Calculez le risque de partir en même temps que votre conjoint
Stéphane Rolland|Édition de Décembre 2019Le planificateur financier juge entre autres que la famille est trop assurée. (Photo: 123RF)
REER 2020. En amour, une différence d’âge de quatre ans n’est même pas digne de mention. En planification de retraite, ces quatre années peuvent faire une grande différence si le conjoint plus jeune décide de devancer son départ à la retraite pour accompagner sa douce moitié.
C’est le projet que caresse Serge, 52 ans, et Chantal, 48 ans. Le premier souhaite prendre sa retraite en novembre 2024, à l’âge de 56 ans. À ce moment, le cadre dans la fonction publique évitera la pénalité actuarielle de son régime de retraite à prestations déterminées.
Le couple aimerait que Madame quitte le marché du travail quelques mois plus tard, en août 2025. Le hic, c’est que la professionnelle du milieu de l’éducation subirait une pénalité à son régime de retraite à prestations déterminées. Si elle part au moment souhaité, elle aurait une rente annuelle de 36 300 $. Si elle attend d’avoir sa pleine rente en août 2029, sa rente serait plutôt de 53 700 $.
Une autre question d’âge soulève des questions financières, celle de leur fille cadette. Les plans de leur aîné de 17 ans sont connus. Il ira à l’université l’an prochain, à distance de voyagement du domicile familial. Les deux parents ignorent cependant quel sera le parcours de leur fille de 12 ans, si elle étudiera dans une université à l’extérieur de la région. Ils se demandent si cette éventualité ferait peser un risque sur leur plan de retraite.
Le portrait financier
Serge gagne un salaire de 100 000 $. En 2024, il aura droit à une pleine rente de 58 300 $ du régime à prestations déterminées de son employeur. La valeur de son investissement dans le Fonds de solidarité FTQ est de 76 000 $. Il a 45 000 $ dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et 24 000 $ dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Chaque année, il cotise 5 000 $ dans le fonds FTQ et 5 000 $ au CELI.
Sa conjointe gagne 82 000 $ par année. Outre sa rente, elle détient 28 000 $ dans le Fonds FTQ, 56 000 $ dans un REER et 25 000 $ dans un CELI. Comme son conjoint, elle épargne 5 000 $ au Fonds FTQ et 5 000 $ au CELI chaque année. Le couple a remboursé la totalité de l’hypothèque et la valeur foncière de leur résidence est de 200 000 $. Leur seule dette est un prêt auto de 9 500 $ arrivant à échéance en avril 2021.
Monsieur a une assurance vie temporaire de 200 000 $ qui prend fin à 60 ans. Madame a une assurance vie temporaire de 300 000 $ qui prend fin à l’âge de 60 ans.
La réponse
À deux, le plan de retraite anticipée des conjoints est viable, répond Yves Lizotte, CPA et planificateur financier au Groupe Investors, à Trois-Rivières. Par contre, Chantal devra bien peser le pour et le contre de sa décision de quitter le monde du travail plus tôt, prévient-il. Sur 36 ans, cette décision pourrait représenter une différence de revenu brut de 609 000 $, calcule-t-il. «Ils ne sont pas mariés, explique-t-il. Si jamais ils venaient à se séparer, Madame peut se retrouver dans le trouble, si elle prenait une retraite anticipée.»
Le planificateur a calculé séparément pour les deux conjoints. Si Madame devançait sa retraite, elle manquerait d’argent pour maintenir son train de vie dès l’âge de 71 ans. Par contre, si elle partait à l’âge de 58 ans, elle serait capable d’être indépendante financièrement. «En prenant sa retraite plus tôt, elle se met à risque, sans convention de vie commune, ajoute-t-il. Il serait important qu’elle demande un avis juridique.»
Au sujet du financement des études de leur fille, M. Lizotte les invite à se préparer au pire scénario. Il souligne qu’ils ne cotisent plus au régime enregistré d’épargne-études (REEE). Il laisse de côté une subvention de 30 % sur une cotisation maximale de 2 500 $ annuellement, plus la possibilité de rattrapage. «En priorisant le REEE, ils montent leur arsenal au cas où les études seraient très onéreuses.»
Le planificateur financier a passé en revue les assurances du ménage et juge que la famille est trop assurée. Il estime que seul Pierre a besoin d’une assurance vie d’environ 100 000 $. «Beaucoup de gens négligent de faire réévaluer leurs besoins et se retrouvent surassurés alors que les besoins d’assurance vie diminuent généralement avec l’âge», souligne-t-il.
EXEPRT INVITÉ
Yves Lizotte CPA et planificateur financier au Groupe Investors, à Trois-Rivières