Le Québec brille à l’international dans les poudres métalliques
Kévin Deniau|Édition de la mi‑juin 2020« On double notre production chaque année depuis 2015 », assure Luc Dionne, PDG de Tekna. (Photo: courtoisie)
MATÉRIAUX AVANCÉS. En matière de fabrication additive, l’un des points forts du Québec les plus souvent évoqués est la production de poudre métallique pour l’impression 3D. «Cette filière est très forte et fait figure de référence mondiale autant en matière de quantité que de qualité de production», atteste François Gingras, directeur du développement et de l’accompagnement technologique du Centre de recherche industrielle du Québec, lié désormais à Investissement Québec.
Et pour cause ! La province compte deux des plus grands fabricants mondiaux dans le domaine, soit AP&C et Tekna. Deux entreprises en plein développement. La première, filiale de General Electric Additive, est passée d’une cinquantaine d’employés en 2016 à 225 aujourd’hui. En plus de son site de Boisbriand, elle a inauguré, en 2017, une nouvelle usine à Saint-Eustache… qu’elle prévoit déjà agrandir. Tekna, filiale du groupe norvégien Arendals Fossekompani, compte pour sa part deux usines à Sherbrooke, une en France, des bureaux dans cinq pays et 170 employés, dont 150 au Québec. En 2018, elle annonçait un plan quinquennal d’investissements de 128 millions de dollars (M$) – dont 33 M$ de financement gouvernemental – qui lui permettrait d’atteindre une production de 1 000 tonnes par année d’ici 2023. «On double notre production chaque année depuis 2015», assure Luc Dionne, son PDG.
Les clé du succès
«Notre procédé permet de produire une poudre de très haut niveau de pureté, et constante lot après lot, ce qui est essentiel dans l’industrie, notamment en aéronautique et pour les implants médicaux», explique Luc Dionne. «L’orthopédie médicale représente la moitié de nos ventes», indique pour sa part Alain Dupont, président et chef de la direction d’AP&C. Les clients de ces deux chefs de file mondiaux au Québec sont presque exclusivement internationaux.
La raison est plutôt liée à un événement historique. Dans les années 1970, des travaux sur la fusion thermonucléaire sont lancés, après la création de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec, à Varennes. Un dispositif spécifique appelé Tokamak y est alors construit, notamment pour explorer la physique des plasmas. Beaucoup de financement gouvernemental est accordé à l’époque, mais le projet s’arrêtera finalement une dizaine d’années plus tard. Malgré tout, ces investissements n’auront pas été totalement vains : «Cela aura permis la création d’un bassin de recherche en technologie des plasmas qui est justement un des procédés les plus importants pour la production des poudres métalliques», précise Luc Dionne. Ajoutez à cela une électricité abordable, qui plus est renouvelable, et vous avez les grands avantages comparatifs québécois dans ce secteur spécifique.
Le marché, lui, s’annonce très porteur. Certes, pour l’heure, les imprimantes 3D métalliques restent nettement moins accessibles que celles qui utilisent des polymères. «Une machine de taille standard coûte entre 700 000 $ et 800 000 $, tandis que pour les polymères, c’est plutôt entre 100 000 $ et 200 000 $», indique Alexandre Bois-Brochu, chargé de projets R-D au Centre de métallurgie du Québec du cégep de Trois-Rivières. «Mais les potentialités et les attentes de l’industrie sont supérieures pour l’impression métallique», ajoute Luc Dionne. «Et les coûts commencent à baisser progressivement», rassure Alain Dupont.