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Multiplier les initiatives pour recruter

André Lavoie|Édition de la mi‑février 2023

Multiplier les initiatives pour recruter

La formation par les pairs, par jumelage, est notamment encouragée par certaines entreprises pour favoriser le recrutement. (Photo: 123RF)

PÉNURIE DE TALENTS. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre comment les entreprises peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? Programme de recrutement international, formation des équipes : certaines n’ont pas attendu pour agir et tenter de recruter au sein d’un bassin de main-d’œuvre plus large.

Ian P. Sam Yue Chi, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), fait partie de ces acteurs de changement. « Nous avons élaboré un programme de recrutement international il y a maintenant cinq ans, d’abord au Mexique pour ensuite se concentrer au Maroc et en Tunisie, question de privilégier une main-d’œuvre francophone », précise celui qui est entré en fonction l’automne dernier. 

Le PDG constate que les emplois offerts par son entreprise « ne sont pas suffisamment connus ». Par exemple, peu de gens savent qu’un mécanicien peut gagner jusqu’à 80 000 $, dit-il. Puisque les écoles de formation professionnelle n’arrivent pas à pourvoir tous les postes vacants, les 890 concessionnaires membres de la CCAQ misent sur les formations à l’interne, et en continu, incluant le secteur des ventes, « un domaine qui ne cesse jamais d’évoluer », souligne le président. 

Premier Tech, qui élabore différentes solutions technologiques pour les entreprises les plus diverses, en horticulture comme en agroalimentaire, consacre sept millions de dollars (M$) par année, depuis 2015, au développement de l’Université Premier Tech. Elle est entièrement consacrée à la formation de leurs équipes à leur siège social de Rivière-du-Loup, mais aussi à celles en Ontario, aux États-Unis et en France. « Dès 2010, nous avons intensifié nos investissements en formation, affirme Yvan Pelletier, vice-président directeur général développement organisationnel. Les parcours sont conçus en fonction des besoins des travailleurs et de la réalité de chacun. »

Ces initiatives de formation impliquent parfois des coûts élevés pour les entreprises, et toutes n’ont pas les reins financiers aussi solides que Premier Tech. Pourtant, cela ne devrait jamais freiner les plus modestes organisations à suivre leur exemple, estime Sylvain Houde, directeur général de la firme Évoluo. « Il y a l’apprentissage formel et informel, par les pairs, par jumelage. Ces façons de faire sont motivantes. Entre vous et moi, c’est plus stimulant d’apprendre dans le cadre d’un projet avec quatre collègues que d’être assis seul devant son ordinateur pour une formation en ligne. »

 

Des outils pour plus de visibilité

Prox-Industriel, une initiative de la Chambre de commerce de Laval, propose un guichet unique pour décrocher un emploi en assemblage ou en distribution, les utilisateurs ayant accès à une plateforme web pour déposer leur curriculum vitae ou consulter les offres faites par les 115 industries réunies dans Prox-Industriel. 

Marie-Christine Piedboeuf, présidente du conseil d’administration de même que présidente-directrice générale de Pélican International, concepteur et fabricant de kayaks, y voit un outil « pour faire connaître des métiers pas très connus, et sans passer par des agences où les travailleurs y laissent une partie de leur salaire ». « Nous faisons connaître nos services auprès des clientèles de plusieurs organisations de Laval, comme le Collège Montmorency, le Centre de services scolaire, les groupes de francisation, et on rappelle tous les gens qui posent leur candidature, près de 300 depuis février 2022 », ajoute Chantal Provost, présidente-directrice générale de Prox-Industriel.

Dans un autre de ses projets de longue haleine, l’organisme vise à favoriser les échanges d’employés entre les entreprises, en fonction de leurs périodes creuses ou actives de production. Par exemple, chez Pélican International, la fabrication de kayaks se concentre généralement durant l’été, sauf en temps de pandémie où elle s’est étendue sur plusieurs mois ; pourquoi ces travailleurs saisonniers ne pourraient-ils pas exercer leur métier dans d’autres équipes le reste de l’année ?

Ce partage de personnel exerçant le même type de tâches entraîne toutefois plusieurs défis pour les 115 industriels membres de leur communauté, qui regroupent près de 12 000 employés, admet Chantal Provost. D’une entreprise à l’autre, les conditions de travail diffèrent, certaines sont syndiquées, d’autres pas. « Et il faut convaincre les employés de changer d’endroit, et parfois d’horaires, les informer par avance, etc. », ajoute Marie-Christine Piedboeuf, admettant du même souffle que ces initiatives exigent un certain temps pour être mises en place.