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Transition climatique des entreprises: de l’éveil et à l’action

Philippe Jean Poirier|Édition de la mi‑novembre 2023

Transition climatique des entreprises: de l’éveil et à l’action

Les PME (de 10 à 249 employés) ne sont pas les cancres de la transition climatique, affichant un pointage de 35,7% au-dessus de la moyenne. (Photo: 123RF)

NORMES ESG: 2024 SERA UNE ANNÉE CHARNIÈRE. Le journal Les Affaires présente en exclusivité les résultats du Baromètre de la transition des entreprises 2023, produit par l’organisme Québec Net Positif. L’enquête menée par la firme Léger auprès de 596 chefs d’entreprise au Québec à l’été 2023 montre que si les dirigeants sont plus « conscients » des enjeux climatiques, leurs organisations ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour viser une trajectoire « bas carbone ».

C’est ce que montre le nouvel « indice de la transition des entreprises » créé à l’occasion de cette deuxième édition du Baromètre. L’indice a pour objectif de quantifier le progrès des entreprises du Québec dans le dossier climatique. « Pour obtenir la note de 100%, il faudrait qu’une entreprise ait mis en œuvre toutes les actions requises pour être parfaitement alignée sur une trajectoire de transition bas carbone », résume Anne-Josée Laquerre, directrice générale de l’organisme Québec Net Positif. L’éventail des actions va de « l’optimisation de la gestion de l’énergie » à des « engagements formels de réduction des GES ».

À sa première édition, la note moyenne est un modeste 32,4%. « Seulement 18% des entreprises atteignent la note de passage de 50 %, précise la DG de Québec Net Positif. Nous sommes donc au début d’une transition. » 

En regardant les résultats de manière plus « granulaire », des constats intéressants se dégagent. Premièrement, les PME (de 10 à 249 employés) ne sont pas les cancres de la transition climatique, affichant un pointage de 35,7 % au-dessus de la moyenne. Anne-Josée Laquerre n’aurait pas prédit ce résultat, mais elle reconnaît l’agilité des PME québécoises. « Nous les avons vues à l’œuvre pendant la pandémie: elles ont les réflexions pour se réorganiser rapidement, collaborer et inventer de nouveaux modèles d’affaires. »

Ensuite, l’indice donne quelques pistes pour expliquer le succès des premiers de classe. Les entreprises qui ont su développer une expertise climatique interne ou externe ont un pointage nettement plus élevé (58,2 %) ainsi que celles qui ont un conseil d’administration investi (49,6 %) ou une équipe de direction investie (41,3). 

« Au Québec, nous avons beaucoup d’experts climatiques, souligne Anne-Josée Laquerre. Les entreprises ne doivent pas hésiter à lever la main et à s’entourer d’experts sectoriels ou régionaux. Il y a aussi une grande composante de l’indice qui se trouve dans la chaîne de valeurs. Les entreprises doivent travailler avec leurs fournisseurs pour les aider à réduire leur GES. La transition a aussi un aspect collectif. »

 

«Beaucoup d’enjeux en lien avec le climat»

Si on s’intéresse aux résultats globaux du Baromètre de la transition, qui comprend une trentaine de questions soumises aux dirigeants, on constate que ceux-ci s’éveillent tranquillement à la complexité de la question climatique.

Depuis un an, plus de dirigeants voient « beaucoup d’enjeux en lien avec le climat » dans leur secteur d’activité (34% vs 28%), plus de dirigeants considèrent que les changements climatiques « posent des risques pour leur entreprise » (23% vs 12%). Et le concept d’émissions de GES directs et indirects est désormais compris par le quart d’entre eux (24% vs 14%).

En cours de route, cet éveil de conscience semble avoir créé quelques doutes. De 2022 à 2023, le pourcentage de dirigeants se déclarant « tout à fait confiants » d’être prêts à faire face aux changements climatiques a diminué de 59% à 52%. En contrepartie, le pourcentage d’entreprises qui ne font « aucune action » a reculé de 48% à 43%.

Dans la dernière année, Pauline Robert, directrice du marché du carbone et de la gestion des GES de la firme de consultation Coop Carbone, dit voir une augmentation des demandes d’information et d’orientation de la part d’entrepreneurs « conscients » du problème, mais qui « ne savent pas par où commencer ». Elle remarque qu’un grand nombre d’associations sectorielles et de chambres de commerce se sont aussi mises en branle, en développant des guides et des outils d’accompagnement à la transition.

Le Baromètre de la transition des entreprises apporte des réponses sur ce qui pousse une entreprise à passer à l’action. En tête de liste: la situation mondiale (35%), les préoccupations et les idées des employés et des gestionnaires (35%) et la pression des clients (16%). « C’est intéressant de voir que, comme consommateur, mais aussi comme employé, nous avons un très grand rôle à jouer, note la directrice générale de Québec Net Positif. Il y a quelque chose de puissant dans le fait de pouvoir se dire que, en amenant nos idées au bureau, nous participons à la transition. »