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La richesse d’une cohorte diversifiée

Emilie Laperrière|Édition de janvier 2023

La richesse d’une cohorte diversifiée

MBA. Une cohorte du programme de maîtrise en administration des affaires (MBA) diversifiée prépare les futurs cadres et dirigeants à tirer profit de cette richesse dans leur gestion. C’est du moins l’avis des experts consultés par Les Affaires. 

« Une ville dans une classe. » C’est ainsi que Gwenaelle Thibaut décrit son expérience au MBA de HEC Montréal. L’avocate de Québec, habituée à un milieu homogène, a découvert l’effet de la diversité sur les bancs d’école. « Les gens viennent de métiers différents, d’origine et de langue différentes, et ils ont des parcours différents. » 

Sa cohorte comptait notamment un pompier, une infirmière et un ingénieur minier. « C’est très rare d’avoir cette richesse de profils au travail. Les groupes sont forts parce qu’ils sont diversifiés. Je n’ai jamais vu autant d’intelligence dans une même pièce. »

Cette constatation a d’ailleurs poussé la directrice du développement des affaires à Montréal International à fonder Ensemble inc., un mouvement visant à encourager la diversité dans le monde des affaires. « Une salle de classe de MBA, c’est l’antithèse d’une chambre d’écho où l’on est entouré de gens du même avis. Tout le monde est là pour se contredire, se challenger et jouer à l’avocat du diable. » Elle ajoute que c’est en voyant tous les angles d’un problème qu’on avance dans ses réflexions. « Pour une entreprise, avoir des équipes diversifiées, c’est payant sur plusieurs aspects, comme la rétention des employés. »

 

Meilleure performance 

Les chiffres tendent à lui donner raison. Selon l’étude « La diversité au travail au Canada », publiée par la firme McKinsey en 2022, les entreprises diversifiées sont susceptibles de surpasser de 25 % à 35 % la performance des sociétés qui ne se distinguent pas à ce chapitre. 

« Elles performent mieux parce qu’elles prennent de meilleures décisions, comprennent mieux les besoins de leurs clients et elles sont plus innovantes », explique l’associée et experte de McKinsey, Natasha Bergeron. La diversité représente également un avantage concurrentiel pour attirer les talents. Par exemple, 52 % des employés issus de la diversité vont refuser de travailler pour une entreprise qui ne se positionne pas sur la question. 

Titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal, Tania Saba estime que les entreprises doivent faire plus. « Il faut appliquer le concept de diversité à tout, des réunions au recrutement en passant par les décisions de la direction. C’est un incontournable », assure-t-elle, en ajoutant que les gestionnaires doivent posséder les connaissances afin de corriger le tir au besoin.

 

Un apprentissage concret 

Le directeur des programmes de MBA à l’Université Laval, Serge Kablan, abonde dans le même sens. « On intègre la notion dans nos cours pour que les futurs gestionnaires aient les outils nécessaires pour l’appliquer ensuite en entreprise », dit-il.

L’établissement offre par exemple certains cours dans lesquels les étudiants doivent poser un diagnostic EDI (pour équité, diversité et inclusion) dans une organisation. « Ils déterminent les problèmes, proposent des solutions et les mettent en place », illustre Serge Kablan.

Maudeleine Myrthil ne pourrait être plus d’accord. La diplômée de l’UQAM, qui sortait du lot à l’époque de sa maîtrise en 2009-2012, se réjouit de voir la photo de la plus récente cohorte. « Ça ressemble un peu à l’ONU, c’est très rafraîchissant. »

Natasha Bergeron détient aussi le titre de MBA. Pour elle, la richesse du programme réside dans la cohorte. « L’objectif du MBA est de développer du talent et c’est un grand bassin de recrutement pour les entreprises. Les universités doivent fournir des profils divers aux organisations. » Elle croit qu’une cohorte diversifiée est un atout pour le monde du travail. « Les entreprises qui progressent ont des leaders qui croient en la diversité, qui comprennent pourquoi elle est importante et s’engagent à la promouvoir », croit-elle.

L’experte de McKinsey souligne qu’il faut apprendre comment être un gestionnaire inclusif et un bon allié. « Il faut pouvoir reconnaître les biais inconscients et intervenir. Par exemple, sait-on comment réagir si un gestionnaire a tendance à couper la parole à la femme moins expérimentée dans l’équipe ? »

 

Répondre aux défis actuels

Selon Maudeleine Myrthil, la diversité au MBA est essentielle. « Une cohorte diversifiée est le reflet de la société actuelle. Les entreprises ne sont pas composées uniquement de personnes caucasiennes âgées de 30 à 40 ans. C’est important que les dirigeants soient au fait des nouveaux défis concernant le marché du travail. » Elle soutient que la diversité, tout comme les femmes à la tête des organisations, vient enrichir celles-ci. « C’est un regard différent. »

Elle conseille aux universités de conserver des statistiques sur la diversité pour s’assurer de garder le cap. La suggestion trouve écho auprès de Tania Saba. « Comme tout programme, il faut voir comment il évolue pour répondre aux défis actuels, comment il réfléchit à ses problèmes en intégrant différentes dynamiques. »