Des infrastructures TI pour affronter l’année à venir
Philippe Jean Poirier|Publié le 14 Décembre 2020Pierre Cayouette, coprésident et fondateur de PCD Solutions (Photo: courtoisie)
ORGANISATION DU TRAVAIL. Mauvaises connexions Internet résidentielles, pénurie de portables chez les fabricants d’ordinateurs, accès VPN limités sur le serveur local, cyberattaques sur des réseaux mal sécurisés… Les entreprises ont dû éteindre feu après feu pour demeurer opérationnelles durant les premiers mois de la pandémie.
Pierre Cayouette, coprésident et fondateur de PCD Solutions, une firme-conseil spécialisée en infrastructures des technologies de l’information (TI), constate que les entreprises prennent maintenant du recul. « Après une première phase d’actions-réactions, elles ont compris qu’elles seraient dans la réorganisation de leur mode de travail pour au moins l’année à venir », dit-il.
Cette réorganisation peut prendre plusieurs formes, allant d’un virage à 100 % virtuel à un mode hybride combinant télétravail et présence au bureau. Dans un cas comme dans l’autre, les infrastructures informatiques devront être adaptées.
« Un de nos clients songe à réduire l’espace de ses locaux au centre-ville de Montréal », illustre Pierre Cayouette. Séduite par un mode de travail hybride, la firme d’architecture cherche une configuration technologique permettant à ses employés de travailler de la maison certains jours, tout en ayant accès aux logiciels de visualisation 3D du bureau.
Cette entreprise explore l’idée d’implémenter une infrastructure de bureau virtuel, communément appelée VDI (pour virtual desktop infrastructure) – à ne pas confondre avec un accès en réseau privé virtuel, le fameux VPN (pour virtual private network).
Dans une configuration VPN, explique Pierre Cayouette, l’utilisateur obtient un lien protégé afin d’accéder au centre de données de l’entreprise à partir de son ordinateur. C’est toutefois son ordinateur qui traite l’information. Dans une configuration VDI, l’information est traitée dans une « machine virtuelle » créée par l’entreprise.
« Tout ce qu’on voit à l’écran de notre ordinateur, ce sont les résultats des opérations effectuées », résume-t-il. Ces « résultats » peuvent par ailleurs être visualisés sur une tablette ou un téléphone intelligent. Une telle configuration peut s’avérer intéressante pour une entreprise qui a choisi un mode de travail hybride, car les employés peuvent continuer d’utiliser les logiciels les plus puissants du bureau même lorsqu’ils sont chez eux.
Serveur local c. solutions infonuagiques
À l’inverse, une entreprise qui migre vers un mode de travail 100 % virtuel devra sans doute renoncer à son serveur local – si elle en possède un. « C’est habituellement plus attrayant pour une entreprise qui n’a pas de locaux d’opter pour des solutions d’infonuagique », explique Xavier Langevin, administrateur système à Cosior TI, une firme de solutions technologiques. Ce choix lui évite de louer un espace pour entreposer des serveurs et d’avoir à payer des administrateurs pour les entretenir.
Dans le nuage, l’entreprise devra trouver les applications de type SaaS (pour software as a service) lui permettant de poursuivre ses activités. Les possibilités peuvent parfois s’avérer limitées, prévient Xavier Langevin. L’informaticien donne l’exemple des municipalités qui utilisent d’imposants progiciels de gestion ; ceux-ci n’ont pas toujours d’équivalent dans le nuage.
Il faut dire que plusieurs grandes organisations trouvent leur compte en conservant leurs serveurs physiques. « Le nuage, c’est super bon, mais, dès qu’on veut avoir de la performance, les coûts augmentent drastiquement, reconnaît Xavier Langevin. Entreposer un grand volume de données peut aussi devenir très dispendieux. »
Tenace, le papier
Encore aujourd’hui, plusieurs entreprises dépendent d’un support papier pour transmettre une facture, un paiement, un bon de commande ou une preuve de livraison. Le papier devient alors un frein à l’implantation d’un mode de travail hybride ou exclusivement à distance.
Charles Cormier, président de la firme-conseil Chuck & Co, spécialisée en transformation numérique, se donne justement la mission de débarrasser les entreprises de leurs vestiges physiques. Depuis le début de la pandémie, plusieurs de ses clients ont recours à Teams pour communiquer et à SharePoint pour partager des fichiers. Sauf qu’ils leur manquent parfois des informations pour être complètement opérationnels à distance.
« Nous les aidons entre autres à numériser leurs documents papier, pour éviter que des employés en télétravail aient à se rendre sur les lieux de travail pour chercher une facture ou d’autres documents du genre », illustre Charles Cormier. Chuck & Co implémente donc des solutions québécoises pour capturer des documents papier et en extraire les informations importantes, comme Librex ou Viridem.
Numériser un support désuet n’est pas seulement utile pour permettre le télétravail, précise Charles Cormier. Ça ouvre aussi la porte à une automatisation des tâches cléricales répétitives, ayant peu de valeur ajoutée. Un autre bénéfice non négligeable.