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LES GRANDS DE L’INGÉNIERIE. Le doctorant en génie de l’Université Concordia Alireza Mohammadi a remporté la Bourse Alain-Lamoureux 2018 de la Fondation des ingénieurs municipaux du Québec pour ses travaux sur la modélisation du confort dans les transports en commun. Les Affaires en a discuté avec l’étudiant iranien arrivé au Canada en 2015.
Les Affaires — Pourquoi un ingénieur s’intéresse-t-il au confort dans les transports en commun ?
Alireza Mohammadi – Le gouvernement du Québec et les gestionnaires des réseaux de transport en commun gèrent des infrastructures vieillissantes, alors il devient parfois difficile de maintenir une qualité de service satisfaisante, et encore plus de l’améliorer. Ce qui est important si nous voulons diminuer l’usage de la voiture et attirer les gens vers les transports en commun. Or, beaucoup de personnes aiment utiliser leur voiture parce que c’est plus confortable. À Montréal, il est encore possible d’aller au centre-ville en voiture. La circulation n’est pas aussi lourde ni le stationnement aussi cher qu’à Londres ou New York. Donc, le confort devient un critère de choix majeur.
L.A. — Votre recherche vise à fournir des outils aux organismes de transport en commun pour améliorer le confort des usagers. Que leur proposez-vous ?
A. M. — L’originalité de mon modèle est d’être centré sur la perception des usagers. Cela peut étonner, mais la satisfaction des usagers n’est pas nécessairement un critère dominant dans l’entretien des transports en commun. J’ai travaillé sur une modélisation qui tient compte de plusieurs critères, dont le niveau de bruit, la température, l’humidité, l’éclairage, les vibrations ou encore la qualité de l’air. Pour le bruit, par exemple, nous pouvons établir les niveaux de décibels qui sont inconfortables pour les passagers.
Il faut aussi tenir compte de la longueur des trajets. L’impact d’un inconfort ne sera pas le même si vous l’endurez pendant quatre minutes ou pendant une heure. Il s’agit donc de développer des indices de confort que les gestionnaires des réseaux de transport en commun peuvent utiliser pour évaluer leur réseau, et ainsi allouer plus efficacement leur budget d’entretien, de réhabilitation ou de remplacement. Mon modèle a été testé auprès des usagers du métro de Montréal par voie de sondage, et il correspond très bien à leurs perceptions.
L.A. — Le sondage vous a-t-il tout de même permis de faire quelques ajustements ou de découvrir des perceptions inattendues ?
A. M. — Certains éléments étaient intéressants. Par exemple, les plus jeunes se plaignent davantage des niveaux de bruit, parce qu’un fort bruit ambiant les empêche d’écouter de la musique pendant le trajet. Les passagers plus âgés sont surtout incommodés par la chaleur. Ironiquement, ce problème se pose surtout l’hiver. Les gens sont alors habillés très chaudement et les wagons ne sont pas équipés pour rafraîchir l’air et faire descendre l’humidité à des degrés confortables. Les nouveaux wagons sont par ailleurs jugés plus confortables que les anciens pour la plupart des critères. D’ailleurs, ce modèle pourrait aider à conseiller les fabricants des prochains wagons achetés par la Société de transport de Montréal sur les éléments à améliorer afin de bonifier le confort des usagers du métro.