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Les écoles de gestion doivent continuer à creuser les bases

Emilie Laperrière|Édition de janvier 2024

Les écoles de gestion doivent continuer à creuser les bases

En plus d’aborder le développement durable et la diversité, les écoles de gestion continuent de creuser les bases, telles que la pensée stratégique et la comptabilité. (Photo: 123RF)

MBA. Si les étudiants au MBA planchent aujourd’hui sur des questions incontournables, comme le développement durable ou la diversité, les écoles de gestion ont tout intérêt à continuer de creuser les bases, telles que la pensée stratégique et la comptabilité, pour former adéquatement les leaders de demain.

Essentielle, la fiscalité au MBA? Absolument, croit le responsable du programme à l’Université de Sherbrooke, Yves Trudel. Même si la maîtrise en administration des affaires forme des généralistes et non des spécialistes, certaines notions se révèlent primordiales pour l’ensemble des gestionnaires, quel que soit leur domaine.

«La fiscalité fait partie de notre identité à Sherbrooke, souligne Yves Trudel. Ceux qui suivaient le cours optionnel sur le sujet avaient tellement d’avantages par rapport aux autres — pour un paquet de détails techniques — qu’on l’a rendu obligatoire. On aurait dû le faire avant.»

Selon lui, il y a une tonne de décisions d’affaires qui peuvent devenir rentables (ou pas) si l’on tient compte de la fiscalité. «On peut difficilement imaginer un MBA où nos étudiants n’ont pas toutes les notions fiscales nécessaires pour prendre des décisions éclairées. En plus, le chargé de cours, Hugo Jackson, est extraordinaire.»

L’établissement d’enseignement supérieur a également ajouté le cours «Décisions et gestion stratégique des risques» ainsi que quelques autres pour «consolider les bases».

 

Une démarche intégrée

Le directeur du programme de MBA pour cadres de l’ESG UQAM, Kamal Bouzinab, abonde dans le même sens. «C’est nécessaire de continuer à enseigner les fondamentaux, tout en insérant de nouveaux enjeux à travers ça», croit-il. Il relève par exemple que la fiscalité affecte les décisions liées à la durabilité. La pensée stratégique, elle, permet d’avoir une compréhension plus large de l’interaction entre les différents éléments, comme la technologie ou la macroéconomie.

«Les gestionnaires doivent à la fin de leur MBA avoir une vision à 360 degrés. On ne peut pas enseigner juste la durabilité. On formerait ainsi des gestionnaires dépourvus de la capacité de comprendre la complexité du monde dans lequel on vit. Il faut avoir une approche intégrée.»

Avec l’évolution des environnements d’affaires, on fait confiance à un détenteur de MBA pour sa capacité à aborder les défis complexes des entreprises et à créer de la valeur, croit aussi Kevin J. Johnson, directeur du programme de MBA à HEC Montréal.

«La stratégie est au cœur de notre programme. En étant connecté avec les entreprises, avec les dirigeants et les entrepreneurs, on s’assure que nos fondements sont constamment remis au goût du jour.»

 

L’incontournable développement durable

N’empêche que le développement durable fait partie des principales préoccupations des étudiants. Cette «soif» pour le sujet est d’ailleurs l’un des changements majeurs des dernières années, affirme Alain Pinsonneault, codirecteur de l’EMBA McGill-HEC.

«C’est devenu aussi important pour eux que tout le reste, constate-t-il. Les participants tiennent à notre module sur le développement durable. On essaie d’intégrer ce thème dans tout le programme. On en parle en lien avec la création de valeurs, en comptabilité, en finance…» L’Université Concordia adopte la même formule, tout comme l’Université Laval.

Cette dernière se démarque des autres programmes MBA en n’offrant aucun cours au choix. Tous les étudiants, qu’ils soient fiscalistes ou ingénieurs, suivent le même parcours afin de garder l’effet cohorte.

Ils apprennent ainsi autant des autres que du professeur, estime le directeur du programme, Charles-Olivier Amédée-Manesme. «On avait, par exemple, cette année, un gestionnaire de haut niveau à la Sûreté du Québec. Il connaissait déjà plusieurs outils enseignés dans le cours de gestion de crise. Il a pu expliquer comment lui et son équipe ont géré une prise d’otages.»

 

Partir voir le monde… d’ici

La diversité est dans l’ADN de l’Université Concordia, où l’on peut entendre environ 80 langues différentes sur le campus. Le MBA pour cadres intègre d’ailleurs à son programme un voyage à l’international depuis 1992 pour voir les enjeux de société d’un autre pays, comme le Chili.

«On a réalisé pendant la pandémie qu’on voyage pour voir les autres communautés du monde, mais qu’on en sait très peu sur les peuples autochtones du Québec. Ç’a suscité une grande réflexion», souligne la directrice adjointe du programme, Sharon May Nelson.

Depuis, les voyages sont de retour, mais les cohortes se rendent également à Kahnawake et à Wendake pour échanger avec les membres des communautés. «On en apprend plus sur leurs façons de faire, sur leurs défis et sur les possibilités d’affaires.»

Sharon May Nelson remarque que la durabilité fait partie de leurs grandes forces. «Ça nous donne des idées pour travailler ensemble, pour trouver des solutions éventuelles à leurs enjeux. À tout le moins, l’expérience nous permet de discuter avec eux. C’est un premier pas. »