3e lien: Une députée libérale sort des rangs, Couillard lance un avertissement
La Presse Canadienne|Publié le 09 novembre 2024La députée de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, interroge le gouvernement lors de la période de questions, le 6 novembre 2024. (Photo: Jacques Boissinot)
Après les dissensions autour du financement des écoles religieuses, c’est au tour du troisième lien de faire sortir du rang une députée libérale. L’ancien premier ministre Philippe Couillard lance un avertissement au caucus, soulignant l’importance d’une «une ligne d’unité bien affirmée».
Questionnée à savoir si elle était en faveur du projet autoroutier entre Québec et Lévis, la députée de Chomedey, Sona Lakhoyan Olivier, répond sans équivoque : «Absolument!»
Or, le Parti libéral du Québec (PLQ) est officiellement opposé au projet et le chef intérimaire Marc Tanguay l’a réitéré samedi matin lors du congrès du parti à Lévis. «Nous, au PLQ, au moment où je vous parle, le troisième lien autoroutier, on est contre», a-t-il affirmé. Vendredi, Marc Tanguay a évoqué «la science» et la «lutte aux changements climatiques», comme raisons justifiant cette position.
Sona Lakhoyan Olivier appuie le candidat à la chefferie Frédéric Beauchemin – qui est aussi député du caucus –, qui s’est dit plus tôt cette semaine en faveur d’un troisième lien au nom du «développement économique pour les générations futures».
«Je suis favorable à toutes les décisions de mon collègue Fred», a ajouté Mme Lakhoyan Olivier. Frédéric Beauchemin a reconnu que le fait d’être à la fois élu et candidat le plaçait dans une «position délicate».
Philippe Couillard, qui était de passage à Lévis pour le congrès de son parti, croit que les élus du caucus peuvent appuyer des candidats, mais qu’ils «doivent rester le plus unis possible» sur les «orientations profondes». «On ne peut pas débattre avec des adversaires en ayant quatre opinions différentes sur le même sujet législatif», a-t-il affirmé.
Il y a quelques semaines, la volte-face du PLQ sur le financement des écoles religieuses – le parti s’y oppose désormais – a provoqué des dissensions au sein du caucus. Trois députés, dont Frédéric Beauchemin, ont brisé la ligne. Une situation qui avait provoqué l’irritation du chef libéral, qui avait laissé entendre qu’il allait serrer la vis aux élus dissidents.
En ce qui concerne la sortie de Sona Lakhoyan Olivier, Marc Tanguay adopte une autre approche. «Dans un contexte de course à la chefferie, il est important d’avoir une marge de manœuvre», a-t-il expliqué.
Parmi les autres candidats à la chefferie, l’avocat fiscaliste Marc Bélanger et l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre sont aussi favorables au projet. L’ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez veut un troisième lien souterrain, mais avec un tramway.
L’ancien PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard reste évasif sur le sujet. Il dit vouloir «proposer un plan de mobilité globale» pour l’Est du Québec.
Charles Milliard a profité de la journée de samedi au congrès pour annoncer qu’il comptait être candidat dans la circonscription d’Orford, en Estrie, lors des élections de 2026. Le comté est actuellement détenu par le caquiste Gilles Bélanger.
Les militants libéraux ont voté pour que leur parti propose une constitution québécoise, malgré quelques protestations qui n’ont eu que peu d’échos. Le député libéral de Jacques-Cartier, Gregory Kelley, s’est notamment prononcé contre l’idée.
Le projet de constitution proposé reposerait sur la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et la Charte de la langue française.
Le document prévoirait aussi d’encadrer l’utilisation de la disposition dérogatoire, que l’interculturalisme serait le modèle d’intégration du Québec et d’enchâsser les droits des anglophones, entre autres.
Influence des jeunes
Les jeunes libéraux vont continuer de peser lourd dans le choix du prochain chef de la formation politique. Une proposition visant à réduire leur influence dans la course a été battue vendredi en congrès.
Les jeunes membres du PLQ comptent pour 33% des votes dans la chefferie. L’association libérale de Montarville a proposé de changer cette pondération pour que ce soit un membre un vote, évoquant une «discrimination systématique en raison de l’âge».
Les militants libéraux réunis en congrès ont battu cette proposition vendredi en soirée. Tous les aspirants chefs s’étaient prononcés pour continuer de réserver le tiers des voix aux 16-25 ans.
La commission jeunesse du PLQ s’était mobilisée pour contrer cette résolution et pour proposer la sienne, qui, elle, a été adoptée vendredi également.
Avant l’adoption de la résolution de l’aile jeunesse, les règles de la chefferie faisaient en sorte que chacune des 125 circonscriptions valait 2000 points pour un total de 250 000. Ces points auraient été répartis aux candidats en pourcentage des votes pour les membres de 26 ans et plus. À cela seraient ajoutés 125 000 points pour les membres de 25 ans et moins.
Or, la proposition adoptée redistribue les 125 000 points accordés aux membres jeunes dans chacune des circonscriptions, de sorte qu’un comté va avoir 2000 points pour ses membres de plus de 25 ans et 1000 points pour ceux de 25 ans et moins.
Alors que certains affirment que le statu quo fait en sorte que les jeunes ont un poids disproportionné dans la chefferie, d’autres soutiennent que cela incite les candidats à aller recruter davantage de membres 16-25 ans.
Les libéraux sont réunis en congrès jusqu’à dimanche. Samedi soir, ils ont rendu hommage à leur ancienne cheffe Dominique Anglade.