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Louis J. Duhamel

À géométrie variable

Louis J. Duhamel

Expert(e) invité(e)

La Voie maritime du Saint-Laurent est le pivot stratégique du commerce nord-américain

Louis J. Duhamel|Publié à 13h45 | Mis à jour il y a 2 secondes

La Voie maritime du Saint-Laurent est le pivot stratégique du commerce nord-américain

La Voie maritime du Saint-Laurent fait partie du décor depuis 1959. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. La vie de consultant nous offre des occasions inespérées de voir de l’intérieur des entreprises et organismes exceptionnels. C’est là un avantage qui me fait dire souvent que j’ai le plus beau métier du monde. 

La Voie maritime du Saint-Laurent fait partie du décor depuis 1959.  Pourtant, même si son centre de contrôle et ses installations maritimes sont bien visibles à Saint-Lambert et tout le long de sa route, peu de gens réalisent son importance et son impact sur notre économie.

Tout d’abord, ses installations sont sous administration conjointe canado-américaine.

La preuve que le Canada et les États-Unis peuvent travailler ensemble sur la durée, notamment quand nos intérêts communs sont en jeu.

À compter du 20 janvier, Donald Trump sera le 13e président américain en service depuis la création de la Voie maritime du Saint-Laurent, tandis que Justin Trudeau s’avère à être le 12e premier ministre du côté canadien.

Tous, démocrates ou républicains, libéraux ou conservateurs, ont su collaborer pour assurer une prospérité partagée.

La Voie maritime s’étend sur 3700 kilomètres.

Ses 15 écluses permettent aux navires en provenance de l’océan Atlantique d’atteindre les Grands Lacs, et ce, en contournant une série de rapides et de barrages.

Son incidence est massive.

Plus de la moitié du commerce canado-américain

La région des Grands Lacs/Saint-Laurent constitue plus de la moitié du commerce transfrontalier entre le Canada et les États-Unis, et représente 52 millions d’emplois.

Plus de 200 millions de tonnes de marchandises sont transportées sur une base annuelle.

La Voie maritime est aussi du bon côté de l’équation climatique avec l’empreinte carbone la plus faible parmi les modes de transport, et ce, tout en réduisant la congestion sur terre.

La Voie maritime sert les secteurs minier, agricole et manufacturier.

On parle ici de céréales, de minerai de fer, de vrac sec comme la pierre, le sable et le sel, sans parler du ciment et de vrac liquide comme les produits pétroliers raffinés ou les carburants de remplacement.

Enfin, on y transporte aussi des produits manufacturés comme des machines et des éoliennes.

Des défis sous contrôle, mais un effet Trump appréhendé

Les pressions concurrentielles de la part des autres modes de transport, les besoins constants en investissements massifs en capital ainsi que l’adaptation aux changements climatiques constituent des défis importants pour les dirigeants de la Voie maritime. 

De plus, assurer la pertinence et la fiabilité de cette voie navigable au-delà de 9 mois par année n’est pas une mince affaire.

Enfin, les impératifs de sécurité et d’efficience sont au cœur des préoccupations en tout temps.

On peut imaginer que l’exécution de la menace d’imposer des tarifs douaniers par le président désigné Donald Trump ne serait pas sans conséquences pour la Voie maritime.

Après tout, on a joué dans ce film lors de la première administration Trump, avec l’acier et l’aluminium.

En 2018, Washington avait imposé des tarifs de 25% et de 10% sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada.

Les répercussions pourraient se faire sentir par une perturbation des échanges commerciaux entre nos deux pays, en plus d’augmenter potentiellement les coûts de transport.

Exportations plus coûteuses

D’éventuels tarifs américains rendraient nos exportations plus coûteuses avec comme effet potentiel de réduire les volumes des marchandises transportées sur le Saint-Laurent.

Espérons que la raison primera et que les négociations intenses déjà débutées avant même la désignation du nouveau président et la confirmation hypothétique des tarifs permettront de minimiser les répercussions économiques indésirables.

La Voie maritime du Saint-Laurent personnifie l’interrelation des économies canadienne et américaine, et surtout l’esprit de collaboration pragmatique et historique entre les deux pays.

À l’heure où les tensions montent avec l’arrivée prochaine de Donald Trump à la présidence, elles nous rappellent que nous sommes condamnés à travailler ensemble au bénéfice de nos deux économies interreliées.

On peut imaginer que la raison primera.