on est sensibilisé à quelque chose on dispose forcément de la compétence pour l’implanter dans son entreprise. Malheureusement, c’est loin d’être toujours le cas. Même avec les meilleures intentions du monde ». Ce propos liminaire est signé Dahlia Jiwan, cofondatrice de la jeune pousse Elance qui déploie des solutions afin de rendre le milieu du travail plus inclusif et exempt de toutes discriminations.
Selon un « mini-portrait » de la diversité réalisé par Start-Up Montréal, si 71 % de ces jeunes entreprises affirment faire un « effort conscient », selon le terme utilisé, dans le recrutement des personnes issues de la diversité, seulement 45 % d’entre elles passent véritablement à l’action. Ce qui signifie que 55 % de celles-ci ne mettent rien en place en ce sens. « L’absence d’actions en faveur d’un recrutement plus diversifié et inclusif est prédominante au début du parcours entrepreneurial, notamment chez les start-up de moins de cinq employés », appuie Naouel Hanani directrice programme et écosystème au sein de l’entité Start-Up Montréal.
« Encore plus d’efforts »
En dépit de discours volontaristes, l’écosystème des jeunes pousses montréalais doit encore progresser sur les questions d’EDI, comme le souligne Naouel Hanani, qui a également pris la tête d’un comité spécialisé en la matière. « Nous devons faire encore plus d’efforts pour attirer plus de diversité. Si Montréal peut se targuer d’être une ville diversifiée et multiple, force est de constater que son écosystème ne l’est pas ». La proportion des entrepreneuses au sein de celui-ci s’élève péniblement à 15 %, d’après les statistiques de Start-Up Montréal et du projet Fondatrices, une initiative qui vise à donner aux femmes les clés des bonnes pratiques avant qu’elles se lancent dans le grand bain de l’entrepreneuriat.
« Ce programme fait, en quelque sorte, office de préaccélérateur et permet ainsi d’encourager les femmes à passer plus rapidement de l’idée à l’action, car, trop souvent, elles ont peur de se lancer et se mettent des freins, pensant leur projet pas assez abouti », explique la directrice du projet Josée Desjardins. « Nous encourageons les femmes à se lancer aussi tôt que possible », ajoute-t-elle, quitte à ce qu’elles améliorent leur produit ou leur offre une fois ceux-ci lancés sur le marché.
Initialement limité à une édition par an, le programme Fondatrices se déclinera désormais sur un rythme biannuel, avec une nouvelle mouture à l’automne « afin que le nombre de femmes porteuses de projets entrepreneuriaux dans l’écosystème montréalais accélère plus rapidement », explique Josée Desjardins.
Cette thématique est également chère aux yeux d’Oxfam Québec, qui travaille actuellement sur une campagne d’influence dévolue au leadership transformateur des femmes. « Je dirais même que ce sujet est véritablement le fil rouge de toutes nos actions. Nous portons en nous cette volonté de changement », dit Catherine Caron, responsable des campagnes d’influence de l’organisme. Un changement que l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème appellent de ses vœux.