IA, «blockchain», drones: comptables, il faut s’y mettre!
Jean-François Venne|Édition de février 2020L'utilisation de drones dans le cadre d'un audit permet de ne pas perturber les opérations de l'entreprise, puisque tout se fait par voie aérienne. (Photo: 123rf)
LES GRANDS DE LA COMPTABILITÉ. En comptabilité, l’intelligence artificielle (IA) a d’abord servi à automatiser des tâches répétitives, comme les écritures comptables ou la gestion des comptes à payer et des comptes clients. Une application comme Sensaas!, d’Integrim, extrait automatiquement les données des factures des fournisseurs et remplit à l’avance les champs dans n’importe quel système comptable, à l’aide d’une facture en format PDF ou même d’une photo plus ou moins floue d’une facture. Grâce à l’apprentissage automatique, l’application apprend à coder et à affecter le bon compte de grand livre grâce au balayage de l’information sur la facture. Les outils à base d’IA ont toutefois déjà commencé à dépasser ce stade. Ils bouleversent l’audit, entre autres, en augmentant radicalement le nombre de données qui peuvent être collectées (mégadonnées) et analysées rapidement. Certaines de ces données, comme celles des ventes, peuvent être vérifiées en entier, plutôt que par échantillons, ce qui augmente la rigueur de la vérification. Des audits commencent à se faire en continu, plutôt que longtemps après que les opérations ont eu lieu.
Réaction en chaîne de blocs
Pour Marc-André Nadon, maître d’enseignement en comptabilité à HEC Montréal, « la chaîne de blocs (blockchain) constitue un changement encore plus profond que l’intelligence artificielle dans le travail de comptabilité ». Un virement électronique standard peut par exemple impliquer jusqu’à trois institutions financières et bien des interventions humaines. « Le blockchain élimine l’intermédiaire qu’est la banque dans la transaction et permet aux systèmes comptables du client et de son fournisseur de comptabiliser directement la transaction aux registres comptables », illustre-t-il. Les transactions doivent tout de même être surveillées de façon à s’assurer qu’elles sont comptabilisées adéquatement au sein de l’entreprise. Cette nouveauté technologique rajoute également un nouvel ensemble de risques, qui doit impérativement faire l’objet d’analyses et de surveillance par les auditeurs et le personnel comptable.
Les drones!?
Pour les comptables, que diable viennent faire les drones dans l’histoire ? Ils ont leur utilité pour les firmes comptables. PwC a ouvert, en 2016, un centre d’excellence sur les solutions liées aux drones en Pologne. En janvier 2019, la firme a utilisé un drone au Royaume-Uni, dans le cadre de l’audit d’une entreprise d’énergie allemande. L’appareil a pris 300 photos de la réserve de charbon d’une des dernières centrales en activité au Pays de Galles. Ces clichés ont par la suite été traités par un outil numérique, pour mesurer le volume de la réserve et, donc, sa valeur. L’exercice a été terminé en 30 minutes, alors que les méthodes traditionnelles auraient pris quatre heures. Les opérations de l’entreprise n’ont pas été perturbées du tout, puisque le tout se fait par voie aérienne.
Dans un récent article du magazine Pivot, publié par CPA Canada, Andrew Morgan, directeur principal, Services de certification chez EY, raconte que sa firme a engagé un exploitant de drones pour auditer une entreprise de camionnage. Il s’agissait alors de faire un inventaire complet du nombre de camions de l’entreprise. En temps normal, l’audit aurait porté sur un échantillon d’environ un quart de la flotte.
Un des avantages des drones est donc de pouvoir vérifier l’ensemble des stocks d’une entreprise. L’autre est bien sûr d’atteindre des endroits difficiles d’accès par des humains, comme du matériel installé en hauteur. Évidemment, ceux qui les utilisent doivent obtenir un certificat de pilote de drone et bien comprendre les exigences juridiques encadrant leur usage.