Les villes de Trois-Rivières et de Shawinigan ainsi que l’Université du Québec à Trois-Rivières veulent se joindre à Bécancour pour former la Vallée de la transition énergétique dans ce qui constitue le berceau de l’hydro-électricité au Québec. (Photo: courtoisie)
PARCS INDUSTRIELS. Le parc industriel de Bécancour connaît un véritable boom d’activités. Grâce au consortium formé de l’Américaine General Motors et de la Sud-Coréenne Posco Chemical, en plus de l’établissement de l’Allemande BASF, la filière batterie pour automobile semble vouloir faire du site une place de choix.
Cette effervescence dépasse toutefois les frontières de Bécancour. Elle se répand aussi vers le nord, de l’autre côté du fleuve. Les villes de Trois-Rivières et de Shawinigan ainsi que l’Université du Québec à Trois-Rivières veulent se joindre à Bécancour pour former la Vallée de la transition énergétique dans ce qui constitue le berceau de l’hydro-électricité au Québec.
Donald Olivier n’occupe le siège de PDG de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour que depuis le 30 mai dernier, mais il connaît déjà les tâches auxquelles il doit s’attaquer en priorité. « Mon mandat actuel est assez concret, indique-t-il. Il ne s’agit pas de faire du démarchage, mais plutôt de m’assurer que les infrastructures sont en place pour accueillir les investisseurs. »
Des investisseurs, il y en aura, justement, avec le développement de la filière batterie à Bécancour. L’installation du consortium formé de General Motors et de Posco Chemical, annoncée au printemps, devrait générer 500 millions de dollars canadiens d’investissement, en plus de créer quelque 200 emplois. La nouvelle entreprise fabriquera des cathodes pour batteries, destinées aux véhicules comme le camion Chevrolet Silverado et le Hummer EV, de même que la Cadillac Lyriq.
Les intentions du géant allemand BASF sont également connues depuis le printemps. L’entreprise doit fabriquer et recycler des batteries pour automobiles à partir de 2025, sur un terrain du parc industriel de Bécancour.
Le consortium GM-Posco et BASF ne représente que la partie connue des investissements à venir dans la ville du Centre-du-Québec. « La filière batterie trace une voie », souligne Donald Olivier. « On travaille aussi avec d’autres investisseurs pour rendre leurs projets concrets », ajoute l’ingénieur, un ancien d’Hydro-Québec, qui a notamment dirigé le déclassement des installations de la centrale nucléaire Gentilly-2 à l’époque. Le PDG dispose d’une enveloppe avoisinant 375 millions de dollars pour préparer les terrains à accueillir de nouvelles entreprises.
Vers une Vallée de la transition énergétique ?
La désignation du secteur Bécancour-Trois-Rivières-Shawinigan comme zone d’innovation par le gouvernement du Québec ne fait aucun doute pour Michel Angers, maire de Shawinigan. « Nous aurons notre zone de transition énergétique », soutient le maire. Il souligne que c’est à la demande du ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, que les trois villes se sont unies pour présenter un projet commun. « Le gouvernement cherche d’abord et avant tout l’implication du privé. On l’a. Il souhaite aussi l’implication des universités pour la recherche. On l’a aussi », insiste Michel Angers dont la ville abrite déjà le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec et le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CENET).
L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), se positionne également dans le créneau de la transition énergétique depuis plusieurs années. Des chercheurs de l’institution s’intéressent notamment à la biomasse et à la production d’hydrogène vert. « C’est un axe de développement important de cette vallée de la transition énergétique », soutient Simon Barnabé, professeur à l’UQTR et codirecteur de l’Institut d’Innovations en Écomatériaux, Écoproduits et Écoénergies et à base de biomasse, i2E3.
L’Institut travaille déjà de façon étroite avec le privé pour bien comprendre les besoins de l’industrie en matière d’énergie. « C’est de la recherche un peu plus dirigée, admet Simon Barnabé, mais ça accélère souvent le transfert technologique et le déploiement de solutions vertes et écologiques. »
Le professeur-chercheur estime d’ailleurs que la Mauricie dispose des moyens de ses ambitions. « Si l’on considère l’I2E3, l’institut de recherche sur l’hydrogène, les quatre centres collégiaux de transfert technologique (CCTT), trois du cégep de Trois-Rivières en plus de celui du cégep de Shawinigan, on est plus d’une centaine de chercheurs et au-delà de 200 étudiants à travailler sur la transition énergétique. C’est vraiment une masse critique majeure », affirme le professeur Barnabé.
Potentiel électrique ?
Si le potentiel de la région pour mener la transition énergétique du Québec paraît évident, la puissance électrique de la province pour soutenir l’établissement de nouvelles entreprises de la filière demeure une préoccupation pour Donald Olivier. « Ça risque d’être une limite à moyen terme pour le développement de notre parc industriel », soutient-il.
Au passage, l’ancien d’Hydro-Québec rappelle que la pointe de consommation électrique observée l’année dernière au Québec dépassait 40 000 mégawatts, ce qui correspond à peu de choses près à la capacité d’Hydro-Québec. « On ne pourra pas amener des entreprises sans vérifier la disponibilité d’énergie », estime l’ancien d’ingénieur. « J’ai compris que pour Hydro-Québec, ça représenterait un certain défi pour les prochaines années. »