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Où investir en 2019: la prophétie

François Pouliot|Édition de la mi‑janvier 2019

Où investir en 2019: la prophétie

[Photo : 123RF]

«Prophète, prophète, dis-nous ce qui se passera sur les marchés en 2019. » Comme chaque année, le moment est venu de sortir nos feuilles de thé et d’astiquer la boule de cristal.

L’exercice est difficile et fait chaque fois perdre quelques cheveux au prophète.

Rappel annuel : plutôt que de tenter de prévoir le cours des indices sur un an, il vaut mieux essayer de repérer des sociétés qui ont un rendement incertain sur la période, mais qui, sur une plus longue durée, ont un potentiel certain.

Mais bon, puisque la tradition le veut ainsi, allons-y tout de même avec nos pronostics pour le S&P 500 et le S&P/TSX pour les 12 prochains mois.

Retour sur 2018

D’abord, un retour sur la performance prophétique 2018. Que disions-nous à pareille date l’an dernier ? « La Bourse américaine devrait terminer 2018 à peu près au même niveau où elle se trouve actuellement. Idem pour la Bourse de Toronto. »

Le prophète paraît moyen lorsqu’on le regarde des États-Unis, et plutôt mal si on le regarde du Canada. Le S&P 500 a terminé l’année à 2 506 points, alors que le pronostic était une fermeture à 2 700 points. L’écart est de 7,7 %. Le S&P/TSX, de son côté, a clôturé à 14 322 points, alors que le pronostic était de 16 336 points. L’écart est de près de 12 %. À sa décharge, mentionnons que si on avait tiré la ligne deux semaines plus tôt, il aurait été pile sur le pronostic aux États-Unis et 10 % dans l’erreur au Canada.

Comment expliquer l’écart canadien ? Nous étions sur le pronostic à la fin de septembre, mais le prix du pétrole s’est mis à dégringoler en octobre, de 76 $ US à 45 $ US le baril pour le WTI. On connaît aussi la folle descente du Western Select qui est passé de près de 60 $ à 12 $ le baril à l’automne (récent rebond à 30 $).

Le pétrole pèse assez fortement dans le TSX, et le prophète avait mal anticipé cette contre-performance. Aux États-Unis, par contre, il avait bien anticipé la progression des bénéfices de 12 % (on aura les résultats finaux dans quelques semaines). La prévision n’était pas facile à faire à ce moment. Il n’était pas clair si les baisses d’impôt prévues par l’administration Trump auraient lieu ou pas. On avait choisi de miser sur la première option.

Que disent les écritures pour 2019 ?

Voici maintenant venu le grand moment. Commençons par l’Oncle Sam. La situation n’est pas simple. L’effet des baisses d’impôt aux entreprises devrait perdre en force. Après une avancée d’environ 3 % du PIB (réel) en 2018, le consensus des économistes sondés par FactSet est à 2,5 %. C’est aussi ce que voit le Fonds monétaire international, alors que l’OCDE est un peu plus optimiste, à 2,7 %.

Le consensus des stratèges tourne autour d’un bénéfice de 175 pour le S&P 500. C’est une progression de 8 % par rapport au 162 qui est actuellement attendu par le marché pour 2018.

Il ne serait pas surprenant que les premiers mois de l’année affichent une croissance supérieure à 8 %, le premier trimestre 2018 ayant affiché une croissance des bénéfices plus faible et offrant un comparable favorable. Mais les derniers mois devraient faire montre d’une croissance en ralentissement.La croissance annuelle anticipée nous semble un peu forte. On la ramènerait à 7 %. Au terme de 2019, le bénéfice du S&P 500 devrait donc se situer autour de 173.

Il s’agit maintenant d’appliquer un multiple à ce bénéfice. Ce n’est pas simple, car il faut pratiquement voir deux ans à l’avance. À la fin de 2019, le marché s’attardera en effet sur les perspectives 2020 pour déterminer le multiple à appliquer. Sachant que nous approcherons vraisemblablement de la fin du cycle, il sera sans doute tenté par la prudence. Historiquement, le marché a appliqué un multiple autour de 15, pour une croissance d’environ 7 %-8 % du bénéfice. Le multiple pourrait être plus faible, mais ces dernières années, il a eu tendance à être plus élevé, partiellement en raison de l’abondance du capital. On conservera 15.

Ce qui donne un S&P 500 à 2 595 points, quelque chose comme 3,6 % au-dessus du niveau du 31 décembre.

Allons maintenant à Toronto. Selon les données Reuters, le consensus des stratèges est également pour une progression de 8 % des bénéfices du S&P/TSX (de 1 091 à 1 180) en 2019.

Il y a probablement ici quelque chose comme une attente de rebond du côté pétrolier et minier.

Pendant ce temps, l’indice S&P/TSX ne se négocie cependant qu’à 12 fois le bénéfice anticipé. Quelque chose cloche. C’est comme si les stratèges croyaient en un rebond de la rentabilité des sociétés canadiennes, mais que les investisseurs n’y croyaient pas.

Tout comme le marché, on a personnellement des doutes sur la force des bénéfices, malgré la récente embellie du prix du baril Western Select. En fait, on n’est pas très sûr que les bénéfices 2018 atteindront réellement la marque attendue de 1 180 (base sur laquelle est calculé le rebond de 8 % de 2019). Quelque chose nous dit que ce sera plus faible et qu’il ne serait pas étonnant que ce qui devait être la marque 2018 devienne la marque 2019. Arrondissons et plantons un bénéfice autour de 1 100 pour 2019.

Il reste ici aussi à déterminer un multiple. Toronto étant plus cyclique que New York, le multiple choisi doit forcément être plus faible que celui que l’on applique au S&P 500. On attribuera donc un multiple de 13,5.

C’est un S&P/TSX qui devrait se négocier autour de 14 850 points, soit une hausse de 3,7% par rapport au cours du jour de l’An.

Conclusion

Les indices de la Bourse américaine et de la Bourse canadienne devraient terminer l’année 2019 à un niveau un peu plus élevé que celui de l’année 2018, mais guère plus.

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