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Le monde comme terrain d’apprentissage

Emilie Laperrière|Édition de janvier 2023

Le monde comme terrain d’apprentissage

«On peut maintenant échanger avec des experts et des conférenciers internationaux», souligne le directeur du programme de MBA de HEC Montréal, Kevin J. Johnson. (Photo: 123RF)

MBA. Signe des temps, l’enseignement en mode hybride s’est taillé une place au sein des programmes de maîtrise en administration des affaires (MBA) du Québec. Cette nouvelle façon de faire n’a pas qu’apporté plus de flexibilité aux étudiants ; elle a ouvert les frontières. Voici comment. 

Le directeur du programme de MBA de HEC Montréal, Kevin J. Johnson, est formel : la formule hybride adoptée par l’université a permis d’outrepasser les limites de la salle de classe. « On peut maintenant échanger avec des experts et des conférenciers internationaux. Ça permet aussi d’amener plus facilement les entreprises en salle de classe afin d’apprendre autour de projets concrets. Le seul obstacle, aujourd’hui, ce sont les fuseaux horaires. »

L’an prochain, le MBA de HEC Montréal se donne la mission d’intégrer les étudiants étrangers, notamment par ses parcours de francisation et ses stages en français en entreprise. « Pendant que la pression à l’internationalisation en anglais se fait pressante, on veut intégrer ces talents d’ailleurs dans nos réseaux professionnels québécois pour garnir les rangs de nos organisations et contribuer de façon pérenne au Québec », précise Kevin J. Johnson.

 

S’ouvrir à de nouvelles collaborations

Le MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) compte tout un réseau international. Il se retrouve dans 12 pays, dont la Chine et le Mexique. « L’expérience permet d’échanger avec des cadres d’ailleurs et d’établir des contacts à l’international », souligne le directeur du programme, Kamal Bouzinab. 

L’école d’été a aussi repris son envol en 2022. « Pour la première fois depuis 2019, des cadres vietnamiens, polonais, roumains et québécois se sont retrouvés à Montréal. » L’expérience est réalisée en collaboration avec des entreprises. Les étudiants se penchent sur un cas réel, en visitant la société et en discutant des problèmes avec les dirigeants. C’est CAE, un leader en simulation de vols, qui s’est cette fois prêté à l’exercice.

L’université s’ouvre également à de nouvelles collaborations. Le MBA pour cadres s’associe par exemple avec l’incubateur MTLab depuis l’automne dernier. « Nos étudiants agissent comme mentors pour accompagner les jeunes pousses dans leur croissance, de concert avec leurs dirigeants. »

L’ESG UQAM travaille en outre en partenariat avec l’École de technologie supérieure (ETS). Des étudiants du MBA pour cadres sont ainsi jumelés avec des étudiants à la maîtrise en technologie pour développer une idée d’entreprise, qu’ils présentent ensuite devant un panel d’experts.

 

Des dirigeants responsables

L’Université Laval se veut aussi ouverte sur le monde. Même pendant la pandémie, le volet international a été maintenu… en virtuel. « Les étudiants pouvaient assister aux cours en ligne d’autres universités. On a fait de même pour les étudiants étrangers », explique Serge Kablan, directeur des programmes de MBA. 

Maintenant que les étudiants peuvent repartir, le professeur espère qu’ils ont envie de découvrir le monde. « Il faut se confronter à d’autres cultures, à différentes langues, à différents paradigmes d’affaires pour devenir des leaders responsables », croit-il.

 

Se découvrir 

Gwenaelle Thibaut a terminé son MBA à HEC Montréal en 2017. L’avocate, qui pratiquait alors dans de grands cabinets, ne se sentait pas à sa place. La formation a transformé sa vie professionnelle. « J’ai fait un campus en Chine pendant mon MBA. On est partis pendant plusieurs semaines en groupe. Chaque jour, on rencontrait deux entreprises dans différentes villes », raconte-t-elle. 

L’expérience en sol étranger a rappelé à cette diplômée en relations internationales à quel point cet aspect lui manquait. « Je me suis dit que si je pouvais être payée pour accompagner des entreprises à l’international, ce serait un rêve. » C’est ainsi qu’elle a appris l’existence des agences de développement économique, comme Montréal International, pour qui elle travaille maintenant depuis cinq ans à titre de directrice du développement des affaires.

 

Apprendre à s’adapter

Le séjour à l’international a également eu des conséquences majeures sur la carrière de l’entrepreneuse Mylène Raymond, qui possède un MBA de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) en gestion des PME depuis 2022. Dans le cadre de sa formation, elle a étudié à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale de même qu’à la Harvard Business School.

« En Suisse, je me suis spécialisée en entrepreneuriat pour devenir une leader plus humaine, explique-t-elle. À Harvard, je me suis concentrée sur l’innovation et son implantation en entreprise. Ça a tout changé. Je ne connaissais rien à la gestion d’une entreprise avant. » 

Elle avoue que le choc culturel qu’elle croyait avoir en Suisse s’est plutôt fait sentir en travaillant avec les Américains. « J’ai beaucoup appris », dit Mylène Raymond en riant. Elle est désormais convaincue qu’il faut s’adapter pour qu’une relation d’affaires à l’international fonctionne. « Il y a des petits trucs qu’on peut dire ou faire qui peuvent briser le lien d’affaires. Il faut être à l’écoute et se renseigner sur les mœurs et coutumes de l’autre. »