La pénurie de main-d’œuvre: un avantage pour les employeurs!
Nicolas Duvernois|Publié le 15 novembre 2022«Les employeurs et employés, souvent sans le savoir, sont en train de bâtir la normalité de demain en mettant de l’avant de nouvelles pratiques.» (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. J’ai eu la chance d’être invité à donner une conférence la semaine dernière, lors de la 14e édition du Défi emploi Drummond. Environ 80 employeurs proposaient plus de 3 000 emplois aux visiteurs du salon. Avec un taux de chômage extrêmement bas dans la région, j’étais surpris de voir la foule présente.
Bien que le manque de main-d’œuvre ne soit pas nouveau, la pandémie a accéléré la problématique. Pour la période de 2017 à 2026, il est estimé que plus de 1,4 million de postes seront à pourvoir au Québec, selon le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Autant dire que les besoins actuel et futur donnent le vertige.
Il va sans dire, la situation est critique: nous nous retrouvons face au tsunami parfait. La population vieillit, le taux de natalité est à son plus bas, l’automatisation ne s’applique pas à tous les emplois en plus d’être souvent ralentie par les investissements requis, les connaissances nécessaires et la complexité du processus. De plus, nous n’acceptons pas suffisamment d’immigrants, nous avons beaucoup de difficultés à les intégrer et depuis la pandémie, les réorientations de carrière viennent mettre une cerise sur un sundae à moitié fondu.
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Malgré tout, après m’être promené à travers les kiosques et avoir parlé à plusieurs employeurs et employés, je préfère voir le défi de façon constructive. Certes, les prochaines années ne seront pas de tout repos, mais j’y vois une superbe occasion pour les employeurs d’innover.
Quoi de mieux que de se retrouver le dos au mur et les pieds dans le vide pour s’obliger à faire les choses différemment, à se remuer les méninges pour trouver une ou des solutions qui permettront de traverser le désert.
En effet, c’était passionnant de voir à quel point les entreprises que je rencontrais redoublaient d’imagination pour attirer de nouveaux talents et garder ceux qui y évoluent déjà.
Bien loin se trouve l’unique argument du salaire. Sans sous-estimer son importance, les mots que j’ai les plus entendus lors de mes discussions sont culture d’entreprise et marque employeur, mentorat et formation continue, développement personnel et qualité de vie.
Sans aucun doute, les prochaines années redéfiniront le marché du travail tel qu’on le connaissait. Tout comme nous apprenons à vivre de manière différente à la suite de la réalité que nous a imposée la pandémie, les employeurs et employés, souvent sans le savoir, sont en train de bâtir la normalité de demain en mettant de l’avant de nouvelles pratiques. Certaines, comme le télétravail, resteront sans doute, d’autres disparaîtront et fort est à parier que plusieurs n’existent pas encore ou sont à l’étape de «l’essai-erreur» dans quelques entreprises.
Dans notre vie personnelle, tout comme dans notre vie professionnelle, il ne faut pas sous-estimer la période d’adaptation et de transformation qu’invite un changement drastique de style de vie.
Contrairement au confinement ou autres restrictions qui nous étaient imposées temporairement et légalement, la nouvelle réalité du marché du travail est en pleine création et s’imposera tout doucement. À mes yeux, elle représente une occasion unique pour les entreprises et les employeurs de revoir leurs modèles d’affaires sous une perspective différente afin de rester ou devenir l’entreprise modèle pour qui tout le monde veut travailler.