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Protectionnisme américain: une occasion pour les ­MBA d’ici?

Simon Lord|Édition de la mi‑janvier 2019

Protectionnisme américain: une occasion pour les ­MBA d’ici?

« C’est certain que l’environnement politique aux États-Unis nous aide à attirer des étudiants. Il y a effectivement des étudiants étrangers qui nous ont dit être venus à McGill à cause de Trump. » – Antoinette Molino, directrice associée des admissions et des bourses MBA et PMBA à l’Université McGill

La rhétorique anti-immigration se fait plus intense dans plusieurs pays du monde, notamment aux États-Unis. Les programmes de MBA du Québec accueillant chaque année un grand nombre d’étudiants étrangers, les inscriptions ont-elles été affectées ?

En octobre dernier, le Graduate Management Admission Council, une association internationale d’écoles de gestion, publiait son «2018 Application Trends Survey Report». Il s’agit d’un rapport qui examine la demande pour les formations en gestion aux cycles supérieurs sur la base des données fournies par 363 écoles de gestion de partout dans le monde à propos de 1 087 programmes d’étude, dont ceux de MBA.

Le rapport faisait état d’une hausse du nombre de demandes d’admission entre 2017 et 2018 en Asie- Pacifique, en Europe et au Canada, mais constatait une baisse aux États-Unis. Si la hausse des demandes d’admission en Asie- Pacifique s’expliquait principalement par la demande domestique, la baisse du nombre de demandes d’admission aux États-Unis et la hausse en Europe et au Canada étaient plutôt causées par la demande internationale.

Le rapport notait que les demandes d’admission soumises par des étudiants internationaux avaient grimpé de 16,4 % au Canada, contre 15,1 % en Asie-Pacifique et 3,4 % en Europe. Le nombre de demandes a plutôt chuté de 10,5 % aux États-Unis.

Les universités offrant des programmes de MBA dans la province ont-elles constaté une hausse des demandes d’admission ?

À McGill, la directrice associée des admissions et des bourses MBA et PMBA, Antoinette Molino, dit avoir remarqué une hausse de la proportion des étudiants étrangers par rapport aux étudiants locaux. Alors que cette proportion était de 65 % en 2016, elle est aujourd’hui de 70 %. Cette hausse est-elle toutefois liée au climat social ailleurs dans le monde ? «C’est certain que l’environnement politique aux États-Unis nous aide à attirer des étudiants, dit Mme Molino. Il y a effectivement des étudiants étrangers qui nous ont dit être venus à McGill à cause de Trump.»

Selon elle, cependant, ce phénomène reste encore toutefois limité. «Je ne crois pas que l’environnement politique américain soit responsable d’une grande partie de l’augmentation que nous avons constatée.»

Le facteur permis de travail

Plus généralement, en ce qui a trait à l’attraction d’étudiants étrangers au Canada, Mme Molino estime que la réglementation favorable relative au permis de travail est un atout important, et ce, depuis plusieurs années. Lors d’entrevues réalisées avec des responsables de l’Université, plusieurs étudiants mentionnent la possibilité de travailler après leurs études comme étant un facteur de choix principal : 94 % des étudiants internationaux du MBA de McGill se trouvent un emploi au Canada après leurs études.

Carl Villeneuve, président de l’Association des MBA du Québec, est du même avis : «Il est plutôt facile pour les étudiants étrangers d’obtenir un permis de travail pour rester travailler ici après leur formation, surtout si on compare avec les États-Unis. Et ça, c’est intéressant pour eux.»

Si la réglementation américaine relative à l’immigration se resserre, les universités canadiennes pourraient alors profiter encore davantage de la réglementation canadienne. «Définitivement, si cela se concrétise, il deviendra moins intéressant pour les étudiants étrangers d’aller étudier aux États-Unis, dit M. Villeneuve. Et ce seront les pays plus ouverts qui en profiteront, comme le Canada.»

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