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Allier ingénierie et entrepreneuriat pour faire avancer le monde

Maxime Bilodeau|Édition de la mi‑mars 2022

Allier ingénierie et entrepreneuriat pour faire avancer le monde

L’entreprise de Granby Faction Bike Studio est présidé par Érick Auger, qui est également membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec, tout comme la plupart de ses employés. (Photo: courtoisie)

MOIS DU GÉNIE. La conception de vélos ne figure pas parmi les actes exclusifs aux ingénieurs. Cela n’empêche pas Érick Auger, président et cofondateur de Faction Bike Studio, une entreprise de Granby qui a peut-être fabriqué le vélo de montagne sur lequel vous jouez au trompe-la-mort, de faire partie de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

L’ingénieur mécanique n’est pas le seul; la plupart de ses 21 employés sont eux aussi membres en règle de cet ordre professionnel. Une simple question de plus-value, fait valoir cet ancien de Devinci, un fabricant de vélos basé à Saguenay.

«Ça vient avec des responsabilités en matière de sécurité du public. Comme la normalisation est déficiente dans le domaine du vélo, nous allons plus loin que demandé», explique l’homme d’affaires. Son entreprise, spécialisée dans les cadres de vélo de tous les types, se fait donc un devoir de livrer des produits de qualité irréprochable avant leur production et leur mise en marché.

Visiblement, cette approche de type «bon père de famille» lui réussit.

Depuis sa création en 2010, Faction Bike Studio a réalisé près de 300 projets avec 80 marques éparpillées aux quatre coins de la planète. «Le code de déontologie des ingénieurs fournit des lignes de conduite et de bonnes pratiques, souligne Érick Auger. C’est un défi constant de l’appliquer dans le contexte particulier [à l’international] qui est le nôtre.»

 

Moins vite, plus loin

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle, estime Dragan Tutic, PDG et cofondateur d’Oneka Technologies. Cette entreprise de Sherbrooke a mis sur pied une bouée capable de produire de l’eau potable à partir de l’eau salée avec le va-et-vient des vagues de la mer. Ce système de dessalement n’utilise pas de combustibles fossiles, contrairement aux autres sur le marché.

«Ces balises [issues du code de déontologie des ingénieurs] constituent une force plutôt qu’une contrainte. Elles incitent les ingénieursentrepreneurs à être encore plus rigoureux, entre autres dans la conception de produits de nature technologique», pense cet ingénieur mécanique. Il sait de quoi il parle: six générations de bouées ont été nécessaires avant d’arriver au prototype qui est aujourd’hui rendu à l’étape de la commercialisation.

«Nous avons renforcé notre processus de développement au fil du temps. En étant plus diligents dans les phases initiales, nous sauvons du temps et de l’énergie dans les phases subséquentes.»Le jeune entrepreneur se souvient d’ailleurs avec nostalgie des débuts d’Oneka Technologies, née il y a une décennie entre les murs de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke, puis officiellement lancée en 2015.

À l’époque, l’accent était mis sur l’unité de dessalement plutôt que sur les besoins du marché — un nombre croissant de la population mondiale vit grâce au dessalement de l’eau. Une erreur, avoue avec le recul Dragan Tutic. «Un ingénieur comprend souvent mieux le produit que le problème qu’il cherche à résoudre, alors que ce devrait être le contraire», note-t-il.

C’est pourquoi ce dernier gagne à s’entourer de personnes capables de le ramener au portrait d’ensemble. C’est un lieu commun: sans réseau de contacts, point de salut. «Comme chercheur, je suis habitué à travailler dans mon laboratoire. Or, il faut sortir de sa bulle et aller à la rencontre de l’autre pour faire avancer une idée», conseille Mohamed Khalil, fondateur de Pyrocycle.

La jeune pousse table sur un procédé thermochimique non polluant pour redonner une seconde vie aux appareils électroniques. L’entreprise de quatre employés s’inscrit en ce sens dans une logique d’économie circulaire, surtout si l’on considère que seulement 20 % des 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques qu’a généré l’humanité en 2019 ont été recyclés de façon adéquate, selon l’Organisation des Nations unies.

Dès 2017 et tout au long de son doctorat en génie chimique réalisé à Polytechnique Montréal — et dont il s’apprête à soutenir la thèse —, Mohamed Khalil a couru les 5 à 7, les conférences et autres activités de réseautage. «J’avais plusieurs portes auxquelles cogner, heureusement», se souvient celui qui a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise en Égypte avant d’immigrer au Québec.

«Quand j’ai besoin d’un conseil, d’un truc ou d’un avis, je sais désormais qui appeler. C’est précieux dans la vie d’un entrepreneur.»