Un partenariat pour «avoir les coudées franches»
Philippe Jean Poirier|Édition de la mi‑octobre 2024Après 20 ans à brasser des affaires en famille, Zyromski Horticulture s’est jointe au groupe Oliva Horticulture. Nicolas Zyromski désire ainsi sortir des sentiers battus grâce à une équipe plus large et qui pense différemment. (Photo: courtoisie)
MOIS DE LA PME. Seul intéressé à reprendre l’entreprise familiale, Nicolas Zyromski ne sentait pas qu’il avait les coudées franches pour amener les serres de Zyromski Horticulture vers une nouvelle étape de croissance. C’est pourquoi l’entrepreneur de Rivière-Rouge s’est joint au groupe Oliva Horticole en août dernier. Retour sur un partenariat « local » qui envisage déjà la conquête de marchés hors Québec.
En mai dernier, Nicolas Zyromski a assisté au salon professionnel Cultivate, aux États-Unis, comme il le fait chaque année depuis 18 ans. À une différence près : il y était avec son nouveau partenaire d’affaires, Julien Trussart, cofondateur du groupe Oliva Horticulture. « À la fin de la journée, au 5 à 7, on s’est débouché une bière en se disant : “C’est quand même fou, toutes les nouvelles personnes que l’on a pu rencontrer, juste par le fait de présenter à l’un et l’autre nos réseaux respectifs”, raconte Julien Trussart. Quand on est revenus de Cultivate, on s’est mis à la table à dessin avec plein de nouvelles idées. »
C’est exactement la nouvelle dynamique que Nicolas Zyromski voulait introduire dans son entreprise. « Quand tu es le seul enfant de la famille qui veut reprendre l’entreprise familiale, à un moment donné, tu te sens un peu seul là-dedans. C’était important pour moi d’avoir accès à une équipe plus large, qui m’aide à brainstormer et à penser différemment après 20 ans à faire les choses en famille. » Le groupe horticole et les serres Zyromski partagent la même vision de grandir en Ontario et aux États-Unis, en présentant une offre de produits complémentaires, le premier étant spécialisé dans les arbustes vivaces et les seconds, dans les boutures.
Plus largement, Oliva Horticulture se présente comme une organisation de soutien de gestion aux entreprises qui se joignent à son groupe. Oliva a un directeur de la transformation numérique et de l’intelligence d’affaires, ainsi qu’une division génie logiciel (Oliva Tech), qui offre un soutien technologique pour l’exploitation d’un progiciel de gestion intégré (ERP) et d’un autre qui gère la relation client (CRM). « Notre approche est axée sur l’amélioration de l’expérience client. Nos outils permettent d’offrir une meilleure liste de disponibilité de produits et de planification prise des commandes, explique Julien Trussart. Nicolas avait déjà un ERP ; nous voulons l’aider l’exploiter au maximum, puis implanter un CRM. »
Efficacité et partage
Depuis la mise en place du partenariat, une des premières actions posées par le groupe a été de faire venir un des experts mondiaux en horticulture pour tout ce qui concerne les pratiques agiles. L’expert de FloVision a visité les pépinières d’Oliva, puis les serres de Zyromski. « Nous avons fait évaluer nos pratiques et obtenu un plan de modification pour nous assurer que nos techniques de production sont les plus efficaces possible. Ce n’est pas quelque chose que l’on aurait pu se permettre, individuellement. »
Nicolas Zyromski compte évidemment profiter de la synergie du « groupe ». Au programme : partage de l’équipement, partage des ressources et de l’expertise marketing, réduction de la facture d’approvisionnement en commandant de plus gros volumes puis, éventuellement, embauche d’une « force de vente commune » pour développer les marchés américain et ontarien. Finalement, au chapitre de la logistique, les serres Zyromski ont besoin d’un livreur d’octobre à juin, alors que les tourbières du groupe Oliva Horticulture en ont besoin d’avril à octobre. « Ce sera beaucoup plus facile d’embaucher un livreur en offrant du travail toute l’année. »
Bien sûr, il y a un aspect financier à ce nouveau partenariat. Bien que les serres Zyromski Horticulture demeurent une entreprise indépendante, avec son propre carnet de commandes, il n’en reste pas moins que le groupe Oliva Horticulture a pris une part dans l’actionnariat de l’entreprise. « Dans le marché agricole et horticole, ce sont de grosses bouchées à prendre pour la relève d’entreprise, fait valoir Julien Trussart. Il y a de grosses sommes en jeu, à cause de la valeur des terres, des bâtiments et des équipements. La question qui se pose, c’est : est-ce que je continue seul en consacrant tous mes efforts à rembourser une dette ou est-ce que je le fais en partenariat afin d’avoir les coudées franches pour la suite ? » L’entrepreneur de Rivière-Rouge a, de toute évidence, choisi la seconde option.