L’aide servira à soutenir l’amélioration des conditions de vie des jeunes et la défense de leurs droits. (Photo: 123RF)
PHILANTHROPIE. Après plus de 35 ans d’existence, la Fondation de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) a cessé ses activités en novembre dernier. Si l’organisme philanthropique a poussé son dernier soupir, sa mission est encore promise à un bel avenir. Mission Inclusion poursuivra en effet son œuvre grâce à un legs généreux.
Avec sa philosophie religieuse et sa démarche sociale, la Fondation de la JOC était un acteur bien singulier du milieu philanthropique au Québec.
« La JOC est un organisme qui existait depuis 1932 au Québec. Elle a arrêté de fonctionner il y a quelques années. Comme la Fondation servait principalement à appuyer le mouvement, on n’avait pas la force ni les moyens de continuer sans elle », raconte le président de la Fondation de la JOC, Jean-Paul St-Germain.
Les membres du conseil d’administration n’avaient pas envie de mettre une croix sur son legs pour autant. Ils ont donc approché une quinzaine de fondations dès 2021 pour trouver celle qui allait reprendre le flambeau. La fondation sélectionnée recevrait l’intégralité de ses actifs, y compris la maison de la JOC. Le montant est estimé entre 1 million de dollars (M$) et 1,5 M$, une fois la vente de l’immeuble finalisée.
Deux visions qui se ressemblent
Mission Inclusion — longtemps connue comme L’œuvre Léger — était du lot. « On devait leur soumettre ce qu’on ferait avec leurs avoirs », explique Isabelle Morin, directrice du développement philanthropique et des communications. Elle ajoute que la vision des deux fondations se ressemble.
« On a rencontré des gens de la programmation, de la philanthropie et de la comptabilité pour bien comprendre le projet. Ce dernier devait s’adresser à des jeunes, principalement en difficulté, qui ont le potentiel de bien réussir », souligne Isabelle Morin. Mission Inclusion n’a pas eu à se réinventer pour leur plaire puisque la plupart des critères demandés existaient déjà au sein de leur organisme.
La Fondation a proposé de créer le Fonds de dotation JOC, qui lui permettra d’avoir des intérêts annuels afin de soutenir un projet qui correspond à leurs visions respectives. « À la demande de la JOC, on soutiendra le plus possible des organisations dirigées par de jeunes leaders, qui proviennent de milieux défavorisés. L’aide ira à des groupes qui sont engagés dans l’amélioration des conditions de vie des jeunes ou dans la défense de leurs droits. »
Mission Inclusion pérennisera ainsi ses programmes et pourra ajouter un ou trois projets par année. « On estime qu’environ 50 000 $ par an pourra être dépensé grâce au Fonds JOC », avance Isabelle Morin. Grâce à son expertise de bailleur de fonds provincial, Mission Inclusion pourra en profiter pour financer des projets en régions éloignées, qui passent habituellement sous le radar des grandes fondations.
Gagnant-gagnant
Selon Isabelle Morin, cette démarche est pratiquement inédite en philanthropie. « C’est beau de poursuivre leur rêve à travers une organisation crédible, qui a les reins assez solides pour soutenir leur vision à long terme. »
De son côté, Jean-Paul St-Germain aime particulièrement qu’en plus de pérenniser leur mission, le Fonds JOC appuie des jeunes de 16 à 30 ans dans un engagement social, ici même au Québec.
Il croit en outre que ce nouveau mandat ouvrira des portes à Mission Inclusion. « Maintenant qu’ils ont le Fonds JOC, ils peuvent collaborer avec des organismes qui donnent aux jeunes un appui financier pour des actions mettant en pratique les valeurs de justice sociale, de dignité humaine, de solidarité et de prise en charge individuelle. »
Célébrer son histoire
La Fondation veut aussi reconnaître l’apport de la JOC à la société québécoise. « C’est un mouvement qui était bien ancré dans les années 1960-1970. Les jeunes qui sont passés par là ont été bien outillés et ont de belles positions dans la défense collective des droits », dit Isabelle Morin, en rappelant que des politiciens et des leaders syndicaux en ont fait partie.
Mission Inclusion produira donc un documentaire sur son histoire, des débuts jusqu’à sa dissolution et la création du Fonds JOC. Il sera diffusé en 2025, au moment où la JOC aurait soufflé ses 95 bougies. Il s’agira de la première incursion de Mission Inclusion dans l’univers du documentaire.
Même si la Fondation de la JOC est dissoute, un ancien membre de l’équipe s’impliquera dans le choix des programmes dans les premières années. « Ça permettra de faire un suivi et de s’assurer que les projets de Mission Inclusion correspondent aux objectifs de la JOC », souligne Jean-Paul St-Germain.
Au moment de sa dissolution, la Fondation de la JOC a également décidé de remettre 100 000 $ à la Fondation Léa-Roback, qui offre des bourses d’études à des femmes du Québec engagées socialement et économiquement défavorisées.