Plusieurs aspirants CPA ont vu leur ordinateur se figer en cours d’épreuve, alors que d’autres ont dû carrément rédiger leurs réponses à la main. (Photo: 123rf)
LES GRANDS DE LA COMPTABILITÉ. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, paraît-il. Les 9 000 aspirants comptables qui ont subi – c’est le mot juste – l’examen final commun (EFC) de CPA Canada en septembre dernier peuvent en témoigner.
La réussite de cette évaluation, qui s’étend sur trois jours, est obligatoire pour obtenir le convoité titre de comptable professionnel agréé (CPA). Les étudiants s’y préparent pendant des mois. Le stress, et c’est peu de le dire, atteint un paroxysme le jour de l’examen.
En 2019, la difficulté de l’EFC a été décuplée par une foule de problèmes informatiques. Les examens de certains candidats ont débuté avec jusqu’à cinq heures de retard. Plusieurs ont vu leur ordinateur se figer en cours d’épreuve, alors que d’autres ont dû carrément rédiger leurs réponses à la main.
À l’origine du problème, des pannes du logiciel Surpass (SecureClient). Ce dernier permet aux candidats de déposer leurs réponses dans le système sans avoir accès aux autres programmes ou fichiers de leur ordinateur, afin d’éviter toute tricherie. Devant l’inefficacité du logiciel, les bons vieux Word et Excel ont été appelés à la rescousse, avec un succès inégal.
Une correction ajustée
En entrevue avec Les Affaires, une candidate qui préfère conserver l’anonymat a témoigné de ce qu’elle a vu alors qu’elle faisait son EFC à Sherbrooke. « Plusieurs se sont retrouvés avec des ordinateurs qui ne fonctionnaient pas, raconte celle qui a été miraculeusement épargnée par les pépins technologiques. Certains ont pu prendre un autre ordinateur de l’Ordre des CPA, mais d’autres ont dû écrire à la main. Au moins un candidat a dû se débrouiller sans accès aux normes comptables. Il était très nerveux en attendant les résultats. »
Les ennuis ne se sont pas arrêtés là. Après l’examen, des rumeurs couraient que les candidats de l’ouest du pays avaient eu accès à certaines questions à l’avance, en raison du retard amplifié par le décalage horaire. « Puis, une fois revenus à la maison, nous avons reçu un courriel de l’Ordre nous demandant de retourner sur le site pour ouvrir, puis refermer le logiciel, affirme la candidate. Ce n’était pas très rassurant… »
Les résultats ont finalement été transmis en janvier, plutôt qu’en décembre, ajoutant au stress des aspirants comptables. « Au cours de la correction, plusieurs ajustements ont été apportés, en consultation avec les experts, afin de tenir compte de facteurs comme les retards et l’impossibilité d’accéder aux documents de référence », précise Perry Jensen, gestionnaire des relations média de CPA Canada.
La profession a aussi décidé qu’un échec à l’examen de septembre 2019 ne sera pas pris en compte dans le nombre de tentatives permises, soit trois. Les candidats ayant échoué à l’EFC auront la possibilité de se représenter sans frais à l’examen en 2020.
Par ailleurs, Mme Jensen souligne que les candidats qui ont éprouvé des problèmes doivent être félicités pour avoir su s’acquitter de leur tâche dans des circonstances éprouvantes. « Le jury a remarqué que bon nombre de candidats avaient réussi à mettre à profit leur savoir technique et les compétences habilitantes des CPA pour rédiger des réponses solides », souligne-t-elle.
Stress dans les cabinets
Les problèmes liés à l’examen n’ont pas eu de conséquences sur les embauches dans les grands cabinets, puisque les candidats sont généralement recrutés pendant leurs études universitaires. La plupart travaillent donc déjà dans des cabinets, qui de surcroit les aident à préparer leur EFC.
Les employeurs ont tout de même remarqué l’impact de ces difficultés sur leurs recrues. « Certains de nos jeunes étaient un peu découragés en revenant de l’examen et le niveau d’incertitude était élevé, surtout en raison du retard des résultats », raconte Stéphanie Lincourt, associée de Richter. Elle se réjouit d’un taux de passage de 86 % dans sa firme. « Nous exposons nos jeunes rapidement à toutes sortes de situations d’affaires, et je crois que cela les a bien préparés à affronter cette épreuve », ajoute-t-elle.
Emilio B. Imbriglio, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), a lui-même longtemps été professeur et a agi comme correcteur de l’EFC. Il sympathise avec les candidats de l’automne 2019. « Nous avons tous une histoire sur la semaine de notre examen EFC. Disons que celle de ces candidats sera dure à battre », dit-il.
« C’est clair que personne à CPA Canada ne voulait créer une telle situation et je suis convaincu que cela ne se reproduira plus », ajoute-t-il en précisant que pas moins de 96 % des candidats de RCGT ont réussi l’examen.