Dépassé le tournoi de golf ? Pas pour la Fondation CHU Sainte- Justine à qui la formule rapporte 1 M $ par année.
PHILANTHROPIE. Défis, événements sportifs, soirées-bénéfices… voici cinq formules qui permettent à des organismes de flirter avec des records de dons grâce à la participation élevée des X.
Le golf rapporte encore
La plupart des fondations et des organismes de charité diront que collecte de fonds et tournoi de golf ne font plus autant d’étincelles qu’il y a dix ans. Plusieurs soutiennent même que la formule est carrément dépassée. À la Fondation CHU Sainte-Justine, le discours est totalement différent. Depuis 2012, le Tournoi Cachou permet chaque année à l’organisme de récolter plus de 1 million de dollars en dons, signale Maud Cohen, directrice générale de la Fondation. De généreux dons qu’elle attribue au transfert de flambeau entre les générations. Aujourd’hui, les gens d’affaires de la génération X comptent pour plus de 60 % des participants.
Quelle est la formule magique de ce tournoi qui affiche complet depuis 1987 ? «Il s’agit d’un événement qui réunit principalement la communauté d’affaires du Grand Montréal. La journée se déroule au quart de tour. Et tout est terminé à 21 h», répond Mme Cohen. L’emplacement du tournoi, le Club Laval-sur-le-Lac, constitue également un élément d’attraction non négligeable. Les 60 quatuors n’hésitent pas à débourser les 10 000 $ pour y participer. «Ce tournoi est en fait notre « bal », c’est notre plus grand événement de l’année», indique Mme Cohen.
Et comme pour tous les événements de la Fondation, des médecins, des chercheurs, des infirmières, y compris des enfants, sont aussi sur place pour venir parler des impacts des dons versés à l’organisme.
Chic soirée pour la santé mentale
Récemment, la santé mentale était loin d’être une cause sexy auprès des donateurs. Grâce à la génération X, interpellée par la cause, ce n’est plus le cas, soutient Maryse Beaulieu, directrice générale de la Fondation Cervo.
La Fondation, qui finance entre autres les recherches sur le cerveau, met d’ailleurs tout en oeuvre pour profiter de cet appui. Depuis 2013, cet organisme présente l’une des soirées-bénéfices les plus courues de la ville de Québec : D’un chic fou. Lors de la dernière édition, plus de 80 % des quelque 650 convives étaient âgés de 54 ans et moins. La soirée s’est soldée par une somme record de 126 000 $, soit plus de 25 % du montant amassé lors de l’édition précédente.
La recette ? «Non seulement avons-nous créé un événement où se conjugue magasinage, musique et gastronomie, cette soirée exceptionnelle demeure abordable pour le budget des X et des Y», explique Mme Beaulieu. Depuis huit ans, le billet demeure sous la barre des 100 $. Et le reçu d’impôts remis aux participants était de 80 $ l’an dernier, tient à préciser la gestionnaire. «Notre équipe, dit-elle, a réussi à décrocher une foule de commandites qui permettent de réduire au minimum les frais de gestion liés à la soirée.»
La maladie mentale, poursuit-elle, est un sujet qu’abordent beaucoup plus facilement les jeunes générations. D’où l’idée d’organiser un événement à la hauteur des dons que peut donner la majorité de cette clientèle.
Jusqu’à maintenant, la soirée a eu la particularité d’être présentée chez un concessionnaire Mercedes-Benz et, depuis deux ans, chez Ameublement Tanguay. La prochaine édition, qui se déroulera le 22 mai prochain, aura lieu au Pavillon de la Jeunesse. La Fondation vise le cap des 1 000 participants… et un montant de plus de 150 000 $.
Le blanc réussit à Drummondville
Les grandes villes de la planète ne sont pas les seules à accueillir des dîners en blanc, dont l’endroit n’est révélé que le jour même. À Drummondville, la Fondation René-Verrier s’est inspirée du concept pour en faire une collecte de fonds annuelle : la Divine soirée blanche. Mise en place en 2011 pour attirer les X, la formule a largement dépassé les attentes, indique Marie-Julie Tschiember, directrice générale de la Fondation qui vient en aide à la Maison René-Verrier, qui offre des soins palliatifs et de fin de vie.
De 250 participants à la première édition, ils sont aujourd’hui plus de 1 500 – pour la plupart des X et Y – à prendre part à ce grand repas où le blanc est à l’honneur. En juin dernier, ce sont plus de 171 000 $ qui ont été récoltés. Il s’agissait une fois de plus d’une somme record pour l’organisme, qui doit amasser annuellement 600 000 $ de dons afin de boucler son budget.
