Selon le groupe de recherche InfluenceMap, 95% de ces portefeuilles ne sont pas alignés avec un scénario de neutralité carbone d’ici à 2050, tel que défini par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). (Photo: 123RF)
Paris — Les gestionnaires d’actifs n’en font pas assez pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, selon une étude publiée mardi, qui s’inquiète de voir les gérants américains réduire leurs efforts en matière de climat.
Le groupe de recherche InfluenceMap a étudié les actions et autres titres financiers qui figurent dans les portefeuilles des 45 gérants d’actifs mondiaux les plus importants, tels que Blackrock, Vanguard, ou encore Amundi, et qui comptabilisent un total de 72 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.
Selon l’ONG, 95% de ces portefeuilles ne sont pas alignés avec un scénario de neutralité carbone d’ici à 2050, tel que défini par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
En cumulé, la valeur des actions détenues dans des sociétés de production d’énergies fossiles est 2,8 fois supérieure à celle de leurs investissements verts, tels que définis par la taxonomie verte européenne, précise le rapport d’InfluenceMap.
Les auteurs du rapport ont constaté «un écart important entre la multiplication des engagements de neutralité carbone des plus grands gestionnaires d’actifs du monde et leur manque d’action significative à court terme en matière de climat».
Ils soulignent de plus un contraste entre les gérants européens, comme Natixis et Schroders, qualifiés de bons élèves en matière de composition de leurs portefeuilles, et les sociétés américaines et japonaises.
Les entreprises japonaises Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) et Sumitomo Mitsui Financial Group ainsi que la banque britannique HSBC sont classées lanterne rouge: leurs portefeuilles sont les moins compatibles avec un objectif de neutralité carbone.
Les grandes banques japonaises sont régulièrement pointées du doigt par les organisations environnementales parce qu’elles figurent toujours parmi les grands financeurs mondiaux de projets dans les énergies fossiles, et notamment dans le charbon.
MUFG a toutefois rappelé mardi à l’AFP son objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 dans ses actifs sous gestion. Le groupe a assuré qu’il renforçait le développement de produits d’investissements durables.
«Au Japon et aux États-Unis, les exigences des détenteurs d’actifs ne sont pas aussi élevées qu’en Europe» et la gestion passive de portefeuilles est par ailleurs plus répandue dans l’archipel nippon, a encore justifié MUFG.
S’agissant d’engagement, les initiatives des investisseurs pour influencer la stratégie d’une entreprise, ce sont les groupes américains Fidelity, BNY Mellon et Vanguard qui figurent parmi les mauvais élèves.
«Même s’ils ont de belles paroles, la plupart des gestionnaires d’actifs ne passent pas à l’action lorsqu’il s’agit d’utiliser leur influence pour susciter de réels changements» dans les entreprises et dans les politiques, estime Daan Van Acker, le responsable de recherche en matière de finance d’InfluenceMap, cité dans le communiqué.
Les ambitions climatiques des gérants américains ont été abaissées cette année par rapport à 2022, s’inquiète l’ONG, qui fait le lien avec «la récente tendance anti-ESG (engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans le pays. Certains États américains cherchant à limiter l’utilisation des critères ESG par les investisseurs et l’abandon progressif des investissements dans les combustibles fossiles», décrypte le rapport.
Le contrôleur du Texas, par exemple, a publié en août 2022 une liste de sociétés qui «boycottent», selon lui, les entreprises pétrolières et avec qui les autorités locales ne doivent plus signer de nouveaux contrats.