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Le mauvais état des infrastructures de transport fait bondir les coûts des entreprises

François Normand|Mis à jour le 13 novembre 2024

Le mauvais état des infrastructures de transport fait bondir les coûts des entreprises

Les véhicules brûlent plus d’essence pour aller par exemple de l’usine d’une entreprise manufacturière à l’entrepôt d’un client ou à un centre de distribution. Cette situation augmente les coûts des entreprises, mais aussi leurs émissions de gaz à effet de serre. (Photo: Joseph Paul pour Unsplash)

Facture de carburant plus élevée, entretien des flottes plus dispendieux, délais logistiques supplémentaires, retards d’employés au bureau… Le mauvais état des infrastructures de transport au Québec en raison du sous-investissement des gouvernements fait bondir les coûts d’exploitation des entreprises de Gaspé à Montréal.

C’est l’un des constats majeurs d’une étude que publie ce mercredi la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), dans le cadre de sa Journée économique — Perspectives 2025, qui se tient à Drummondville.

La FCCQ a mené cette étude (Infrastructures de transport au Québec: investir pour l’avenir) en collaboration avec AppEco, un cabinet de conseil spécialisé en analyse économique et stratégique.

Pour arriver à ce constat, les deux organisations ont consulté les membres de la FCCQ dans les 17 régions administratives du Québec, en plus de s’appuyer sur les données publiques disponibles à propos des dépenses en infrastructures.

Toutes les infrastructures de transport ont été analysées, et ce, des routes au transport ferroviaire et maritime en passant par les aéroports et le transport collectif dans les agglomérations, à commencer par Montréal.

L’étude de 67 pages pointe du doigt le sous-investissement des gouvernements — aussi bien à Québec qu’à Ottawa que dans les municipalités — pour entretenir les infrastructures existantes au fil des années.

«Il faudrait investir 37 milliards de dollars uniquement pour s’attaquer au mauvais état des infrastructures», affirme en entrevue à Les Affaires Philippe Noël, vice-président, affaires publiques et économiques à la FCCQ.

Il souligne que cette somme de 37G$ ne tient même pas compte de l’entretien régulier des infrastructures afin de les maintenir dans un bon état.

Coûts multiples pour les entreprises

Outre l’augmentation des taux d’accidents pour l’ensemble de la population, les répercussions de la dégradation des infrastructures sont nombreuses sur les entreprises, peut-on lire dans l’étude de la FCCQ.

Les flottes de véhicules s’usent plus rapidement, dégradant les actifs des organisations. Des routes commerciales sont plus longues et moins faibles, surtout dans les régions dites éloignées.

Les véhicules brûlent plus d’essence pour aller par exemple de l’usine d’une entreprise manufacturière à l’entrepôt d’un client ou à un centre de distribution. Cette situation augmente les coûts des entreprises, mais aussi leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Dans la région de Montréal, les interruptions fréquentes de service dans le transport collectif – métro et autobus – entraînent des retards d’employés au bureau, et, de facto, des pertes de productivité.

Un ratio économique pour le «mauvais état» des routes

Au niveau du réseau routier, l’étude de la FCCQ propose même un ratio pour quantifier les répercussions sur les finances des entreprises lorsque la dégradation d’une route atteint le niveau de «mauvais état».

Ainsi, chaque dollar non dépensé pour entretenir une route augmente les coûts d’exploitation des véhicules de 2 à 3$, et ce, aux frais des usagers.

La FCCQ propose 10 recommandations à l’intention des gouvernements – Québec, le fédéral et les municipalités – pour «s’attaquer réellement» au déficit de maintien des actifs, et assurer la pérennité des infrastructures de tous les modes de transport au Québec.

L’organisation propose notamment d’accroître les budgets des gouvernements pour réparer les infrastructures en mauvais état et entretenir celles qui sont encore en bon état.

La FCCQ recommande aussi que ces dépenses visent en particulier les infrastructures routières (où les besoins sont le plus criants), sans négliger pour autant les autres modes de transport.