Ottawa veut accueillir 500 000 immigrants par année d’ici 2025
La Presse Canadienne|Publié le 01 novembre 2022Le nouveau plan fédéral met d’ailleurs l’accent sur l’augmentation du nombre d’«immigrants économiques». (Photo: La Presse Canadienne)
Ottawa — Le gouvernement libéral fédéral a dévoilé mardi ses plans pour une augmentation massive du nombre de nouveaux arrivants, dans le but de voir 500 000 immigrants arriver chaque année d’ici 2025, alors qu’Ottawa cherche à pallier une grave pénurie de main-d’œuvre dans tout le pays.
Bien que le plan ait été généralement bien accueilli par les regroupements de chefs d’entreprises et d’autres intervenants, certains se demandent si ce plan va assez loin, alors que d’autres mettent en doute son réalisme, compte tenu des délais importants dans le traitement actuel des demandes.
Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a dévoilé mardi ce nouveau plan qui met fortement l’accent sur les «immigrants économiques», dans le but d’admettre un plus grand nombre de résidents permanents possédant les compétences et l’expérience professionnelles nécessaires. Les objectifs sont toutefois plus modestes pour la réunification des familles et pour l’accueil de réfugiés.
«Ne vous y trompez pas: il s’agit d’une augmentation massive de la migration économique vers le Canada (…) comme on n’en a jamais vu dans les seuils d’immigration», a déclaré M. Fraser à La Presse Canadienne.
Le plan fédéral prévoit d’accueillir 465 000 nouveaux arrivants à compter de 2023, pour atteindre 500 000 en 2025. La plupart de ces nouveaux arrivants seront des immigrants économiques. En comparaison, le ministère de l’Immigration affirme que 405 000 résidents permanents ont été admis l’année dernière.
«Il y avait un million d’emplois disponibles dans l’économie canadienne à un moment où l’immigration représente déjà la quasi-totalité de la croissance de notre main-d’œuvre, a expliqué mardi le ministre Fraser. Nous ne pouvons pas maximiser notre potentiel économique si nous n’accueillons pas l’immigration.» Le ministre a également souligné les enjeux à long terme du vieillissement constant de la main-d’œuvre canadienne.
Crise du logement
Alors que l’influx d’immigrants pourrait exercer encore plus de pression sur les logements abordables déjà rares dans de nombreuses régions du pays, M. Fraser a suggéré que les nouveaux travailleurs pourraient en fait permettre la construction de plus d’unités d’habitation, en remédiant à une pénurie d’ouvriers de la construction.
Alors que la majeure partie de la croissance prévue de l’immigration au cours des trois prochaines années sera axée sur le soutien de l’économie, le nouveau plan prévoit également une légère augmentation du nombre de réunifications familiales.
Le plan prévoit par ailleurs une légère diminution globale du nombre de réfugiés, passant d’un maximum de 76 000 en 2023 à moins de 73 000 en 2025. Le ministre Fraser explique que le gouvernement veut avant tout terminer l’an prochain la réinstallation promise de 40 000 réfugiés afghans.
«Au cours de chacune des deux dernières années, nous avons réinstallé plus d’un tiers du nombre total de réfugiés installés dans le monde, a-t-il soutenu. Et chacune des trois dernières années, nous avons réinstallé plus de réfugiés que tout autre pays au monde.»
Malgré cette diminution, le représentant au Canada du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Rema Jamous Imseis, s’est félicité du soutien continu du gouvernement à l’accueil des demandeurs d’asile qui fuient la guerre et d’autres menaces.
Des délais déjà très longs
La réponse de l’industrie canadienne a été plus mitigée. Le Conseil canadien des affaires a estimé que le plan du gouvernement n’allait pas assez loin, surtout pour l’immigration économique pour pallier la pénurie de main-d’œuvre sans précédent dans le pays.
Le porte-parole conservateur en matière d’immigration, Tom Kmiec, a également salué le plan visant à augmenter considérablement le nombre de nouveaux arrivants au Canada, mais il s’est demandé si le gouvernement serait réellement en mesure d’atteindre ses propres objectifs.
M. Kmiec a souligné que les fonctionnaires de l’immigration avaient déjà 2,6 millions de demandes sur leur bureau en attente de traitement. «Ils parlent maintenant d’essayer de faire venir un demi-million d’immigrants […] Je ne crois tout simplement pas qu’ils pourront le faire, a-t-il dit. Et c’est complètement injuste pour ceux qui postulent et espèrent un délai raisonnable pour obtenir une réponse.»
Le ministre Fraser s’est dit convaincu que les investissements récents et une vague d’embauches au sein du ministère, ainsi que des changements dans la manière dont les candidatures sont traitées, résoudraient le problème et garantiraient que les gens soient accueillis dans un délai raisonnable.