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Miser sur les collaborations régionales pour recruter

Simon Lord|Édition de la mi‑mars 2024

Miser sur les collaborations régionales pour recruter

Sébastien Fecteau, vice-président exécutif de WSP pour le Québec (Photo: courtoisie)

MOIS DU GÉNIE. Montréal sera touchée dans une moindre mesure par la rareté anticipée de main-d’œuvre en génie, selon un rapport de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). En région, certains types d’employeurs doivent anticiper des défis. Parmi les solutions : miser sur les collaborations régionales et mieux recruter.

Publié en novembre par l’OIQ, le rapport « Offre et demande de professionnelles et professionnels en génie au Québec — Horizon 2033 » prévoit une adéquation différée de l’offre de main-d’œuvre en génie selon les régions d’ici dix ans.

Selon le document, la rareté de main-d’œuvre se fera particulièrement sentir dans les régions des Laurentides, de Lanaudière, de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale.

« C’est beaucoup la croissance économique et démographique qui s’y profile qui va exacerber le besoin d’ingénieurs et accentuer la pénurie dans ces quatre régions-là », explique Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre.

À l’inverse, Montréal et Laval seront avantagées par une hausse de l’offre : c’est qu’elles attirent un nombre important de personnes immigrantes et regroupent plusieurs établissements d’enseignement, qui alimentent le bassin de main-d’œuvre.

En génie chimique, par exemple, il est prévu que la métropole bénéficiera d’un léger surplus au cours de la prochaine décennie alors que Lanaudière souffrira d’un déficit. Similairement, alors que l’offre de main-d’œuvre sera seulement en léger déficit à Laval dans les domaines du génie informatique et logiciel, de même qu’électrique et électronique, la région de Chaudière-Appalaches connaîtra un déficit marqué.

« En Outaouais, il y a aura également une pénurie importante dans divers domaines, notamment, en génie informatique, dit Sophie Larivière-Mantha. Dans ce cas-ci, on estime que c’est la présence de nombreux employeurs fédéraux à proximité, à Ottawa, qui vient mettre de la pression sur la région. »

 

Des efforts de collaboration interbureaux

À CIMA+, on convient que la demande et la disponibilité de main-d’œuvre représentent un dossier chaud. Comptant quelque 2000 employés répartis dans 15 bureaux à travers le Québec, la firme est active presque partout dans la province.

Grâce à une politique de travail hybride de même qu’à des efforts de collaboration interbureaux — les ingénieurs de l’entreprise travaillent de différents endroits au Québec sur des projets dans leur propre région comme dans une région différente —, la firme dit toutefois profiter d’une grande flexibilité. Elle espère ainsi éliminer en bonne partie cette barrière géographique.

« Par exemple, des membres de nos équipes de Gatineau, Montréal, Sherbrooke, Saguenay et Québec travaillent présentement sur des projets sur la Côte-Nord, où nous avons aussi deux bureaux, à Sept-Îles et à Baie-Comeau », explique Denis Thivierge, président et chef de la direction de CIMA+.

À WSP, une autre grande firme de génie-conseil, même son de cloche : la possibilité de travailler sur des projets à distance viendra amenuiser le défi de la main-d’œuvre en région.

« Au Québec, on a 30 bureaux régionaux répartis à travers les 17 régions administratives de la province. C’est important d’être présent localement pour être proche des clients et comprendre le contexte du marché régional », explique d’emblée Sébastien Fecteau, vice-président exécutif de WSP pour le Québec.

Mais si la main-d’œuvre est difficile à trouver dans une région, les autres bureaux de l’entreprise pourront s’activer pour réaliser les mandats. Étant donné que WSP compte 3000 employés au Québec, dont environ 1800 dans les grandes régions de Montréal et de Québec, Sébastien Fecteau anticipe dans l’ensemble être capable de trouver les bons experts au bon moment. « On va s’assurer de maximiser notre force de frappe en allant chercher les spécialistes là où ils sont. Quand le besoin est là, on le fait même déjà [à l’échelle] nationale », explique-t-il.

 

Recruter mieux

Les deux firmes de même que l’Ordre prévoient déployer des efforts pour mieux faire face à un manque de main-d’œuvre potentiel.

À l’OIQ, on vient par exemple de lancer le nouveau site ingemplois, qui connecte la base de données des membres de l’Ordre à la recherche d’emploi. Cela permet à une firme qui recherche un ingénieur spécialisé dans une région spécifique de connaître le bassin approximatif de professionnels ayant les compétences recherchées.

« Ce n’est pas magique, on ne peut pas inventer des ingénieurs, mais ça donnera l’heure juste aux employeurs », dit la présidente de l’OIQ. Ceux-ci pourront alors planifier leurs besoins et deviser des solutions.

Les firmes, quant à elles, déploient des efforts pour attirer les jeunes chez eux, mais aussi plus largement dans l’industrie.

CIMA+, par exemple, vante être certifiée Employeur de choix par Kincentric en plus d’offrir un mode de travail hybride, un programme de mieux-être et un service de télémédecine gratuite et illimitée.

À WSP, Sébastien Fecteau parle de l’implication de son entreprise en vue de faire rayonner l’industrie auprès des jeunes. « On s’implique notamment dans l’Association des firmes de génie-conseil du Québec pour faire valoir la profession dans les écoles, autant au secondaire qu’au cégep et à l’université. Parce qu’il faut le dire, en région ou à Montréal, le recrutement demeure un de nos plus gros défis. »