La collaboration au coeur du projet Rose lithium-tantale
Pierre Théroux|Édition de la mi‑novembre 2019L’Entente Pikhuutaau prévoit la participation des parties cries avec Corporation Lithium Éléments Critique pour assurer la surveillance environnementale pendant toutes les phases du projet du gisement Rose sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James. (Photo: Corporation Lithium Éléments Critique)
INDUSTRIE MINIÈRE. Corporation Lithium Éléments Critique a fait un pas de plus dans la réalisation de son projet visant à extraire du minerai de lithium et de tantale contenu dans le gisement Rose, sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James.
L’entreprise d’exploration a en effet conclu, en juillet dernier, une entente de collaboration avec la nation crie d’Eastmain, le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) et le Gouvernement de la nation crie afin de maximiser les retombées économiques du projet Rose lithium-tantale, tout en y développant un projet socialement acceptable et respectueux de l’environnement.
La collaboration entre toutes les parties a toujours été une grande priorité pour Corporation Lithium Éléments Critique, affirme son chef de la direction, Jean-Sébastien Lavallée. «Depuis plusieurs années, dès les débuts de l’élaboration du projet, en fait, nous avons été régulièrement en contact avec les représentants de la communauté afin de nous assurer de sa bonne marche», précise celui qui dit être très fier de cette entente «fondée sur la confiance et le respect mutuel, dans une perspective de développement durable».
Cet accord, appelé Entente Pikhuutaau, témoigne de l’appui de la nation crie d’Eastmain, et de la nation crie dans son ensemble, au développement du projet Rose lithium- tantale sur ce territoire du Nord-du-Québec.
«Cette entente constitue une étape importante qui assure à la nation crie d’Eastmain une participation active dans le processus de prise de décision», a souligné lors de l’annonce le chef Kenneth Cheezo, de la nation crie d’Eastmain, par voie de communiqué. «Les générations futures continueront de bénéficier de cet accord ainsi que des possibilités d’emploi et d’affaires qu’il apportera.»
L’Entente Pikhuutaau prévoit en effet des occasions d’affaires, d’emplois et de formation pour les Cris, particulièrement ceux d’Eastmain. Et si le texte ne chiffre pas les retombées économiques prévues, «Éléments Critique va faire en sorte qu’il y ait le plus de contrats et d’emplois possibles pour les communautés cries», indique M. Lavallée. Pour ce faire, des formations seront offertes pour pourvoir différents postes éventuellement offerts, comme ceux d’opérateur de machinerie lourde ou de technicien d’usine.
Surveillance environnementale
L’Entente Pikhuutaau prévoit la collaboration et la participation des parties cries avec la société minière pour assurer la surveillance environnementale pendant toutes les phases de ce projet, dont la construction doit s’amorcer au printemps 2020.
En mars, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE) a confirmé que l’étude d’impact environnemental du projet minier Rose lithium-tantale, initialement déposée le 2 août 2017, était considérée comme complète. Il s’agissait d’une étape importante aux fins de l’autorisation du projet. La société minière avait auparavant signé une entente avec la nation crie d’Eastmain et la société Niskamoon, pour la mise en place d’un projet d’amélioration des frayères aux esturgeons jaunes de la rivière Eastmain.
L’Entente tient aussi compte des activités traditionnelles cries. Les membres de cette communauté qui travailleront sur le projet Rose lithium-tantale pourront en effet s’adonner aux activités saisonnières de chasse et de pêche. Toutefois, précise M. Lavallée, «nous avons convenu qu’ils ne partiront pas tous en même temps, afin de ne pas nuire aux activités de l’usine».
Des relations nécessaires et durables
L’aboutissement de cette entente témoigne des efforts déployés de part et d’autre, depuis le début du projet, afin d’encadrer la relation pendant les prochaines étapes de la construction, l’exploitation et la restauration de la mine, commente Valérie Fillion, directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec.
«Il est important que les entreprises d’exploration, dès les premiers pas de leur projet, soient en contact avec les communautés et les gens à proximité, l’objectif étant de fournir l’information nécessaire à la bonne compréhension des activités d’exploration et de prendre en compte les préoccupations émises par les communautés», précise-t-elle.
Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec, se réjouit aussi de cette nouvelle entente. «Ça démontre l’évolution positive des relations entre l’industrie minière et les communautés, et la volonté de travailler et de collaborer sur le développement de projets», constate-t-elle.
Elle fait valoir que d’autres ententes du genre ont déjà été signées dans le passé pour des projets dans le Nord-du-Québec, dont le partenariat d’affaires conclu par la société minière Goldcorp avec la nation crie d’Eastmain et la communauté jamésienne pour la mine d’or Éléonore, située à la Baie-James. Ou encore la convention Mecheshoo signée entre Stornoway, la nation crie de Mistissini et le Grand Conseil des Cris concernant les répercussions et les avantages du développement de la mine de diamants Renard, également située dans la région de la Baie-James.
«Ce sont toujours des ententes négociées en tenant compte des besoins exprimés par toutes les parties, et qui peuvent être différentes l’une de l’autre, conclut Mme Méthot. Dans tous les cas, elles se font de gré à gré et à la satisfaction de tous.»