(Photo: 123RF)
PROFESSION : AVOCAT. En réduisant le nombre de rencontres en personnes nécessaires, les outils technologiques transforment les rapports entre les avocats et leurs clients. La bonne nouvelle, c’est que ces innovations peuvent favoriser l’accès des citoyens à la justice.
«On voit moins les clients, mais les rapports humains demeurent importants pour établir un lien de confiance avec eux», croit Me Éric Lavallée, associé, agent de marques de commerce et responsable du laboratoire L3IA du cabinet Lavery.
Certes, les vidéoconférences offrent la possibilité de discuter à distance et de s’échanger instantanément des documents ou des photos. Des outils informatiques automatisés facilitent la rédaction de certains projets de contrats, permettent de réviser des documents ou encore de remplir des formulaires. La signature électronique peut aussi être utilisée pour signer certains documents à distance. La relation entre un avocat et son client ne peut cependant se limiter à cela. «Il faut multiplier les événements pour avoir des contacts humains avec les clients et développer une relation de confiance, explique Me Lavallée. Personnellement, je me déplace dans leurs locaux ou leur usine pour mieux comprendre leurs produits ou services, cerner leur réalité d’affaires et comprendre les enjeux auxquels ils sont confrontés.» Conférences thématiques, tournois de golf et party de Noël sont d’autres moyens de rassembler les avocats et leurs clients.
Ces derniers ont eux aussi changé. La technologie ayant démocratisé l’accès à l’information juridique, ils arrivent armés de plus connaissances et posent des questions beaucoup plus pointues qu’auparavant. Ils veulent savoir sur quelles plateformes informatiques les cabinets travaillent, quels outils technologiques ils utilisent et à quel point les avocats les maîtrisent. Ce sont des critères importants lorsqu’ils jaugent la compétence des firmes.
Les robots au secours de la classe moyenne
Les technologies font aussi émerger de nouveaux modèles d’affaires. Avocat depuis 12 ans, Me Alexandre Désy a travaillé dans les grands cabinets et à l’aide juridique. Il peinait toutefois à trouver le moyen d’aider les citoyens ni riches ni pauvres, qui ont peu accès aux services des avocats. «Les avocats ont perdu le marché de la classe moyenne, insiste-t-il. C’est devenu un produit de luxe.»
Convaincu que la technologie pouvait jouer un rôle pour diminuer le prix de ces services, il a cofondé OnRègle.com en 2016 avec Me Philippe Lacoursière. L’année suivante, cette plateforme a remporté le Mérite Innovations – Accès justice du Barreau du Québec, le premier prix à l’accélérateur GrindSpace XL/Queen’s University et le deuxième prix au concours La Ruche Académie Desjardins. Un solide départ !
La plateforme automatise certaines démarches juridiques, telles une mise en demeure ou des causes de petites créances. Certains services sont entièrement automatisés, alors que d’autres permettent d’obtenir de la révision juridique, de discuter du dossier avec un avocat ou même d’obtenir du coaching, par exemple une séance de préparation en vue de l’audience en cour. OnRègle.com permet aussi d’«acheter» une discussion d’une quinzaine de minutes avec un avocat pour 40 $.
«Notre démarche permet de réduire les coûts et d’augmenter l’accès à la justice», fait valoir M. Désy.