Si les universités continuent de mettre sur pied de nouveaux programmes MBA spécialisés, c’est parce que ceux-ci savent attirer les étudiants. [Photo: 123RF]
Depuis plusieurs années déjà, les universités québécoises s’affairent à lancer de nouveaux programmes de MBA spécialisés. Aujourd’hui encore, il semble que le marché continue de favoriser cette tendance. Mais celle-ci est-elle sur le point de s’arrêter ? Quels sont les avantages de tels programmes ?
Cet hiver, l’Université Laval a lancé un nouveau programme de MBA spécialisé en entrepreneuriat et en gestion de PME. Celui-ci vise à aider les étudiants à mieux maîtriser les réalités, enjeux et spécificités des PME et des entreprises en démarrage, et à adapter en conséquence leur style de gestion.
S’il s’agit du plus récent programme MBA lancé par l’Université Laval, il ne s’agit pas de son premier. Elle offre actuellement trois autres programmes spécialisés : gestion stratégique de projet, gestion marketing et gestion des entreprises. Elle ne ferme pas la porte non plus à l’idée de continuer de lancer de nouveaux programmes. D’ici un an ou deux, par exemple, elle pourrait lancer un MBA spécialisé en gestion des organisations et intelligence artificielle.
L’Université finalise d’ailleurs actuellement un microprogramme de deuxième cycle spécialisé sur le sujet. Il s’agit d’un programme de quatre cours qui relèvent du département des systèmes d’information organisationnels, explique André Gascon, directeur des programmes de MBA à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval.
«Mais nous voyons que les entreprises montrent beaucoup d’intérêt envers l’intelligence artificielle, dit-il. Elles veulent savoir ce que ça change pour elles. Alors il n’est pas impossible que nous transformions éventuellement ce microprogramme en programme MBA spécialisé.»
Au-delà de tous ces programmes, toutefois, l’Université risque peu de continuer à étendre son offre de MBA spécialisés. «Nous avons une grande panoplie de programmes, dit M. Gascon. Nous avons un peu plafonné. Il n’y a plus beaucoup de sujets que nous ne couvrons pas.»
Quels sont les avantages ?
Si les universités continuent de mettre sur pied de nouveaux programmes MBA spécialisés, c’est parce que ceux-ci savent attirer les étudiants. À l’Université Laval, par exemple, la progression des inscriptions au dernier programme qu’elle a lancé, soit le MBA en gestion stratégique de projets, s’est révélée «fulgurante», estime M. Gascon. De 22 inscriptions à l’automne 2014 à 108 l’année suivante, le programme comptait à l’automne dernier 373 inscriptions.
«Nous avons commencé à offrir des programmes spécialisés il y a une vingtaine d’années, dit-il. Nous avons réalisé que lorsque nous associons un MBA à un secteur ou à un champ d’expertise particulier, les gens se sentent interpellés, et ça attire.»
M. Gascon doute que les programmes de MBA spécialisés soient plus attirants, aux yeux des employeurs, que les programmes généraux. «Sur le marché du travail, je ne suis pas sûr que les employeurs fassent une si grande distinction entre les programmes généraux et spécialisés», dit-il. Selon lui, pour bien des employeurs, être diplômé MBA est bien souvent suffisant. Si l’entreprise cherche un employé spécialisé, elle aura plutôt tendance à valider les compétences de ses candidats en entrevue.
Pour l’étudiant, par contre, le choix d’un programme spécialisé peut permettre de confirmer un intérêt pour un champ d’expertise ou d’en explorer un nouveau.
En région également
En offrant des programmes de MBA spécialisés, les universités de la province tentent notamment de se diversifier et de se trouver des niches. L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) n’échappe pas à la tendance : elle offre elle aussi plusieurs concentrations dans le cadre de son MBA. Certaines sont même offertes dans ses campus en région, de façon à répondre à la demande locale.
Son programme de MBA avec concentration en diagnostic et intervention dans l’organisation, par exemple, est offert depuis plusieurs années à son campus de Drummondville. Il s’agit d’un programme qui vise à donner aux entrepreneurs les outils pour évaluer leurs pratiques, pour se mesurer par rapport à leur concurrence et, finalement, pour améliorer leur situation financière et déterminer quels produits ils pourraient mettre sur le marché. Il y a un peu plus d’un an maintenant, l’Université a également lancé ce programme à son campus de Vaudreuil-Dorion, explique Éliane Moreau, directrice du comité de programme MBA à l’UQTR.
« La seule concentration qui était offerte était celle en gestion de projet, dit-elle. C’est assez général comme formation. »
Après avoir réalisé des études de marché, l’UQTR a donc réalisé que la concentration en diagnostic et intervention dans l’organisation était celle qui correspondait le mieux aux besoins de la région. « Nous l’avons donc mise sur pied, dit Mme Moreau. Les étudiants et entreprises de la région voulaient avoir d’autres choix. »
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