Trois conseils pour augmenter les chances de se faire chasser
Kévin Deniau|Publié le 27 novembre 2020Voici comment faire pour augmenter la probabilité de voir son cellulaire sonner, avec l’un d’entre eux au bout du fil. (Photo: 123RF)
« J’ai attendu qu’il sorte de son bureau, caché derrière un banc de neige » ; « Je me suis fait passer pour un livreur au téléphone pour franchir la réception »… Les anecdotes de certains chasseurs de têtes donnent parfois l’impression d’être dans un film de Martin Scorsese. Elles illustrent en tout cas la difficulté, par moment, pour ces professionnels du recrutement habitués à la discrétion et à la confidentialité à entrer en relation avec un heureux élu.
Cependant, avant d’arriver à cette étape, encore faut-il que les candidats « chassés » réussissent à apparaître dans le viseur des chasseurs. Voici quelques conseils pour augmenter la probabilité de voir son cellulaire sonner, avec l’un d’entre eux au bout du fil. Ou d’en voir surgir un devant un banc de neige !
1. La présence en ligne: un prérequis
« Il y a trois grandes questions à se poser : Est-ce que tu es bon dans ce que tu fais ? Es-tu en mesure de le démontrer ? Et enfin, es-tu capable de faire en sorte que le monde le sache ? », résume Patrick McLean, PDG de Radar Chasseurs de talents. Ce dernier point passe, entre autres, par une présence en ligne appropriée. « Si tout ne repose pas là-dessus, la vie numérique demeure une vitrine importante de ses compétences, insiste Didier Dubois, CRHA, stratège en solutions RH numériques et cofondateur de HRM Groupe. Avec les nouveaux outils qui font appel à l’intelligence artificielle, il est d’ailleurs encore plus important d’utiliser des mots-clés stratégiques, en lien avec la thématique à laquelle on veut être associé. »
On parle ici de sa réputation en ligne et du développement de sa marque professionnelle sur Linkedin, Facebook, Twitter, Instagram et autres réseaux sociaux. Mais aussi de tous les résultats qui s’affichent sur les moteurs de recherches quand on y écrit son nom. « Les bons chasseurs de têtes vont faire leur devoir et ne s’arrêteront pas à ce qui est mentionné sur les réseaux sociaux », prévient Patrick McLean.
2. L’entretien et l’animation de son réseau: pour faire la différence
« Trop de gens pensent à prendre soin de leur réseau d’affaires seulement quand ils sont à la recherche d’un emploi. C’est pourtant ce qui fait une des grandes différences entre des candidats qui ont beaucoup de succès et les autres. Il faut le développer en permanence », témoigne Roger T. Duguay, associé directeur du bureau montréalais de Boyden. Il y a en effet beaucoup d’informel dans les mouvements des postes de haut niveau.
Celui qui est également chef mondial de la pratique intersectorielle de recrutement de PDG et de membres de conseils d’administration de Boyden ajoute d’ailleurs : « Si un chasseur appelle, il faut toujours prendre une à deux minutes pour lui parler et rester courtois. Même si le poste ne suscite pas d’intérêt, il se souviendra de toi peut-être pour de prochaines fois. »
Olivier Cuilleret, associé de Fauve & Associés, conseille également de « ne pas rester dans son petit milieu ». Autrement dit, il peut être pertinent de se rapprocher de son ordre ou association professionnel, mais également d’organismes à but non lucratif. Sans oublier les grandes conférences et les conseils d’administration, qui représentent aussi une façon de tisser des liens.
3. Contacter des chasseurs: pour répandre la nouvelle
« Contrairement aux idées reçues, un cabinet de recrutement n’est pas la meilleure adresse où frapper pour décrocher un nouveau travail », écrivait Roger T. Duguay en 2016 dans un article de blogue. Explication : les chasseurs de têtes ne travaillent qu’au mandat d’un client — et ne sont payés que par ce dernier, généralement à hauteur de 15 à 30 % du salaire annuel du candidat recruté. À chaque mandat, ils interrogent donc leur base de données et leur réseau ou vont dénicher des talents en ligne, par le biais du travail des recherchistes.
« Il se peut donc que votre profil soit excellent, mais que je n’aie rien à vous proposer avant un an », illustre Guylaine Bossé, présidente de GB Groupe Conseil. « Près de 95 % des candidats recrutés proviennent de la chasse que nous menons », confirme Xavier Thorens, président de Thorens Solutions.
Envoyer son CV n’est pas inutile pour autant. « Cela permet d’être connu », indique Roger T. Duguay. « En s’assurant d’une part qu’il s’agit bien d’un cabinet de chasseurs de têtes, c’est-à-dire que vos informations ne vont pas se retrouver à des endroits non souhaités sans votre permission, précise Xavier Thorens. Et, d’autre part, qu’il œuvre bien dans votre secteur d’activité. »
Certaines firmes ont en effet une niche par industrie, par taille d’entreprise, par profession ou par niveau de responsabilité. « Sachant aussi que vous êtes beaucoup plus attirant si vous avez une job », admet Olivier Cuilleret. « Il est préférable d’envoyer ses informations quand ça va bien, recommande Roger T. Duguay. Sans emploi, ce n’est pas l’idéal, car vous n’êtes pas en position de supériorité. Il ne faut pas avoir l’air désespéré ou agressif. » À bon entendeur.