Soucieuse de rajeunir ses donateurs, la Fondation ajoute ce printemps une autre activité caritative destinée aux moins de 54 ans : le Grand Rallye Énergie. «On souhaite que cet événement devienne aussi populaire que la Divine soirée blanche. On est convaincu que cette formule deviendra une activité de consolidation auprès des entreprises de la région», précise Mme Tschiember. Une centaine d’équipes sont attendues pour l’événement présenté le 25 mai prochain.
Aventure extrême sur le lac
Les défis extrêmes ont la cote auprès des donateurs de 54 ans et moins. Le Double défi des deux Mario, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en est une autre belle preuve. Organisé par la fondation Sur la pointe des pieds, l’événement annuel recrute aisément ses 125 participants, majoritairement des X et Y, prêts à passer trois jours et deux nuits pour traverser le lac Saint-Jean, en ski de fond ou en raquette, en plein mois de février.
Un tour de force que réussit la fondation grâce à l’implication des entreprises, soutient Jean-Charles Fortin, directeur général de l’organisme. Lors de l’édition 2019, la moitié des 125 participants provenaient de Rio Tinto et de Produits forestiers Résolu, dit-il. La formule a permis d’amasser une somme record de 256 000 $. Un montant six fois plus élevé que celui amassé en 2011, lors du premier défi.
Il faut dire que la formule a évolué. Au départ, ce défi reposait sur les épaules de deux hommes : Mario Bilodeau, professeur à l’Université du Québec de Chicoutimi et cofondateur de la fondation, et Mario Cantin, qui était à l’époque vice-président régional Saguenay-Lac-Saint-Jean à la Banque Nationale. «Ces deux hommes avaient décidé de faire le tour du lac en ski de fond et de s’arrêter à chaque succursale de la Banque Nationale pour y amasser des fonds. Fascinés par ce défi, des gens nous ont demandé que cette activité soit également ouverte au public, d’où l’événement d’aujourd’hui.»
L’impact de ce défi d’aventure dépasse par ailleurs l’organisme en soi. «J’ai commencé à recevoir des appels de gestionnaires qui nous remercient d’avoir transformé leur employé. Grâce à notre événement, certains participants développent de nouvelles aptitudes de leader au sein de leur équipe de travail», fait savoir M. Fortin.
D’ailleurs, compte tenu du succès de ce défi, la fondation a lancé cette année un autre événement qui a également le lac Saint-Jean pour décor : les Courses CRYO. Des courses de 10 km et de 32 km qui touchent, elles aussi, les X et Y. De l’avis de M. Fortin, ces courses pourraient devenir la prochaine activité caritative à briser les records d’année en année.
Vins de prestige et réseautage
Vin effervescent servi avec des huîtres, repas cinq services avec accord mets-vins, la soirée Vins de prestige, présentée depuis 15 ans par la Fondation du Cégep Édouard-Montpetit au profit de l’École nationale de l’aéronautique, est généralement très courue. Jamais l’événement n’avait obtenu autant de succès que l’édition présentée en mars dernier. La soirée, qui a accueilli 450 participants, majoritairement des X, s’est soldée par un montant record de 299 775 $, soit une augmentation de plus de 45 % de l’édition 2018.
Qu’est-ce qui a fait la différence ? «Nous avons révisé la formule de cette soirée de réseautage VIP en la bonifiant davantage de privilèges pour les commanditaires et les participants», répond fièrement la nouvelle directrice de la fondation, Marie-Krystine Longpré. Pour la première fois, explique-t-elle, l’événement a misé sur le maillage accru entre les participants et les entreprises aéronautiques du Grand Montréal. En plus d’avoir sélectionné des coprésidents de choix, l’événement 2019 a permis à des dizaines de PME de rencontrer personnellement des hauts dirigeants, notamment d’Airbus, de Bombardier et de AAA Canada. «En fait, conscients que les X veulent percevoir instantanément la valeur de leur don, on a transformé le prix du billet de 450 $ par personne en un investissement d’affaires. Notre événement est devenu une occasion pour ces donateurs de faire des rencontres qui se seraient difficilement produites autrement», signale Mme Longpré.
La Fondation, qui veille à amasser de l’argent pour des bourses et des projets étudiants en aéronautique, a également changé l’approche auprès des commanditaires en affichant leurs dons bien avant la soirée. Ce qui a motivé des entreprises du milieu aéronautique à augmenter la teneur de leurs dons, observe-t-elle.
Grâce au succès de la soirée et la tenue du tout premier AéroSalon organisé par le cégep, les 1er et 2 juin prochain, la Fondation dépassera le cap du million de dollars en revenus pour la première fois depuis sa création, en 1994.