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La vraie valeur du diplôme universitaire

Jérémy Grandmont|06 mars 2024

La vraie valeur du diplôme universitaire

«Je ne le répèterai jamais assez, mais la vraie valeur des études supérieures se résume à ceci: l’humain.» (Photo: courtoisie)

EXPERT INVITÉ. En décembre 2018, je finissais mon baccalauréat en administration des affaires de HEC Montréal. Un peu plus tard en 2019, je recevais l’emblématique diplôme par la poste.

Je me rappelle encore ce sentiment que je ressentais, lorsque je l’ai pris dans mes mains. Bizarrement, ce n’est peut-être pas celui auquel vous pensez en lisant ces lignes.

Pour vous mettre en contexte, l’année qui a suivi la fin de mes études universitaires a été très difficile sur le plan personnel.

Prisonnier de mon propre cerveau, pris dans cette transition vers la vie professionnelle qui était beaucoup plus complexe que je ne le croyais. J’étais en dépression.

Heureusement, avec du travail sur moi-même, l’aide de mes proches et de la consultation avec des professionnels de la santé, je m’en suis sorti.

Aujourd’hui, je regarde le chemin parcouru et j’ai l’impression que ces années me semblent si lointaines, alors qu’elles ne le sont pas tant que ça.

Absolument toute ma carrière a pris un 360 (pour le mieux) depuis l’université. Alors, quand je repense à mon parcours universitaire, je me demande parfois ce qu’il en reste, quelle en aura été sa vraie valeur.

Pour vous exprimer ma réflexion sur le sujet, laissez-moi vous raconter une nouvelle étape professionnelle dans ma carrière.

En janvier dernier, je commençais (à mon plus grand bonheur) une charge de cours comme professeur au collégial pour un cours d’administration en sciences humaines.

Alors, un vendredi matin de janvier, face aux 34 étudiants qui se sont retrouvés devant moi, je me suis moi-même replongé dans mes souvenirs d’étudiants. À cet âge, un monde de possibilités s’offre à nous. Bien que nous soyons parfois inconscients de la chance que nous avons de faire des études supérieures, qu’en est-il de la vraie valeur de celles-ci?

Est-ce que ce sont les acquis académiques ou nos résultats aux examens dont on se rappelle? Entre vous et moi, qui ici se rappelle chacun de ses cours du collégial ou de l’université? C’est ce que je croyais, pas grand monde!

Personnellement, je me rappelle curieusement les cours où j’ai eu le plus de difficultés. Est-ce donc dire que l’école nous apprend à surmonter les difficultés pour que nous soyons capables d’en faire de même ensuite sur le marché du travail?

Possible.

Cependant, cela ne constitue pas selon moi la vraie valeur du diplôme universitaire. En effet, au-delà des méthodes de travail apprises et le fait de pouvoir démontrer que nous sommes capables de commencer et terminer un cursus scolaire complet, la vraie valeur est pour moi autre chose.

Je crois que le plus grand cadeau de mon baccalauréat a été les gens que j’ai rencontrés durant mon parcours. Les contacts que je me suis faits durant mon parcours à HEC Montréal sont beaucoup plus valorisants pour moi qu’un bout de papier avec mon nom dessus. Vous connaissez l’adage n’est-ce pas: «En affaires, ce n’est pas ce que tu sais, mais bien qui tu connais.»

Comme dirait mon père, on ne sait jamais ce peut devenir une personne. D’ailleurs, si vous voulez comprendre pourquoi je dis ça, allez lire mon article sur les 10 conseils d’affaires de mon père.

Les personnes, le contact humain, voilà les vraies richesses de ce monde et voilà où la valeur d’un diplôme universitaire prend tout son sens: les gens. Les fameux contacts, le réseautage, les 5@7, les partys de session, les activités universitaires parfois plus loufoques les unes que les autres.

Mes meilleures «notes» je les ai eues en faisant rire une personne, en m’étant intéressé pour de vrai à la vie d’un autre étudiant en dehors de l’école, en parlant aux gens, en les écoutant.

Avec l’univers des médias sociaux et du numérique, nous avons tendance à oublier l’importance du contact humain. On veut aller vite, on veut performer, mais à quoi bon, si on ne s’intéresse pas réellement aux gens qui nous entoure.

Je continue mon explication en vous partageant quelques observations de nouveau professeur au collégial.

Je continue mon explication en vous partageant quelques observations de nouveau professeur au collégial.

Premièrement, il y a encore énormément de pression de performance académique. J’essaie donc toujours de relativiser les choses pour mes étudiants. Un examen n’est pas notre vie entière. Une note ne reflète pas qui nous sommes comme individu dans la vraie vie.

Deuxièmement, si l’on s’intéresse réellement aux étudiants qui ont moins bien performé, on remarque que ces derniers en savent souvent beaucoup plus que ce que leur examen nous démontre.

Je crois donc qu’être à l’écoute et être dans l’encouragement peut changer une mauvaise note en motivation supplémentaire et ainsi, avoir une plus grande répercussion positive. 

Troisièmement, la manière dont on se fait enseigner est directement liée avec la manière dont nous répondrons aux examens. Ceci peut être confrontant pour certains étudiants, qui sont habitués d’apprendre d’une façon précise.

Devoir s’adapter à un prof différent, nous demande alors une certaine vulnérabilité.

Remarquez-vous comment chaque apprentissage se transpose dans la vie professionnelle?

En conclusion, selon moi, un diplôme c’est bien plus que des notes sur un bout de papier. C’est une manière de mieux se connaître soi-même, pour ensuite affronter plus facilement notre parcours professionnel. La cote R, le GPA, les examens, les bonnes réponses, les notes, sont simplement là pour valider des acquis théoriques. 

Les vrais acquis sont ceux que nous faisons dans l’introspection nécessaire pour retenir ce qui nous rendra bon dans la pratique. Chaque jour je me rappelle que c’est un privilège pour moi de pouvoir enseigner et transmettre mes connaissances, mais le message que je veux que les jeunes retiennent se trouve en dehors des examens, des notes et des exercices.

Je ne le répèterai jamais assez, mais la vraie valeur des études supérieures se résume à ceci: l’humain.

Croyez-moi, ce n’est pas une moyenne académique, qui déterminera ce que le futur vous réservera.

La preuve, j’ai été un «C student» toute mon université et maintenant j’ai la chance d’enseigner au collégial! 

 

 

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