(Photo: 123RF)
PROFESSION: COMPTABLE. Les organismes culturels ou encore à but non lucratif font souvent appel aux comptables professionnels agréés (CPA) pour siéger à leur CA, un engagement bénévole par ailleurs soutenu et encouragé par les firmes comptables.
«Nous affichons présentement 54 demandes d’administrateurs sur notre site, et 17 concernent la recherche de personnes disposant d’une expertise en comptabilité et en financement», rapporte Lucie Lessard, directrice générale du Centre d’action bénévole de Montréal. La trésorière du Centre, Laura Salama, est d’ailleurs elle-même une comptable à la retraite.
«Pour les organismes à but non lucratif, il est rassurant et utile d’avoir ce genre de profil sur leur conseil, ajoute Mme Lessard. Cela permet un travail rigoureux, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur l’adaptation de leur modèle d’affaires dans un monde qui évolue très rapidement.»
Conseils stratégiques
Suzanne Chabot, directrice générale du Centre des textiles contemporains de Montréal, a un exemple bien précis en tête lorsqu’elle pense à l’utilité d’un CPA à son conseil d’administration. «Nous souhaitons faire l’achat d’un métier à tisser Jacquard, qu’il faut faire venir d’Europe, ce qui nécessitera un emprunt de plus de 300 000 $, explique-t-elle. Il faut donc faire une planification financière sur au moins dix ans, avec des scénarios prévoyant l’évolution des taux d’intérêt et de nos autres dépenses, comme le loyer et des contributions de divers ministères. C’est un exercice stratégique crucial pour nous.»
À la suite du départ de certains membres de son conseil, Mme Chabot cherche présentement une personne qui a un profil de comptable. Elle souligne qu’il est d’autant plus important d’assurer une saine gestion financière, parce que le Centre est financé par des fonds publics. Un CPA a l’expertise nécessaire pour lever rapidement le drapeau rouge s’il constate un problème. Sans compter qu’il peut aussi aider à trouver des méthodes créatives pour réaliser les projets.
Une présence rassurante
À la Maison des enfants de l’île de Montréal, le comptable qui occupe le poste de trésorier s’apprête à déménager en Allemagne. L’organisme s’est donc mis à la recherche d’un successeur doté d’un profil similaire. «La direction d’un organisme à but non lucratif n’a pas toujours une formation financière, donc c’est rassurant d’avoir quelqu’un de solide pour superviser la gestion financière et remettre en question certains projets ou certaines décisions», soutient sa directrice générale, Mélissa Meunier.
Le comptable qui siège à leur conseil les a prévenus dans le passé que leur taux d’intérêt sur leur marge de crédit était beaucoup trop élevé et qu’il fallait le renégocier ou magasiner ailleurs. Il a aussi été engagé dans une discussion stratégique concernant l’ajustement des salaires de ses employés. L’organisme, conscient d’offrir une rémunération relativement peu élevée, souhaitait proposer des salaires différés pouvant mener à une année sabbatique. Un projet complexe pour lequel il a sollicité l’expertise du comptable.
Cette forme de bénévolat est encouragée et soutenue chez Deloitte. Dans la région de Québec et d’Ottawa, 55 associés occupent un total de 92 postes d’administrateurs, et 103 autres employés siègent aussi à des conseils d’administration. Ces engagements doivent être approuvés par la firme, afin d’éviter que des conflits d’intérêts ne surgissent ou que les employés et associés soient administrateurs d’une organisation dont les valeurs seraient contraires à celles de Deloitte.
L’associée directrice pour la région du Québec et de la Capitale-Nationale, Geneviève Provost, occupe par exemple le poste de trésorière sur le conseil du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de Montréal depuis 2016. Son engagement bénévole vient d’une démarche personnelle. «Je suis consciente d’avoir la chance de bien gagner ma vie avec un emploi qui me passionne et j’avais envie de redonner et de contribuer à la société, confie-t-elle. Plusieurs causes m’interpellent, comme la santé mentale, la violence, les femmes, la pauvreté ou l’éducation.»
Mme Provost a approché l’Association des femmes en finance du Québec, qui a un programme de jumelage entre des organismes et des femmes intéressées à devenir administratrices. Elle a d’abord agi comme administratrice de l’Institut Philippe-Pinel, un poste qu’elle a dû quitter quand Deloitte est devenu vérificateur de cette institution.
Elle a ensuite été approchée par le CAVAC. Dans son rôle, la comptable contribue beaucoup aux demandes d’aide financière annuelles et aux demandes de financement des projets spéciaux, afin d’en maximiser les chances de réussite. Elle s’efforce également de bien vulgariser les finances de l’organisme à l’intention de ses membres partenaires, de la communauté et de la police, un allié important.
«De plus en plus, je m’exprime aussi sur des questions non financières, et les autres administrateurs semblent l’apprécier, ajoute-t-elle. Comme j’ai un profil différent, j’apporte un regard extérieur qui peut être utile. Cela témoigne de l’importance de la diversité dans un conseil d’administration.»