Un piège qui guette l’investisseur responsable séduit par certains fonds ou entreprises réputés pour leur pratique ou leur considération environnementale est l’écoblanchiment. (Photo: 123RF)
INVESTISSEMENT RESPONSABLE. Un piège qui guette l’investisseur responsable séduit par certains fonds ou entreprises réputés pour leur pratique ou leur considération environnementale est l’écoblanchiment, ou greenwashing en anglais. Des outils existent pour le contourner.
L’écoblanchiement est l’« utilisation fallacieuse d’arguments faisant état de bonnes pratiques écologiques dans des opérations de marketing ou de communication », selon la définition que propose Larousse. Le CFA Institute en propose une complémentaire selon Marie-Justine Labelle, directrice et cheffe de l’investissement responsable chez Desjardins : « Une situation dans laquelle les informations ou le matériel publicitaire induisent en erreur intentionnellement ou par inadvertance les investisseurs sur les approches ESG utilisés dans un produit d’investissement. »
« Cela peut être pratiqué par des entreprises ou par des gestionnaires de fonds », explique Thomas Estines, co-directeur général du Groupe investissement responsable (GIR). Selon lui, certains y voient une opportunité de marché alors que la population est de plus en plus préoccupée par les questions reliées aux enjeux ESG et donc plus réceptive à ce discours. « Ce n’est pas fortuit qu’historiquement, à la fois pour les entreprises cotées en Bourse et les différentes institutions financières, les départements dédiés au développement durable se retrouvaient toujours sous la coupe des directions de communication. »
Pour éviter le piège de l’écoblanchiment, Thomas Estines suggère à l’investisseur de redoubler d’ardeur dans la lecture et la compréhension des documents à leur disposition, notamment pour les fonds d’investissement. « Il faut apprendre à lire entre les lignes et scruter la méthodologie utilisée. Et pour les entreprises? « L’investisseur peut consulter le rapport annuel et le rapport de développement durable. »
Le co-directeur général du Groupe investissement responsable (GIR) reconnaît que cela nécessite beaucoup de temps, d’énergie et de travail pour l’investisseur. « Cela relève du bon vouloir de tout un chacun comme citoyen soucieux. » C’est pourquoi il suggère aux investisseurs de consulter leur conseiller qui est un professionnel formé dans le domaine.
Même son de cloche du côté de Marie-Justine Labelle, directrice et cheffe de l’investissement responsable chez Desjardins, qui rappelle que les conseillers financiers sont sensibilisés à l’enjeu de l’écoblanchiment. « C’est un sujet qui occupe nos discussions presque chaque jour. Quand nous rédigeons du matériel nous, nous demandons toujours comment cela sera interprété ». Elle signale qu’ils sont d’ailleurs actuellement en train de développer un guide anti-écoblanchiment pour un usage à l’interne. Elle recommande aux investisseurs de détail qui souhaitent affiner leur esprit critique et détecter eux-mêmes l’écoblanchiment de lire attentivement la documentation. « Ce n’est pas tout le monde qui décortique les prospectus, mais ils peuvent vérifier ça fait combien de temps que ce manufacturier ou ce gestionnaire d’actifs offre des solutions d’investissement responsable, quelle est leur expérience, sont-ils impliqués dans des initiatives de marché pour faire valoir l’IR, ont-ils des outils de reddition de compte en IR, ce genre de questions. »
Pour ceux et celles qui souhaitent pousser leur recherche de façon autonome, Thomas Estines signale qu’il existe des formations en ligne, dont certaines sont gratuites. La fresque du climat, par exemple, donne des ateliers. Il mentionne aussi le site du Climate Action 100+ qui évalue les plans de transition des entreprises les plus émettrices de GES (gaz à effet de serre) et aide à détecter l’écoblanchiment. L’investisseur peut aussi compléter ses recherches avec les classements du Transition Pathway Initiative, une démarche internationale menée par des gestionnaires d’actifs et des investisseurs qui évaluent le niveau de préparation des entreprises à effectuer la transition vers une économie avec une faible empreinte en carbone.