Un nouveau président chez Medisca, une première en 35 ans
Emmanuel Martinez|Mis à jour le 13 juin 2024Les fondateurs de Medisca, Tony Dos Santos et Maria Zaccardo, avec à droite le nouveau président de l’entreprise, Sanjay D. Goorachurn. (Photo: Medisca)
Pour la première fois depuis sa fondation en 1989, la discrète multinationale montréalaise Medisca a un nouveau président.
Sanjay D. Goorachurn prend les rênes de l’entreprise spécialisée dans les solutions pharmaceutiques personnalisées. Elle était dirigée jusqu’à présent par Tony Dos Santos, qui l’avait cofondée avec sa femme, Maria Zaccardo. Le couple reste propriétaire et très engagé dans la PME qui possède des installations aux États-Unis, en Australie et en Allemagne, et qui emploie 475 personnes dans le monde.
Débarqué à Montréal à l’âge de 11 ans de l’île Maurice, Sanjay D. Goorachurn connait bien Medisca pour y avoir travaillé comme conseiller stratégique durant les huit dernières années.
«C’est la première fois que je vais diriger une entreprise, dit-il en entrevue. Pour la croissance, il y a beaucoup d’occasions, surtout aux États-Unis. On est premier en Amérique du Nord dans notre marché et deuxième au monde. Fagron, notre plus gros compétiteur, est basé en Europe. C’est un marché où on veut être beaucoup plus présent.»
Le nouveau dirigeant souligne que son entreprise est numéro un en Australie et que des marchés asiatiques comme l’Indonésie et la Malaisie ont énormément de potentiel.
Mieux se faire connaitre
Medisca évolue dans une industrie méconnue, soit la médecine spécialisée, qui inclut la préparation pharmaceutique. L’entreprise offre des équipements, des ingrédients actifs et des formations pour que des pharmaciens puissent confectionner des médicaments sur mesure pour des patients souffrant d’allergies ou d’autres problèmes de santé. Ce service est nécessaire pour des patients qui ont besoin d’un dosage spécifique, sous une forme particulière.
L’entreprise vend ses produits chimiques, ses bases pour des médicaments, ses appareils de laboratoires et autres produits à des cliniques et des hôpitaux, à des pharmaciens, des laboratoires de recherche, des fournisseurs en télésanté et des entreprises liées au cannabis.
«On a un travail à faire pour mieux éduquer l’industrie et la clientèle, mais aussi le gouvernement, explique le nouveau patron. L’industrie de préparation pharmaceutique n’est pas connue. Aux États-Unis, c’est cependant beaucoup plus avancé qu’ici.»
L’homme d’affaires estime qu’avec le manque de médecins, les pharmaciens devraient prendre plus de place dans le réseau de la santé. Il croit que son entreprise pourrait venir aider les grands fabricants pharmaceutiques et le système de santé publique dans des domaines comme le cancer, la reproduction et les narcotiques, notamment en cas de pénurie. Elle est d’ailleurs en discussions avec la FDA, l’administration américaine responsable des médicaments, pour la sensibiliser sur le rôle qu’elle pourrait jouer.
Avec des revenus d’environ 75 millions annuellement, Medisca est prête pour monter en grade afin de doubler de taille et s’implanter dans de nouveaux pays. L’entreprise, qui vend 2000 produits distincts, inaugurera d’ailleurs une usine flambant neuve à Plattsburgh au printemps.