Créer les futures PME: des salles de classe jusqu’aux incubateurs
Pierre Théroux|Édition de la mi‑octobre 2019(Photo: 123RF)
LES 300. À la création du DigiHub, en 2014, Shawinigan venait de perdre à nouveau des centaines d’emplois industriels traditionnels. Cinq ans plus tard, cet incubateur héberge une trentaine de jeunes pousses de la Mauricie, actives dans les domaines des technologies et du numérique.
La même année, le géant suédois Electrolux a cessé la production de ses électroménagers à L’Assomption et a ainsi mis à pied 1 300 personnes. La mise en place du laboratoire du Pôle d’innovation en commerce intelligent et technologies expérientielles (CIETECH), en février 2018, vise également à moderniser et à diversifier l’économie de Lanaudière en donnant un coup de pouce aux entrepreneurs en herbe.
«On voit la création d’incubateurs un peu partout dans les régions pour y dynamiser l’entrepreneuriat et créer des entreprises», constate Stéphane Forget, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
D’ailleurs, si l’entrepreneuriat est aujourd’hui très fort à Drummondville, dans le Centre-du-Québec, c’est en grande partie grâce à la création d’un incubateur il y a plus de 20 ans. Baptisé l’Incubateur industriel, c’est l’un des premiers à avoir vu le jour dans la province, en mai 1998. «Une centaine d’entreprises sont passées par l’incubateur et sont aujourd’hui essaimées dans les parcs industriels, où elles emploient des centaines de personnes», souligne Martin Dupont, directeur général de la Société de développement économique de Drummondville.
La ville a aussi été une des premières à accueillir un Carrefour de la nouvelle économie (CNE), un concept implanté dans les années 1990 par le gouvernement provincial. Celui-ci visait à stimuler, par des incitatifs fiscaux, l’implantation et le développement d’entreprises appartenant à la nouvelle économie – notamment dans les secteurs des technologies de l’information et des communications ou des biotechnologies – dans des immeubles désignés situés dans plusieurs régions du Québec.
«L’entrepreneuriat, c’est aussi très sociologique : si on est dans une dynamique de création d’entreprises où l’on voit des entrepreneurs qui émergent avec le soutien des villes et d’organisations économiques, ça va favoriser des vocations d’entrepreneurs», analyse Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME).
Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins, fait écho à ses propos. «La présence d’entreprises en démarrage peut faire boule de neige et favoriser la culture entrepreneuriale ainsi que la création de PME.»
Dans les écoles
Un peu partout au Québec, l’entrepreneuriat s’immisce aussi dans les salles de classe. À Thetford Mines, on organise depuis plusieurs années la semaine «Le Goût d’entreprendre Desjardins», une activité entrepreneuriale durant laquelle tous les élèves des écoles secondaires du secteur et du Cégep de Thetford participent à des conférences données par des gens d’affaires ainsi qu’à des visites d’entreprises. «On essaie de les vacciner très jeune à l’entrepreneuriat», illustre Luc Rémillard, directeur général de la Société de développement économique de la région de Thetford (SDE).
D’ailleurs, un sondage réalisé récemment par la SDE montre que l’entrepreneuriat est devenu une profession de plus en plus envisagée. Pourtant, il y a une dizaine d’années, «c’était loin d’être considéré comme un débouché intéressant par des élèves», note M. Rémillard.
Voilà autant d’initiatives qui favoriseront encore davantage la création de PME et, par le fait même le dynamisme de l’activité économique dans les régions du Québec.